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Un coupable idéal ?
avec Jean-Xavier de Lestrade
Editions Montparnasse 2005 /  29.99  € - 196.43 ffr.
Durée DVD 480 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2002, France, Etats-Unis
Sortie DVD : 5 juillet 2006
Titre original : The Staircase

Version : DVD 9, zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs, 16/9e compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Stéréo Dolby Digital
Sous-titres : Français


DVD 1
Episodes 1 à 4 (186 min)

DVD 2
Episodes 5 à 8 (197 min.)

DVD 3 : Compléments (97 min)
«Où est la vérité ?», entretien avec Jean-Xavier de Lestrade
Interview de Michael Peterson (après le verdict)
6 séquences coupées
La Bande-annonce originale
Filmographie (de Jean-Xavier de Lestrade et Denis Poncet)

Prix :
IDA Best Documentary Award (Los Angeles)
Columbia DuPont Award (équivalent audiovisuel du Pulitzer Prize)
Peabody Award (New York)

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Les parois entre la fiction et la réalité ont toujours été poreuses, et allègrement franchies par des réalisateurs de tous genres. Depuis bientôt dix ans, la sacro-sainte télé-réalité, qui n’a de réel que son titre, a ouvert des autoroutes pour d’énièmes émissions stupides et démagogiques, mais aussi quelques chemins de traverses pour des faiseurs d’images plus talentueux et raisonnés, davantage du côté du cinéma et du documentaire d’ailleurs. Le Projet Blair Witch terrifia en son temps pour nous rendre si réelle la cavale de jeunes inconscients dans une forêt labyrinthique et hantée… Strip Tease fut cette série documentaire, vrai succès télévisuel franco-belge, par laquelle le voyeurisme trouvait un légitime point d’accroche dans l’observation informée et critique du «fait social», sans divertissement ni esbroufe donc.

Jean-Xavier de Lestrade est de ces réalisateurs qui savent tirer le meilleur de la mise en récit et du fait divers. Remarqué et salué il y a quatre ans avec Un coupable idéal, il poursuit son interrogation cinématographique et sociologique avec The Staircase, série documentaire n’ayant rien à envier aux meilleures productions des studios. En 8 épisodes d’une quarantaine de minutes chacun, il nous livre un nouveau portrait objectif et éclairé du système judiciaire américain.

Selon que vous serez puissant ou misérable… Un coupable idéal mettait dans la focale la trajectoire déviée d’un adolescent afro-américain sans ressource, accusé de meurtre mais victime d’un délit de sale gueule par une justice expéditive et, en effet, bien aveugle… Fort du succès remporté par ce documentaire, le réalisateur fut à nouveau sollicité par la chaîne HBO pour remettre ça. Ce qu’il accepta finalement mais en ayant débusqué un autre coupable emblématique. Revirement à 180° dans le spectre social américain : c’est un homme installé, écrivain et éditorialiste célèbre et «caucasien» (bien blanc) qui se retrouve sur le banc des accusés. Michael Peterson retrouva en effet sa femme Kathleen en sang et mourante au pied des escaliers de la demeure familiale le soir du 9 décembre 2001, particulièrement ensanglantée. L’état du corps oriente rapidement les autorités locales sur la piste du meurtre et l’époux, de veuf, devient aussitôt suspect numéro un, encadré de trois hommes qui vont orienter son destin : un avocat de renom, David Rudolf, un procureur féroce, Jim Hardin, et un réalisateur français à la caméra pudique, intime et neutre, Jean-Xavier de Lestrade.

Accident ou meurtre ? Les deux camps s’affrontent au prix, remarque l’accusé, d’un égarement de la vérité, qui finit par ne plus compter. Triste justice... Le documentaire suit pas à pas, sur 18 mois, l’enquête et le procès, les experts dans leurs hésitations – l’accident est possible -, le procureur dans sa vindicte. Les Peterson formaient pourtant une famille parfaite, prospère, équilibrée, et Kathleen et Michael, ce couple idéal… Peu à peu, le beau vernis s’effrite, l’une des belles filles détonne dans l’harmonie des témoignages des enfants, la bisexualité de Michael est dévoilée, et ses aventures extraconjugales et masculines peuvent l’avoir incité à éliminer une épouse n’acceptant pas ce travers… Le dernier mot sera laissé aux jurés…

Un coupable idéal car s’il n’est pas un «nègre» dans une société WASP, Michael Peterson cadre mal avec la bienséance ambiante de Durham, ville de Caroline du Nord, Etat du Sud… Ecrivain au vitriol, critique sans artifice des potentats locaux, libre penseur libertin, de surcroît homosexuel, plus ou moins juif, il n’est décidément pas au goût du procureur Hardin lui par contre bon teint dans son cadre sudiste... Que les médias s’en mêlent et fassent monter la sauce, que les rebondissements surgissent à un rythme qu’on pourrait croire scénarisé (mais qui ne l’est pas !), et l’on a en effet là un fait divers hautement romanesque, une intrigue palpitante aux messages saisissants…

L’œil de Jean-Xavier de Lestrade fait tout le reste et nous rend une série au réalisme et à la mise en suspense confondants. On croît de prime abord à une fiction traitée de manière réaliste ; on réalise – le verbe s’impose – qu’il s’agit d’une histoire vraie, portée par ses propres protagonistes, mais montée et mise en récit comme s’il s’agissait d’un thriller de télé, d’une entraînante série policière… Bluffant donc. Michael Peterson est en soi un personnage, de fait un acteur hors pair de sa propre existence, fort de son expérience d’écrivain. On s’attache à lui, soumis, comme le réalisateur qui l’avoue, entre l’assurance qu’il ne peut pas être coupable, et le doute qu’une bête en lui ne dorme et ne soit capable d’une violence aussi atroce… Qui sait ? La force et le mérite de J.-X. de Lestrade est de créer le lien avec son personnage tout en maintenant une nécessaire distance, et cette impression de fiction, par le montage, la musique de Jocelyn Pook, des violons gémissants… Du beau travail.

Un grand merci aux Editions Montparnasse pour ce beau coffret à découvrir d’urgence pour se détourner des insipides feuilletons télé et autres îles pseudo-tentatrices de l’été. Ici, en plus des huit épisodes, un DVD de bonus nous replonge dans l’ambiance avec des interviews du réalisateur et de l’accusé, et des scènes coupées tout aussi prenantes que le reste du récit.

A quand la saison 2 ?!...


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 12/07/2006 )
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