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Titus, Juliette, Hamlet et Othello
avec  Collectif
Editions Montparnasse 2012 /  40  € - 262 ffr.
Durée DVD 1130 mn.
Classification : Tous publics

Année de production, Pays : Royaume-Uni, 1978-1985
Sortie DVD : Février 2012

Version : 6 DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, 1.33
Format image : Couleurs, 14/3
Format audio : Anglais 2.0 mono
Sous-titres : Français

Bonus :
- Notes introductives de Jean-Pierre Richard

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Quelle excellente idée que de permettre de découvrir le grand dramaturge William Shakespeare par les films de la BBC ! Bien sûr, cela ne remplace nullement les livres mais plutôt que les nombreuses adaptations cinématographiques aux gros budgets, la série produite et réalisée par la BBC dans les années 70/80 reste indétrônable. Déjà pour le respect du texte, ensuite pour la qualité des comédiens. Si la mise en scène reste sobre et classique, l'important est de restituer l'univers du célèbre dramaturge sans afféterie ou grandiloquence. Le seul point discutable, ce sont les décors qui restent fort théâtraux... mais justement, nous sommes au théâtre (filmé certes).

Ce coffret de six tragédies est le premier volume d’un ensemble qui offrira l’intégralité de la collection. Shakespeare pour le grand public en somme. Ce premier volume contient les pièces Titus Andronicus, Roméo et Juliette, Jules César, Hamlet, Troïlus et Cressida et enfin Othello. L'ensemble des coffrets rassemblera ainsi les trente sept pièces de Shakespeare (1564-1616) ! Un auteur que l'ont doit lire mais que l'on peut aussi voir par des représentations et d'une façon plus vivante. Et là, la télévision de l'époque faisait une œuvre salutaire avec une rigueur époustouflante. L'unité est la grande force de ce coffret. Académisme diront certains mais outre que ce n'est pas un défaut en soi, l'important est de saisir la base textuelle et l'interprétation adéquate face à de telles pièces.

Ce qui frappe au premier abord si l'on prend Roméo et Juliette, réalisé par Alvin Rakoff, avec Patrick Ryecart (Roméo), Rebecca Saire (Juliette), Michael Hordern (Lord Capulet), est le dépouillement radical de cette célèbre histoire. On revisite ici non seulement le texte mais l'on prend conscience aussi du non-romantisme de l'histoire. C'est la grande qualité de ces adaptations que de restituer les lignes de forces, dramatiques et narratives, des pièces. Histoire, actions, péripéties sont retracées dans leur simplicité et leur limpidité.

Il y a donc une grande cohérence dans tous les DVD et cette attention minutieuse à la dramaturgie se réalise sans verser dans les effets spéciaux, ou sans une musique tapageuse par exemple. Pas question ici de mise en scène "moderniste" avec des décors farfelus, ces immeubles modernes ou décors de pizzeria que l'on trouve dans certains opéras. Non, les décors font carton-pâte mais il s’agit ici sans doute d’un choix, celui d’être en même temps au théâtre et à la télévision, et de ne pas perdre l’illusion théâtrale. L’image reste correcte pour cette époque, les éclairages dessinent des ambiances en accord avec l’intrigue. Difficile de demander plus.

En général, si l’on garde l’exemple de Roméo et Juliette, William Shakespeare ménage deux plans, l'histoire d'un amour absolu et impossible certes, mais aussi, en arrière-plan, celle de la rivalité entre les deux familles, la grande lignée des Montaigu et celle du seigneur Capulet, ennemi juré des Montaigu. Mais Roméo (Capulet) et Juliette (Montaigu) s'aiment-ils vraiment ? C'est là toute l'ingéniosité de William Shakespeare que de développer une intrigue sentimentale sur fond d'une rivalité qui pousse les amants à se choisir à cause de cette rivalité. Pourquoi Roméo abandonne-t-il si rapidement un premier amour avant de tomber amoureux de Juliette sur indication de son ami ? Peut-on faire confiance à un tel homme ? Comment se fait-il que Roméo et Juliette choisissent celui ou celle qu'il ne faut précisément pas ? Amour ou choix dirigé par l'éternelle rivalité des clans ? Pourquoi le célèbre dramaturge aurait-il sinon placé une telle histoire de haine en parallèle ? Voilà une vision non-conformiste qui bat en brèche l’interprétation romantique traditionnelle qui accentue l’éternelle histoire d’amour empêchée par des circonstances malencontreuses et par des personnes mal intentionnées…

Si l'on met en perspective l'œuvre de William Shakespeare, on est de plus en plus troublé par cette rivalité installée soit en arrière-plan, soit en avant plan comme de dans Othello (1604), réalisé par Colin Lowrey, avec l'immense acteur Antony Hopkins (Othello). Mais aussi Bob Hoskins (Iago), Penelope Wilton (Desdémone), David Yelland (Cassio) et Rosemary Leach (Emilia). Othello, un maure, général au service de Venise, homme heureux, au sommet de sa gloire, est marié à la belle Desdémone. Iago, jaloux et machiavélique, persuade Othello de la trahison de sa femme. Mais l’important ici est en réalité la troublante relation entre Othello et Iago. Pourquoi Othello a-t-il plus intérêt à croire Iago car si ce dernier envie le premier, ce n’est pas par simple jalousie que le maure tuera sa femme. Mais aussi parce que Othello est fasciné par Iago…

On pourrait ainsi faire une rapide étude des autres pièces du coffret. Ces adaptations télévisées ont l’immense avantage (outre celui de nous faire découvrir ces pièces par-delà les livres) de nous exposer, par la rigueur et la qualité de la mise en scène, au temps et à la complexité de la dramaturgie. Grâce à elles, nous reprenons corps avec une vision moins factice ou conformiste. Les autres pièces, Titus Andronicus (1592), Jules César (1599), Hamlet (1600) et Troïlus et Cressida (1603) sont réalisées avec la même qualité et avec une interprétation exemplaire.

Ces oeuvres sont présentées en version originale, sous-titrée en anglais et en français. Chaque pièce est accompagnée d’une note de Jean-Pierre Richard, qui a traduit une vingtaine de pièces de théâtre en langue anglaise depuis Shakespeare jusqu’à Woody Allen. Il a également contribué à l’édition de William Shakespeare dans la Pléiade aux Éditions Gallimard.

On attend la suite des volumes avec impatience !


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/03/2012 )
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