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Bowling for Columbine
avec Michael Moore
M6 Video 2004 /  25  € - 163.75 ffr.
Durée film 120 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 2002, Canada

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 1.85
Format image : 16/9 (compatible 4/3)
Format audio : VOST Dolby Digital 5.1 et 2.0, VF Dolby Digital 2.0
Sous-titres : français

Bonus :
DVD 1 :
Introduction audio de Michael Moore
Commentaire audio

DVD 2 :
Interviews de Michael Moore, il évoque la cérémonie des Oscars, sa récompense et son discours
Retour à Denver, Michael Moore retourne à l'Université de Denver/Littleton 6 mois après la sortie de l'édition DVD américaine (25mn)
Interview exclusive de Michael Moore par Joe Lockhart, attaché de presse de Bill Clinton (21mn)
The Charlie Rose Show (25mn)
Clip vidéo de Marilyn Manson "Fight song"
Cérémonie des Césars 2003, extrait de son discours
Conférence de presse à Londres (22mn)
Pour ou Contre : débat entre les journalistes serge Kaganski (Les Inrockuptibles) et Patrice Blouin (Les Cahiers du Cinéma) (35mn)


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Pourquoi Columbine ? Est-il seulement possible de comprendre ce massacre à l’arme automatique de 12 jeunes et un professeur par deux autres élèves qui finirent par se suicider ? Michael Moore ne tente pas de comprendre Columbine dans ce film. C’est bien le premier paradoxe de ce réalisateur qui les aime tant. Non, à défaut, je pense, de pouvoir simplement répondre à la susdite question, il préfère élargir sa réflexion et tente de saisir le général là où le particulier restera à jamais inaccessible. Voilà donc un documentaire qui se pose une question somme toute tombant sous le sens : pourquoi les Américains s’entretuent-ils ? Pourquoi, chaque année, plus de 11000 américains meurent-ils tués par balles, triste record mondial est-il utile de préciser ? Vous voici prévenus, attachez vos ceintures et embarquez à bord du « roller coaster Moorien » !

Pourquoi montagnes russes ? Tout simplement parce que Michael Moore ne cesse de faire monter et descendre la pression sur le spectateur. Cela en est devenu sa marque de fabrique : alterner les séquences reportages (on ne le voit pas), défis (il se met en scène autour d’une idée saugrenue, expérimentant jusqu’où ça le mène), comiques (le message passe toujours mieux s’il est énoncé sur le ton de l’humour) et interviews (toujours soigneusement choisies), le tout traité d’une manière tour à tour dramatique, ironique, drôle, journalistique et que sais-je encore ! Ce qui fait alors la force de son documentaire (et des autres), c’est la qualité du montage. En cela Bowling for Columbine est, à mon sens, un vrai film de cinéma : Moore joue avec nos émotions comme un grand réalisateur qu’il est, nous conduisant là où il le désire.

Car comment ne pas sourire à la vue de ce petit dessin animé sur l’histoire de USA, style South Park (choix évidemment pas innocent) ? Comment ne pas rester sans voix devant la fuite finale de Charlton Eston ? Comment ne pas s’émouvoir devant cette institutrice qui officie dans l’école où un garçon de six ans a tué d’une balle de revolver une fillette de sa classe ? Comment ne pas être outré par l’histoire de la mère du garçon qui trimait « comme une folle » à 70 heures par semaine sans pouvoir même payer son loyer ? Comment ne pas être partisan quand on observe un cadre de Lockheed Martin pris au piège de sa propre rhétorique, celle-là même dont tous les communicants corporate du monde nous rabâchent les oreilles à longueur de scandale : on finance un projet à hauteur de X millions de dollars dans les écoles, vous voyez, on n’y est pour rien ? Comment ne pas s’enthousiasmer de la décision de Wal Mart de retirer de la vente toute munition, et cela grâce au forcing médiatique de Moore ? Comment…stop ! L’orgie d’information peut rendre malade : prendre le wagonnet Bowling for Columbine, c’est risquer l’overdose.

Certes, mais comme dans tout bon manège, quand on en a pris pleins les yeux, on en redemande. Deuxième paradoxe : au lieu, je pense, de faire agir les gens (les américains surtout d’ailleurs), Michael Moore finit par leur donner d’abord envie de revoir du Michael Moore ! En bon spectateur, on est ravi ou énervé d’être outré : dans le second cas on devient un farouche opposant, et dans le premier, on se transforme en ambassadeur de la pensée moorienne. Michael Moore ne dérange peut-être pas tant que cela aux USA, tout simplement parce que ses films sont justement des films et pas des documentaires ! Il donne à voir et à réfléchir, il donne même en filigrane les réponses aux questions qu’il se pose (en outre, la violence excessive des américains aurait comme origine un sentiment de peur exacerbé et entretenu par les médias et tout le système d’Etat), mais toujours l’on reste de son côté de pensée.

Pas de mise en perspective, pas de problématique claire dans ce film, juste le cheminement de son questionnement intérieur, le tout servi sur le plateau de ses techniques de réalisation et de montage. Moore possède une carte de la National Rifle Academy, et, mine de rien, il ne s’explique jamais là-dessus : on accepte sans s’en rendre compte un certain nombre de points qui sont acquis pour Moore, et qui finisse peut-être par l’être pour le spectateur, toujours ravi de se sentir impliqué dans un vrai débat de société. Seulement qui est vraiment Michael Moore ? De qui absorbons-nous les idées ? Une interview qui se trouve dans le DVD de bonus est à ce propos éclairante. Le contexte est précis : l’interviewer est un ex-conseiller en communication de Clinton ; le public, démocrate. Moore le prend d’ailleurs à parti concernant le manque de réaction du parti démocrate face à la guerre en Irak. Il les apostrophe et souligne le rôle des français et de Jacques Chirac, rôle qui devrait être tenu par eux, les démocrates américains. Et pour les convaincre, il insiste très lourdement sur le fait que ce soient des français qui jouent le rôle dévolu à des américains : il y a dans sa voix, dans ses mimiques une condescendance extrême envers la France, presque du mépris. La foule réagit, il a marqué des points. Michael Moore est un tribun moderne qui s’adapte à son auditoire afin de le convaincre. Devant les étudiants de l’université de Denver, il prononce un discours fort et intense, incite à l’action ; on le sent touché, impliqué, on irait de suite voter pour lui s’il se présentait à n’importe quelle élection. A la remise de son César, il vient nous dire qu’il est suivi par la majorité des américains, puisque, c’est logique, Bush a été élu avec moins de voix que son adversaire. Jolie récupération tout de même : ce sont les Américains qui pensent comme Moore et non l’inverse, qu’on en soit rassuré au passage. Multiples messages, multiples présentations formelles : les bonus sont aussi variés que peut l’être le film.

Qu’on ne s’y trompe pas : l’auteur de ces lignes est un moorien dans l’âme. Seulement, il en va de Bowling for Columbine comme de l’information en générale : qu’on y croit ou pas n’est pas le fond du problème, non, ce qui compte est de savoir si l’on sera capable de garder sa capacité d’analyser par soi-même, de conserver un esprit critique, afin que celui de Mister Moore ne soit pas le seul à fonctionner, aussi brillant et drôle soit-il.


Pierre-Alexandre Vigor
( Mis en ligne le 13/12/2004 )
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