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Paul l'obscur
avec Pierre-André Boutang
Editions Montparnasse 2014 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée DVD 214 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France
Sortie DVD : Juin 2014

Version : 2 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.33
Format image : Couleurs, 4/3
Format audio : Français 2.0 mono
Sous-titres : Aucun


Bonus : Aucun

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Sous forme d'entretiens avec Pierre-André Boutang, ces deux DVD nous font pénétrer dans la biographie de l'écrivain français Paul Morand. Ce documentaire est présenté d’une façon un peu aride et égrène classiquement la carrière de Paul Morand depuis sa naissance jusqu’à son dernier ouvrage.

Auteur de nombreux romans et textes littéraires, Paul Morand est une figure contrastée et néanmoins incontournable du paysage culturel français. Cet homme à la mine un peu compassée et flegmatique a connu un grand nombre de personnalités, de Marcel Schwob, Sarah Bernhardt, Rodin, Jean Cocteau, Ezra Pound, Marcel Proust, jusqu’au général de Gaulle. Et bien sûr aussi, son maître et précepteur, Jean Giraudoux.

Paul Morand est un homme né dans le cénacle littéraire et il sera largement favorisé par son milieu. Son père, Eugène Édouard Morand, est, à Paris, conservateur du Dépôt des marbres en 1902, et directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs en 1908 grâce à l'entremise de son beau-frère Abel Combarieu, secrétaire général et directeur du cabinet civil de la Présidence de la République. C’est d’ailleurs son oncle qui introduit Paul Morand aux Affaires étrangères en 1912.

Grand voyageur, Paul Morand intègre l'École libre des sciences politiques, puis termine premier au concours du Quai d'Orsay. Ses premiers textes publiés sont des poèmes (Lampes à Arc en 1919) ; il fait son entrée en littérature en 1921 avec Tendres Stocks, un recueil de nouvelles préfacé par Proust. Dans les années 20, il écrit beaucoup, livres, récits de voyage, romans et nouvelles (Ouvert la nuit, Lewis et Irène...) avec un style sec et un certain goût de la formule. Il fut aussi journaliste au Figaro et éditeur chez Gallimard.

Son attitude durant la Seconde Guerre mondiale et sa proximité avec le régime de Vichy suscitèrent des polémiques sur lesquelles il revient peu ici, sans parler trop non plus de l’antisémitisme de Jean Giraudoux. C’est un peu dommage car cela aurait permis de nous éclairer sur une telle attitude, pour en comprendre les tenants et les aboutissants.

C’est tout le problème de cette époque troublée et agitée où beaucoup d’écrivains furent dans le brouillard. Après avoir été mis à la retraite d'office en 1940, Morand est nommé, avec le retour de Pierre Laval au gouvernement en 1942, ambassadeur de France en Roumanie. Jean Jardin, éminence grise de Pierre Laval, le fait nommer en Suisse.

Il est toujours facile de s’en prendre à Paul Morand ou à Céline et leurs attitudes durant cette période alors que Jean-Paul Sartre n’a pas eu un comportement très «clair», c’est le moins qu’on puisse dire. Pendant l'occupation, Sartre vécut à Paris, fit jouer les pièces de son théâtre avec l'autorisation de la censure allemande. En 1940, il est fait prisonnier. Il est libéré par Drieu La Rochelle, collaborateur notoire et directeur de La Nouvelle Revue française, à la demande de Gaston Gallimard. Sartre collabore à une revue collaborationniste, Comoedia à plusieurs reprises, écrit un éloge de Jean Giraudoux, antisémite notoire, obtient du directeur de la revue Comoedia un travail pour Simone de Beauvoir à Radio Vichy en 1944. Mais de cela, on ne parle quasiment jamais. Deux poids, deux mesures... Certains ont affiché leurs opinions tandis que d’autres ont bâti leur carrière littéraire en grande partie sur une légende. Ils n’en sont pas moins de bons écrivains ou penseurs, quoi que l'on pense de leur idées ou de leur écriture.

A la fin de la guerre, Paul Morand est ambassadeur à Berne ; il est révoqué à la Libération par le général de Gaulle qui gardera une rancune tenace envers lui en l’empêchant d’entrer en 1968 à l'Académie française. Il s’exile en Suisse et revient en France, publie d’autres romans comme L’Homme pressé, Le Flagellant de Séville et Fouquet ou le Soleil offusqué. Il devient, avec Jacques Chardonne, le modèle d'une génération d'écrivains nommé les ''Hussards'', et plus particulièrement Roger Nimier.

Ces deux DVD permettent de faire mieux connaissance avec cet écrivain un peu oublié et qui mérite d’être relu, loin des polémiques habituelles et des attaques moralistes, et de situer son œuvre à sa juste place.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 15/07/2014 )
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