L'actualité du livre Dimanche 5 mai 2024
  
 
     
Documentaires  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Documentaires  ->  Culturel  
Des Peintres éclairés
avec Alain Jaubert
Montparnasse 2005 /  29.88  € - 195.71 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics

Diffusion télévisée, Pays : 1991 et 1995, France

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français, Allemand, Espagnol et Italien (Dolby 2.0)
Sous-titres : sans

Collection Palettes

Imprimer


Dans la série, apprenons avec la rubrique DVD de Parutions, aujourd'hui la Peinture des Lumières. Plus sérieusement, et plus que Parutions, ce sont les éditions Montparnasse et Arte vidéo qu'il faut remercier. Ils nous proposent ce DVD regroupant l'étude filmée de trois œuvres majeures de la peinture du dix-huitième siècle. Palettes (c’est le titre original) est une série d'émissions de 1991 et 1995 réalisées par Alain Jaubert pour la Sept et FR3 à l'époque. Mis à part une petite musique d'introduction accompagnant le choix des langues (cinq soit dit en passant) un peu datée façon new age cette série documentaire ne fait pas ses quinze ans. On veut dire par là que l'on ne retrouve pas le côté daté qui est parfois dérangeant pour ce type d'émissions. Et c'est tant mieux. Il serait en effet dommage que quelques altérations extérieures viennent dégrader ce travail passionnant.

L'idée d'analyser l'œuvre d'un peintre à travers une de ses œuvres majeures contrairement à ce que l'on pourrait craindre est une réussite qui tient à la fois à sa simplicité mais aussi à la complexité possible. Une œuvre c'est évidemment une façon de travailler, un choix de sujet, une certaine mise en scène, un choix de couleurs, mais aussi une histoire, une aventure. Une sorte de point de départ imposé vers une vie plus vaste.

Le DVD proposé, Le Siècle des Lumières, s'attache donc à trois peintres et à trois œuvres : Jean Antoine Watteau et Le Pèlerinage à l'île de Cythère, Jean-Baptiste Siméon Chardin et La Raie, et enfin Jean Honoré Fragonard et Le Verrou. Trois peintres et trois œuvres des Lumières pourtant très différents. Les peintures retenues accentuent encore cette différence. Sans trop exagérer ni être trop réducteur on a ainsi une vision de la peinture française au XVIIIème siècle assez panoramique. Entre scène légendaire et utopique, nature morte évocatrice et érotisme suggestif, la palette est vaste.

Chacune des toiles est décrite par le menu est en devient ainsi une véritable aventure. On n'entre pas dans le tableau dans son ensemble mais par des détails qui se succèdent et qui construisent ainsi une histoire, l'histoire à la fois représentée mais aussi celle derrière la création.

Ouvrons le bal avec le sieur Jean Antoine Watteau et son Pèlerinage à l'île de Cythère. Dans ce tableau de 1717 Watteau essaie de représenter Les Secrets de la fête galante. Un tableau qui se retrouve avec plusieurs titres. Evocation des difficultés de l'académie royale de peinture qui avait accepté Watteau en son sein. L'académie classait les peintres selon le type de peinture réalisé avec des rangs plus ou moins élevés correspondant, de la nature morte à la peinture historique par exemple. Très didactique le documentaire montre comment Watteau crée sa toile par la juxtaposition de plusieurs dessins préparatoires. On entre réellement dans la texture au propre comme au figuré, on pénètre à la fois dans le fond et dans la forme. On peut même voir les erreurs techniques, le travail sur les différentes couches, l'impression très agréable d'être caché dans un recoin de l'atelier du peintre. Il s'agit sans doute d'un des traits principaux de cette série d'émissions : on entre vraiment dans le vif du sujet si l'on peut dire. On vit tout de l'intérieur. On n'est plus un observateur passif mais on accompagne le peintre dans la création.

Cet effet est également très présent peut-être encore plus avec La Raie de Chardin. La Saveur de l'immobile, tel est le sous-titre. On peut comme Diderot s'interroger sur le style de Chardin en bien d'ailleurs. Comment se fait-il que ces natures mortes interpellent autant les spectateurs ? Chardin véritable ré-inventeur de la nature morte en France. Le thème existait déjà dans l'antiquité égyptienne mais il n'était que très faiblement reconnu au XVIIIe siècle en France. Le mot n'apparaîtra d'ailleurs qu'en 1756. Chardin n'y est pas étranger. La description quasi clinique de l'œuvre faite par les auteurs de la série s'accorde parfaitement avec cette raie oh combien évocatrice. Chardin donne vie à sa nature morte. Une sorte de personnification des objets. Diderot, toujours lui, grand fan du peintre s'interrogeait sur l'essence du réalisme en regardant le tableau. Petit détail assez drôle, comme Chardin peignait chez lui d'après une composition d'objets lui appartenant, on peut retrouver les mêmes objets dans différents tableaux. Notamment un verre en argent qui a eu une vie propre. Cela renforce notre proximité avec le peintre.

Avec Fragonard on complète parfaitement ce panorama du siècle des Lumières. Une première évocation d'un certain érotisme dans ce Verrou une forme d’Amour dans les plis. Erotisme qui n'est alors plus l'apanage des dieux antiques mais biens des humains. Cette toile de 1778 marque un évident tournant. Etonnant tableau où l’on découvre la dame tentant d’éviter une étreinte qui visiblement a déjà eu lieu. Il semble que dans un même tableau Fragonard présente à la fois les prémices et les conséquences d’un même acte. Pouvoir suggestif des plis, qui si l’on y regarde de plus près sont sans doute plus que des plis.

Ce DVD ravira les amateurs de peintures qu’ils soient plus ou moins éclairés c’est évident mais si tant est qu’il soit un minimum intéressé il peut aussi touché un plus vaste public. Le côté pédagogique mais pas pesant est sans doute la première réussite à mettre en avant, l’exercice étant quand même assez difficile s’agissant de peinture filmée. Au final le téléspectateur a une impression de proximité et même parfois d’intimité avec le peintre. On dépasse ici le côté purement esthétique de l’œuvre.


Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 27/02/2006 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Palettes : images d’Orient
       de Alain Jaubert
  • Auschwitz, l’album, la mémoire
       de Alain Jaubert
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd