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Le bonheur en 60
avec Jean Rouch
Editions Montparnasse 2012 /  25  € - 163.75 ffr.
Durée film 86 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, 1961
Sortie DVD : 6 mars 2012

Version : 1 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : Français mono
Sous-titres : Aucun


Bonus :
- Un été + 50 : 2011, Couleur et N&B , 16/9 / format 1.77

Voir aussi :
- Jean Rouch, Joost Verhey, Dirk Nijland…, Madame l’eau, Éditions Montparnasse, Mars 2012, 25 €

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Jean Rouch (1917-2004) fut l'un des grands documentaristes avec Joris Ivens, Frederic Wiseman et plus récemment Raymond Depardon. Auteur de plus de 140 films, Jean Rouch était docteur ès lettres, ingénieur civil des Ponts et Chaussées, diplômé de l'institut d'ethnologie, chargé de recherches au Centre national de la recherche scientifique. Il a effectué des recherches ethnographiques au Niger et au Sénégal à partir de 1941. En 1946, il fait la première descente du Niger en pirogue et, l'année suivante, il commence à réaliser des reportages documentaires. L'Afrique demeure son sujet de prédilection, qu'elle soit traditionnelle ou soumise à l'influence néocoloniale. Son humanisme est dénué de toute idéologie.

Admirateur des films de Robert Flaherty, Jean Rouch donne un nouveau souffle au cinéma ethnographique en filmant avec une caméra 16 mm, tenue à la main. Son mérite est de joindre à ses observations un bagage technique et une méthode d'approche personnelle. Il est son propre opérateur, enregistre les événements dans leur continuité (plans séquences) et tourne au cœur de l'action. Nous sommes dans la mouvance de la Nouvelle Vague qui a tant admiré Jean Rouch, ce qui paraît contradictoire tant celle-ci s'est plus penchée sur la jeunesse des quartiers dorés de Paris… Si Jean Rouch est au cœur des problèmes, filmant la réalité au plus près, cette façon de sortir la caméra dans la rue n'était cependant pas très nouvelle en soi. Le néo-réalisme avait déjà, plus de dix ans auparavant, initié la démarche. Là où Jean Rouch innove réellement, c'est en réalisant des documentaires originaux, et en s'intéressant à d’autres cultures, à l’instar de Nanouk l’esquimau de Robert Flaherty

Chronique d’un été est ainsi l'un de ses chefs d'œuvres, avec Moi, un noir (1958). Avec la collaboration d'Edgar Morin, ce documentaire effectue une enquête sociologique dans le Paris de l'été 1960, mélangeant micro-trottoirs au début et tables rondes par la suite. A cette époque, la guerre fait rage en Algérie et le Congo lutte pour son indépendance. Edgar Morin, sociologue, et Jean Rouch, cinéaste et ethnologue, enquêtent sur la vie quotidienne de parisiens pour tenter de comprendre leur conception du bonheur. Autour d'eux, il y a à l'époque des personnalités qui ne sont pas encore connues, dont notamment le jeune Regis Debray et Marceline Loridan Ivens (épouse plus tard de Joris Ivens). Il met en parallèle plusieurs catégories sociales : une jeune italienne dépressive, Marilù Parolini, venue à Paris, des ouvriers et des étudiants comme Angelo, Jacques, Jean-Pierre et Landry.

On discute ardemment de conflits sociaux et de destins personnels (histoires sentimentales, exploitation des ouvriers) en traçant un portrait bigarré de l’époque. On saisit par l’angle d’attaque l’influence de Jean Rouch dans le documentaire notamment par l’attention et l’intelligence qu’il lui a apportées. Nous sommes ici parfois entre fiction et documentaire : Edgar Morin et Jean Rouch interviennent fréquemment (ce qu’évitera Raymond Depardon pourtant «adepte» de Jean Rouch) et interrogent les faits tout en dirigeant les débats. Il y a une volonté de mettre à plat le processus même du documentaire (rien n’est pris sur le vif) et à la fois de dévoiler les soubassements sociaux et personnels de l’époque.

En complément, un reportage, Un été + 50 de Florence Dauman (2011, 72 min) reprend les intervenants de Chronique d’un été, cinquante ans plus tard et ceux-ci, comme Régis Debray, rectifient leurs interventions et critiquent le rôle de petits bourgeois qu’ils jouaient à cette époque.

Le second DVD récemment édité par Montparnasse, Madame l’eau, a été tourné en 1993. Moins bien filmé, avec un mixage un peu grossier, le documentaire aborde la sécheresse qui sévit au Niger, l’ensablement du fleuve, le manque d’eau. Sous la forme de la comédie, on suit les tribulations de Damouré, Lam et Tallou, partis en Hollande pour étudier le fonctionnement des moulins à vent ! Car cela leur permettra d’amener de l’eau et d’irriguer leurs cultures. Solution aussi ridicule que modeste, aussi dérisoire que belle. Si le documentaire est un peu long par moment, le caractère de nos «pèlerins» est enthousiasmant, plein de fantaisie et d’humour.

Jean Rouch ne tient pas à rentrer dans l’idéologie tiers-mondiste mais avant tout de faire un constat de la situation et des solutions simples que l’on peut y apporter. Avec une caméra «libre», il accompagne nos trois hommes (leurs surprises, leurs étonnements, leurs interrogations) pour résoudre leurs problèmes : amener l’eau et nourrir les hommes de leur village. La simplicité et l’humilité valent mieux, par le concret apporté, que toutes les idéologies révolutionnaires.

En complément, un reportage, Rouch gang (La Bande de Rouch) de Steef Meyknecht, Dirk Nijland et Joost Verhey (1993), d'une durée de 70 minutes, nous montre les coulisses du documentaire.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/03/2012 )
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