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Musique & Spectacles -> Théâtre |
Des acteurs d'exception avec Lazare Iglesis, Jacques Eyser, Michel Etcheverry, Jacques Destoop Editions Montparnasse 2012 / 13 € - 85.15 ffr. Durée film 98 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : France, 1974
Sortie DVD : Août 2012
Version : 1 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.77
Format image : Couleurs, 4/3
Format audio : Français stéréo
Sous-titres : Aucun
Bonus : Aucun Imprimer
A l'époque l'ORTF, ici en 1974, les pièces de théâtre de la Comédie française possédaient des acteurs d'exception. Pour cette pièce d'Henri de Montherlant, les rôles sont admirablement distribués : Don Bernal de la Encina par Jacques Eyser, Don Alvaro Dabo par Michel Etcheverry (qui effectue aussi la mise en scène), Le Marquis de Vargas par Jacques Destoop, Mariana par Ludmila Mikaël, Don Fernando de Olmeda par René Arrieu. Tous nous laissent béats d'admiration.
L'histoire relate l'étrange destin du grand maître de lOrdre de Santiago (Don Alvaro) qui a renoncé au métier des armes et vit retiré à Avila, en Castille. En 1519, lEspagne sest débarrassée de lenvahisseur, lannée où Colomb abordait San Salvador. Don Alvaro Dabo, de lordre de Saint Jacques, s'était couvert de gloire lors de la Reconquête. Dans sa demeure fort austère qui résume son esprit tourmenté et étroit, il consacre son existence à la prière, dédaigneux de la vanité de tous les biens terrestres, au point que cela devient une obsession. Mariana, sa fille, accompagne avec une admiration mêlée de crainte la vie de cet homme vaniteux qui déteste la vanité. Les chevaliers de son Ordre interviennent dans cette vie monotone pour lui proposer de partir dans le Nouveau Monde où le roi dEspagne lui offre un poste prestigieux. Il s'agit d'y convertir les Indiens et daccroître la gloire de lEspagne et consolider l'empire. Largent qui pourrait lui permettre de doter sa fille et de la marier à don Jacinto qu'elle aime, se heurte à l'intransigeance du maître de lOrdre de Santiago. Mais Mariana renoncera à son amour pour celui de son père. Père et fille rejoindront le couvent. Exil définitif et préfiguration dun nouveau départ.
La pièce repose presque entièrement sur les épaules du rôle-titre joué ici par un extraordinaire Michel Etcheverry. La voix grave et digne, avec l'intensité de son intransigeance, il nous fait rentrer dans cet esprit étrange qui restera inflexible tout au long de l'histoire. La pièce développe cet amour filial fort ambigu (devenant quasi incestueux) et les arguments concernant le respect de l'ordre chrétien deviennent suspects. Henri de Montherlant n'en reste pas là car il développe aussi une réflexion acerbe sur les vraies fins du conquistador. Le personnage n'est donc pas tout noir car il critique avec raison les "mécaniques victoires" que Montaigne pointait du doigt dans ses Essais, ces conquêtes qui trahissaient justement l'idéal chrétien.
Dans une réalisation sobre de Lazare Iglesis, la pièce mérite une redécouverte non seulement pour cette uvre mais aussi pour tous ces comédiens et comédiennes d'un talent inouï.
Yannick Rolandeau ( Mis en ligne le 14/09/2012 ) Imprimer | |
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