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La Normandie et le monde
avec Ariane Doublet
Editions Montparnasse - Le geste cinématographique 2012 /  33,55  € - 219.75 ffr.
Durée DVD 422 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, 1999-2012
Sortie DVD : 2 mai 2012

Version : 4 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.77
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français 2.0 mono
Sous-titres : Aucun

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Sur un mode simple, emprunté au photographe et réalisateur Raymond Depardon, Ariane Doublet filme différentes catégories sociales en Normandie, tout en entretenant une complicité avec les personnages. C’est sur ce seul point qu’elle se sépare de Raymond Depardon. Sans idéologie politique, elle s'attache aux caractères, aux métiers de ses hommes et de ses femmes, à leurs échanges dans cette France "profonde" oubliée des médias et qui survit tant bien que mal face au "progrès". Peu à peu, on assiste au déracinement de ces personnes qui vivaient là depuis des décennies avec leurs mœurs, leurs us et coutumes, et que l'on somme d'une façon directe ou induite à s'adapter à l'ordre du monde. C'est bien un monde en train de disparaître qu'Ariane Doublet filme avec une simplicité désarmante.

Le premier DVD comporte plusieurs films, comme Les Terriens (1999) qui s'attache aux paysans. À l’été 1999, à Vattetot-sur-mer, le village attend l’éclipse de soleil tout en vaquant à ses occupations, travail des champs, traite des vaches, fabrication du beurre à la main. Le récit se déroule sur les vingt huit jours d’une lunaison dans cette petite communauté normande, avec ses différentes générations. C'est la figure de Philippe Olivier, figure joviale et amicale, qui tranche sur tout le reste par ses réflexions, ses apartés et son joli sourire. Nous suivons tout ce beau monde qui commente ses occupations jusqu'au moment où arrive l'éclipse du soleil et où tout un chacun revêt ses lunettes ! Joyeux moment où brusquement la nuit tombe en quelques minutes, où toute la nature se tait ; on comprend alors que ces gens ont un intérêt tout particulier pour un tel phénomène, eux qui vivent toute la journée dehors avec leurs bêtes.

La caméra d'Ariane Doublet s'attarde joliment sur cette vie simple et bucolique que l'on pourrait à tort considérer comme rétrograde. Au contraire, la réalisatrice rend toute leur humanité à ces gens de peu en montrant qu’ils vivent au diapason de la nature sans que celle-ci ne soit ni idéalisée, ni envisagée d'une façon négative. On sent qu’Ariane Doublet parle d'un monde en train de disparaître, de cet ancien monde dépassé par les normes actuelles.

Si Les Terriens, deux ans après (2001) est un petit documentaire qui revient sur les lettres qu’ont reçues les paysans de Vattetot-sur-mer, le documentaire suivant, La Maison neuve (2005) s’attache à Philippe qui, entre temps, a perdu sa femme Annick et qui s’apprête à quitter la ferme, où il a vécu de nombreuses années, pour une maison neuve. Au début, il nous montre l’herbage qui s’enfonce en pente douce jusqu’au petit bois où il a choisi l’emplacement de sa nouvelle maison. Nous suivons l'avancement des travaux avec la fille de Philippe... jusqu'au moment où en pleine nuit, on aperçoit les lumières de la maison qui s'allument une à une, pour bien montrer que l'électricité fonctionne ! Un film doublement poignant ; on voit ému Philippe faire construire sa nouvelle maison et s'installer tout seul dans celle-ci, alors que ce décor "moderne et fonctionnel" et d'assez mauvais goût est loin de son ancienne vie.

Le second DVD, Les Sucriers de Colleville (2004) change de registre. Nous sommes à la petite sucrerie de Colleville où les ouvriers attendent la décision de la direction avec un mélange de colère et de résignation. Avec toujours cette simplicité enchanteresse, Ariane Doublet filme le quotidien de ces hommes au travail, leur camaraderie, leurs confidences au vestiaire, les quarts de nuits, les liens et la complicité de cette communauté d’hommes, tout ce passé partagé qui va être irrémédiablement anéanti. Ils étaient là depuis des décennies, ouvriers rentrés grâce à leurs parents, impuissants face à des directives étranges puisque leur entreprise fait des bénéfices. Étrange monde qui, dans cette économie globale, sanctionne les entreprises bénéficiaires ! C'est dire que, d'une manière ou d'une autre, on doit changer de monde coûte que coûte, sans prendre en compte la destruction systématique des rapports amicaux et sociaux.

Le troisième DVD, Les Bêtes (2001) nous emmène dans une clinique vétérinaire ; les vétérinaires traversent la campagne à la rencontre d’éleveurs et d’animaux souffrants. Il s'agit ici de montrer la relation de l'homme à l'animal. Il y a des séquences difficiles à la ferme où des vaches sont «fouillées» («Quel métier quand même !», lâche un vétérinaire), à la clinique où des personnes apportent leurs animaux de compagnie malades, ou encore des séquences extraordinaires telle celles où les vaches s'approchent du cadavre d’une vache qu’un vétérinaire vient d’euthanasier, ce qui renvoie l'homme à sa propre mort. Documentaire fort et percutant à l’époque de la vache folle où, pour observer les quotas, on tue le moindre animal malade. Ce qui montre l’absurdité de l’élevage intensif (avec la surproduction alimentaire) de cette économie globale, et toutes les relations problématiques entre vétérinaires, agriculteurs et bêtes, une économie dépeuplant aussi peu à peu la campagne puisque les fermes périclitent les unes après les autres.

La Petite parade (1995) est un court métrage réalisé à l’occasion du centenaire du cinéma, avec des hommages à Charles Chaplin (un extrait de La Ruée vers l'or à la télévision) et à Fellini (des habitants jouent un extrait de 8 1/2) ; le film montre les habitants de Vattetot-sur-mer (dont Philippe et sa femme Annick) défilant joyeusement à une parade.

Le quatrième DVD, intitulé La Pluie et le beau temps (2011) installe la caméra dans le pays de Caux, propice à la culture du lin si soumise aux aléas de la pluie et du beau temps, avec aussi les images envoyées de Chine par le cinéaste Wen Hai, montrant les ouvrières des filatures. Car les filateurs chinois viennent s’approvisionner en matière première dans les coopératives normandes. On suit cette culture du lin (avec sa belle fleur) de la Normandie avec ses cadres qui planifient tout, jusqu'aux ouvrières chinoises qui travaillent dur et dans des conditions déplorables. Étrange économie globale encore une fois, passant par Internet et le logiciel Skype.

Enfin, dans Rencontres (2012), Ariane Doublet croise une jeune chinoise, Sissi, au Havre pendant le tournage de La Pluie et le beau Temps. Dans un premier temps, Sissi traduit les images que Wen Hai lui envoyait de Chine puis on assiste, entre Le Havre et le Pays de Caux, à la rencontre de Sissi avec des amis voisins.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 18/05/2012 )
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