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Une figure du cinéma direct
avec Gianfranco Rosi
Editions Montparnasse 2012 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée DVD 84 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, USA, Italie, 1993
Sortie DVD : Juin 2012

Version : 2 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Formats 1.85
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Hindi, Anglais, Espagnol 2.0
Sous-titres : Français


DVD 1 :
- El Sicario, Room 614

DVD 2 : Deux autres films du réalisateur
- Sous le niveau de la mer
- Le passeur

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Figure du cinéma direct, Gianfranco Rosi a débuté sa carrière avec Boatman, tourné en Inde en 1993. Après avoir réalisé des courts-métrages, il propose en 2008 Below sea level, l'histoire d'un groupe de marginaux vivant au milieu du désert, récompensé au festival ''Cinéma du Réel'' à Paris. Il n'intervient pas, filme les personnalités au plus près, à la façon d’un Raymond Depardon, hériter de Jean Rouch et d'autres documentaristes de cette trempe.

Le premier DVD, intitulé El Sicario, Room 164, nous présente un tueur du cartel des narco-trafiquants mexicains, dans une chambre d'hôtel, à la frontière américano-mexicaine. Le problème d'un tel documentaire, outre ce personnage hors du commun, est le confinement dans lequel il nous plonge. Véritable expert en torture et en kidnapping, cet homme, un «sicario», est assis dans un fauteuil, le visage recouvert d’un voile noir. Un «sicario» est un tueur à gages. Celui-ci a grandi dans la pauvreté et tue pour le compte des narcotrafiquants et du gouvernement. Aujourd’hui, il attend la mort. Mais d’abord, il nous raconte les vingt années qu’il a passées à kidnapper, torturer et tuer. Ce film est une confession. Gianfranco Rosi recueille le témoignage de ce fugitif recherché par ses anciens patrons, prêts à payer 250000 dollars à qui le ramènera mort ou vif.

Le contexte est évidemment fort intéressant, et pour le moins sensationnel ; on se retrouver face à un tueur. Le fait que l'on ne voie pas le visage de cet homme, dans cette chambre d'hôtel, en train de raconter ses "exploits" et faisant beaucoup et beaucoup de croquis, devient néanmoins vite lassant, ce malgré les événements horribles qu'il décrit, entre viols, tortures de femmes et d'hommes, exécutions sommaires, enlèvements... Un panorama terrible de ce qu’on appelle le ''mal'', et qui ne peut finir que par la destruction et l'autodestruction. Parfois, le ''sicario'' mime quelques scènes mais en définitive tout cela paraît abstrait durant les 80 minutes de ce documentaire... L'homme ne pouvant être à visage découvert, il y avait sans doute une autre mise en scène possible pour que le film devienne moins répétitif.

Sous le niveau de la mer (Below Sea level) se passe à 300 kilomètres au sud-est de Los Angeles, et se déroule au sein d'un groupe de marginaux vivant au milieu du désert. Il ne s’agit pas d’une communauté de hippies mais de personnes qui ont tourné le dos à la société autant qu’elles en ont été exclues. Il s'agit d’hommes et de femmes dans la fleur de l’âge, vieux et moins vieux, qui vivent dans des caravanes en petits groupes. Voix éraillées, cheveux gras, barbes et casquettes, leur existence tient à peu de choses. Ils discutent entre eux et Gianfranco Rosi restitue simplement et honnêtement leur mode de vie. L'un d'entre eux est un passionné d'insectes et l'un de ses amis n'est pas étonné qu'il n'ait pas de femme avec une telle manie ! Un mode de vie sans doute étrange mais qui leur convient, au cœur d'une nature désertique. Ils chantent, boivent à leur rythme, plaisantent au grès de ''songs'' dites au coin d'un petit feu de bois. On a parfois l'impression d'un ''road movie''... immobile ! C'est en tout cas le documentaire le plus intéressant du coffret. On se passionnera pour ces marginaux vivant loin des hommes et de presque tout.

Le Passeur (Boatman), documentaire plus court et en noir et blanc, se situe à Bénarès (Inde). Voguer le long du Gange avec Gopal le passeur, c’est rencontrer une autre culture et s’interroger sur des traditions ancestrales. Manque d’hygiène, animaux morts jetés en offrande dans le Gange, la caméra de Gianfranco Rosi promène un regard distancé sur cette culture différente, en fait normale aux Indiens. Le passeur s’étonne que les occidentaux trouvent que ce rapport au Gange soit considéré comme si «sale», manquant d’hygiène. Il fait d’ailleurs une comparaison osée en se moquant de nos boites de nuit, signe patent pour lui d’un manque de spiritualité. Il y a là une remarque juste, contrastant ce souci si matériel de l’hygiène et cette «perdition» au niveau spirituel par rapport à leur culture. Cela dit, toute culture doit pouvoir accepter un autre regard sur la sienne à condition que ce regard ne soit pas inquisitorial, seulement critique, sous risque de s’enfermer sinon dans la complaisance. Documentaire passionnant, Le Passeur nous laisse dans cette entre-deux, entre modernité excessive et tradition assommante.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 22/06/2012 )
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