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Globalisation, piège à con ? avec Jacques Sarasin Arte Vidéo 2009 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 132 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma, Pays : 2009, France
Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français
Sous-titres : Anglais, Français
Bonus :
- La mondialisation à lépreuve, conversation entre Jean Pisani Ferry et Jospeh Stiglitz Imprimer
Joseph Stiglitz, prix Nobel déconomie (ça en jette), vous invite à un instructif tour du monde, ou plutôt un tour de la mondialisation, ce qui est plus original, manière dobserver (et aussi de dénoncer) les risques et les ravages dune économie qui change déchelle. Un tour du monde ample : lInde, lEquateur, le Botswana, la Chine... autant de sites, de pays où la mondialisation a transformé, et souvent fragilisé, sinon annihilé, une société, un site naturel, un individu même (ainsi, lOMC est présentée comme le facteur explicatif de 150 000 suicides de paysans en Inde
). Vecteur de progrès, la mondialisation porte également en elle les inégalités «comme la nuée porte lorage», aurait dit Jaurès
Cest cet orage que Joseph Stiglitz veut, sinon prévenir, du moins montrer. Son propos, présenté au maire de Gary, est simple : observer les ravages de la mondialisation dans sa ville natale, et interroger cette même mondialisation dans le cadre des rapports Nord/Sud (avec en arrière-plan, une question qui le taraude : quelles solutions ?).
On part donc de Gary, banlieue de Chicago, la ville natale de Stiglitz, sinistre et sinistrée. Ancienne capitale de lacier, Gary ressemble de plus en plus à une ville fantôme et Stiglitz, tel un Jacques Tati un peu rondouillard, arpente ses rues désertes, ses immeubles en ruines, ses commerces vides, ses cinémas fermés
La fin dun rêve américain ou dune certaine Amérique vue par un enfant de la société de consommation triomphante. Tout lenjeu du film réside dans la mise en scène des contrastes : contraste entre lAmérique idéalisée et sa pitoyable réalité (du moins celle de Gary : une ville en déclin), contraste entre la réussite du quartier des affaires de Pékin et les taudis alentours, contraste entre la vie laborieuse dun indien dAmazonie et les prétentions démesurées dun laboratoire américain qui prétend sapproprier les vertus dune plante, contraste entre les profits de Texaco et la misère équatorienne
Le procédé est efficace : il ne reste plus au professeur Stiglitz, assis derrière son bureau (ex cathedra ?), quà donner, par moment, une morale aux images. Une morale qui propose dinstiller une dose déthique (ou même de raison) dans la globalisation, via le principe dune responsabilité sociale et politique des entreprises. Car si la globalisation a des effets importants sur léconomie, voire le droit (lidée de breveter du vivant..), elle reste insensible à la pollution et cantonne les juges dans le domaine sensible de la protection de lenvironnement à des mesures de pacotille. Dénonçant une biopiraterie à plusieurs niveaux, Joseph Stiglitz incarne un certain bon sens confronté à la démesure des grandes industries, coupable dhybris. Léconomiste peut alors dénoncer avec raison un «cercle vicieux» qui appauvrit les pays du Sud sans forcément enrichir ceux du Nord, confrontés au chômage
Lexemple (final) de Gary, qui conclut le documentaire, est significatif. Cest tout le sens de ce film qui démontre que la globalisation est un jeu à sommes nulles voire à perte pour la plupart des gens
Mais à voir Stiglitz prêcher, seul, dans dimmenses taudis, on se demande aussi si il nest pas un prophète égaré dans un désert ? Une belle démonstration en tous les cas, pensée pédagogiquement (et très accessible de ce fait) par une autorité du genre, que lon pourrait rapprocher, dans une certaine mesure, du célèbre documentaire dAl Gore sur la pollution
Autant dire que lavenir est riant !
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 27/03/2009 ) Imprimer | |
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