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Au lit !
avec Nina Companeez, Francis Huster, Catherine Salviat, Bernadette Le Saché
Editions Montparnasse 2010 /  15  € - 98.25 ffr.
Durée film 62 mn.
Classification : Tous publics

Année de production, Pays : 1978, France

Version : 1 DVD 9, Zone 2
Format vidéo : 4/3, PAL
Format image : Couleurs
Format audio : Français, Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Aucun

Bonus : Aucun

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Les éditions Montparnasse sortent une nouvelle série de pièces théâtrales enregistrées par la Comédie française il y a trente à quarante ans. Voici donc l'une d’elles, de Crébillon fils (1707-1777), auteur des Égarements du cœur et de l'esprit. La Nuit et le moment raconte une histoire que tout le monde à plus ou moins déjà vécue : un homme et une femme se retrouvent dans une chambre... Les deux ont envie de faire l’amour mais comment vont-ils faire la chose sans avouer leur envie ?

La pièce est réalisée par Nina Companeez, cinéaste qui collabora avec Michel Deville, auteur entre autres de Faustine et le bel été (1971) et L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise (1973). Enregistrée en 1979, cette captation souffre de décors un peu vieillots ou d’une conception palote, voire d’un goût douteux, dans les tons marrons, qui ne rendent pas justice à la subtilité de la pièce.

Francis Huster interprète le rôle de Clitandre et Catherine Salviat, celui de Cidalise. Si l'on a peu de choses à reprocher au niveau de la diction, on est plus réservé sur le ton qui reste trop emprunté et qui freine la beauté de la pièce en elle-même. C'est plus le fait de Francis Huster qui surjoue toujours un peu, en simili-Gérard Philippe de sa génération... On redécouvrira néanmoins avec bonheur ce superbe texte un peu oublié, excellemment et savoureusement écrit, et cette manière qu’ont les amants de ne jamais avouer ce qu’ils ont envie de faire et de toujours repousser leurs vraies motivations derrière des façades et des parades alambiquées.

Si chacun a bien une idée en tête, le but est en effet de parvenir à accomplir la chose sans s’en rendre compte et sans paraître trop précipité. Crébillon fils excelle à déployer toutes les ruses et les dénis que les hommes et les femmes utilisent pour attirer l'autre sans se croire eux-mêmes prisonniers du même jeu. La douce ironie de la pièce est de montrer concrètement que les amants discutent sans cesse et l'on sourit de les voir, au fur et à mesure, se rapprocher. Ils finissent bel et bien tous les deux dans le même lit en pleine nuit !

On ferait un contresens flagrant en pensant que cette pièce invite à la luxure, au libertinage cru ou démesuré, comme une dénonciation du fait que les hommes et les femmes compliquent trop les situations dans le but de pratiquer une chose au fond bien banale. Précisément, la force du texte n’est pas de dénoncer les complications insupportables que s’imposent les amants pour parvenir à leur fin mais de montrer que cela fait partie intégrante du désir et du plaisir. Discussions, attentes, contrariétés, dénis, tout cela concourt aux délices ! Vivons certes cachés mais surtout prenons le temps... avant d'arriver à bon port.

Une pièce à redécouvrir.


Marc Eliel
( Mis en ligne le 01/10/2010 )
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