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L'école du pathétisme
avec Didier Bezace, Pierre Arditi, Agnès Sourdillon
Arte Vidéo 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée DVD 302 mn.
Classification : Tous publics

Sortie DVD : Mai 2008

Version : DVD 9, multizones
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Allemand


Bonus :
- Le temps d'une création de Jean-Philippe Granier


L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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En 1662, le 29 janvier, Molière se marie avec Armande Béjart ; le 26 décembre, il présente L'Ecole des femmes ! C'est le plus grand succès que connaîtra Molière. La pièce, dédiée à Madame, entra dans le domaine public le 17 mars 1763. Au Théâtre-Français, elle connut, de 1680 à 1934, 1340 représentations.

Seigneur Arnolphe, qui veut être appelé M. de la Souche, veut épouser la jeune Agnès. Il aime à rire des maris trompés ; il en tient à jour la liste complète. Arnolphe a, par charité, enlevé sa femme à sa famille, dès l'âge de quatre ans, et depuis, elle a été «nourrie» aux champs «comme une oie». Elle a maintenant seize ans et est ignorante des hommes. Mais le coeur d'Agnès a été conquis par le jeune Horace, tout frais débarqué dans la ville. Il doit l'enlever à un certain M. de la Souche. C'est le secret qu'il confie, l'imprudent, à un ami de son père. Cet ami si gaillard est Arnolphe lui-même dont Horace ignore le double nom.

Le succès de L'Ecole des femmes valut à l'auteur une dangereuse querelle qui dura plus d'un an. Sans la protection du roi, il eût, sans doute, succombé. Certains puritains visaient dans cette guerre le théâtre lui-même. Puis, des accusations, autrement graves, circulèrent, d'abord anonymes, bientôt publiquement soutenues, au sujet de l’immoralité et de l’impiété de l’auteur. Molière répliqua par La Critique de l'Ecole des femmes, habilement dédiée à la pieuse Anne d'Autriche. La querelle s'envenima ; les libelles foisonnèrent. Aux ennemis de la première heure se joignirent Donneau de Visée, La Feuillade, Enghien, Conti. Les deux Corneille se rangèrent un moment au côté des libellistes. Boileau salua le génie de son ami. Le dernier mot resta, malgré tout, à Molière, avec L'Impromptu de Versailles, composé sur l'ordre exprès de Louis XIV.

Molière a puisé à plus d'une source : Hérodote et son histoire du roi Candaule, trop fier de la beauté de sa femme ; son ami La Fontaine, Cervantès (Le Jaloux d'Estramadure) et Scarron (La Précaution inutile). L'intrigue repose sur un double nom et la méprise d'un étourdi qui confie en toute confiance et à de multiples reprises le secret de ses amours à son (pire) rival. Sur ce point, cette comédie montre l’intérêt de Molière pour les lubies humaines (misanthropie, avarice, vanité, etc.). Le personnage principal est Arnolphe, l’homme ridicule et odieux. Il tente de jeter l'épouvante dans une âme jeune, il est foudroyé par le ridicule. Ridicule, il l'est aussi comme tout maniaque. Comptable en esprit, médisant, son étrange manie est d'être à l'affût des scandales du quartier ! Il se croit en possession des secrets du coeur féminin, des fils de toutes les intrigues. Bien sûr, il sera pris en défaut à la première occasion. Il a fait d'Agnès sa chose et prétend exercer sur elle le droit de propriété qui est en droit d'user et d'abuser. Si Agnès est une fleur des champs sans artifice, élevé dans l’ignorance, son instinct fertile en ruses vaut la science des coquettes.

Par les moyens de la farce, L'Ecole des femmes veut faire rire ; avec cette pièce, Didier Bezace s'attaquait pour la première fois à Molière. Pierre Arditi interprète un Arnolphe pathétique, ce qui pose un problème de fond. Sans doute y’a-t-il de la noirceur dans cet Arnolphe, et même, il fait peur par sa volonté de puissance au point de soumettre une jeune fille à son esprit, de la formater et d’y coller son empreinte masculine au point que l’âme d’Agnès est comparée à de la cire ! Sur ce point, la pièce de Molière est d’une intelligence rare mais nullement dramatique ou tragique au premier plan. Certes, il est fort sceptique sur la bonté humaine mais il ridiculise comme personne la bêtise humaine.

Or Didier Bezace se méprend par cette mise en scène lente, longue et sérieuse là où tout devrait paraître léger, enlevé et profond. Il paraît difficile de donner à une telle farce ce pesant de plomb puisque précisément Molière, tout en étant d'une critique et d'une lucidité rares, ne veut pas une pièce dominée par l'affectation. Au contraire, il indique à quel point tout cela est risible, vain et ridicule.

L'interprétation de Pierre Arditi alourdit le texte. S'il pouvait suggérer ou indiquer la noirceur d'une telle âme, il n'était pas utile de la souligner à toutes les répliques. Par contre, Agnès Sourdillon est plus crédible dans le rôle d'Agnès. On reste donc dubitatif face à une telle mise en scène qui insiste beaucoup sur les répliques. Plutôt bien filmée, la pièce possède aussi des décors un peu maigres. En fait, un seul, un plateau vide avec des trappes d'où montent et descendent les personnages. Un peu raide...

En supplément, un documentaire sur le spectacle intitulé Le Temps d'une création. De mai à juillet 2001, Jean-Philippe Granier a suivi les trois mois de création de la pièce, du début des répétitions au théâtre de la Commune d'Aubervilliers à la première représentation dans la cour d'honneur du Palais des Papes d'Avignon.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 25/07/2008 )
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