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| Documentaires -> Culturel |
Douce folie
avec Hormuz Kéy, Christian de Rabaudy, Alessia Di Carlo, Natacha Nikouline, Anne Wozniak
La vie est belle 2011 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée DVD 141 mn.
Durée film 86 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : France, Iran, 2006
Sortie DVD : Février 2011
Version : 1 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs, 4/3
Format audio : Français 2.0
Sous-titres : Anglais, Italien, Farsi
Bonus :
- Entretien avec Alain Esmery (13 min.)
- Entretien avec Pierre Sorlin (8 min.)
- Entretien avec Christian Odasso (4 min.)
- Entretien avec Jean Claude Carrière (13 min.)
- Entretien avec Hormuz Kéy (17 min.)
- Galerie photos
- Partie Dvd-Rom
L’auteur du compte rendu : Benoît Pupier, est réalisateur de documentaires Marcel Poulet, un peintre d’ocre en son pays est son dernier film (http://marcelpoulet.free.fr/).
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«Comment tu te définis ? Essentiellement comme diabétique». Un acteur diabétique. Christian de Rabaudy est professeur de philosophie. Devant la caméra de l'Iranien Hormuz Kéy, il est acteur et ordonnateur du tournage. Tu me filmes. Tu ne me filmes pas. «Je veux que tu me conserves mon cadre spontané (…). Je veux que tu t'en ailles». Et l'homme à la caméra de ne pas toujours l'écouter. «Tu m'as filmé cent fois c'est pas possible, tu es un grand obsessionnel, un névrosé (...)». Une amitié se noue entre les deux, grâce au dispositif du tournage et des visites régulières d'Hormuz à Christian, grâce à la caméra, objet transitionnel. C'est un jeu intime, un échange.
Ce corps est malade, maigre. Le visage est un masque asymétrique, trace d'un lointain accident à la soude caustique. Un œil fixe, en plastique, donne des airs de Cyclope au personnage. L'autre œil est bien vivant qui nous agrippe et nous ouvre à l'intériorité. Christian porte une petite moustache nietzschéenne. Il pense à haute voix : le réel, la fiction, la maladie, l'amour, la folie, l'art, la création. Il parle de Picasso, de Maupassant et de Flaubert. Christian philosophe aussi sur les courses chez Franprix et le prix du paquet de café ! Dans un déséquilibre du quotidien devant la banalité des choses, Christian, personnage à la Buster Keaton, enchante le réel par sa douce folie.
Natacha coiffe Christian, lui coupe les cheveux. Il lui parle de la vente André Breton, de la maison du surréalisme jamais réalisée par les ministères. Il lui montre les toiles de maîtres qu'il a chez lui. Natacha a choisi Christian comme modèle pour ses photographies en noir et blanc. Natacha, Alessia, Anne sont les belles amies. Entre Christian et Hormuz, c'est le dialogue du malade et du bien portant. «Je t'inviterai la semaine prochaine. Je ne sais pas ce que c'est la semaine prochaine». Hormuz Kéy choisit le même dispositif que Denis Gheerbrant, il est seul à l'image et au son. Il n'y a pas d'équipe de tournage. Il y a juste celui que l'interlocuteur, personne-personnage, appelle par son prénom, Hormuz, Denis (voir par exemple La République Marseille où Denis Gheerbrant arpente la ville et reçoit les confidences des habitants).
Hormuz Kéy capture une présence, tisse un récit imaginaire, raconte l'histoire du petit oiseau Poupak, récite un poème persan. Christian, Poupak, c'est la même fragilité. Le film croise un mariage céleste, une échappée belle, comme en apesanteur. Le cinéaste filme la vulnérabilité d'un homme malade dans son appartement rempli de livres, à l'hôpital, dans la rue. Sur le rebord d'une vie, par ces longues séances cinématographiques de leur rencontre, il offre à Christian une aire de jeu. Avec soi-même et le réel. Le réel ? Un mot valise, une étendue, un concept qui résiste.
Benoît Pupier
( Mis en ligne le 04/03/2011 )
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