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| Musique & Spectacles -> Théâtre |
Molière
avec Ariane Mnouchkine, Jean Dasté, Joséphine Derenne, Philippe Caubère
Bel Air 2004 / 33 € - 216.15 ffr.
Durée film 250 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma : 1979, France
Version : DVD 9 / zone 2
Format vidéo : DVD 9 - 4/3 – Format 1.33
Format audio : Dolby digital, 2.0 français
Sous-titres : français, anglais, espagnol, allemand, italien
Bonus :
Le documentaire inédit (45 min) : Ariane Mnouchkine raconte son "Molière", la genèse du film, le tournage, la troupe du Théâtre du Soleil, etc...
Le film commenté dans son intégralité par la réalisatrice (Piste son supplémentaire)
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Bel Air Classiques nous donne l’occasion de voir un film célèbre qui a fait débat au moment de sa sortie. Il s’agissait d’un projet assez exceptionnel réunissant 120 comédiens et 600 participants et ayant nécessité la confection de 1300 costumes et 220 décors. Ariane Mnouchkine lance en 1977 sa troupe du Théâtre du Soleil dans le tournage d’un film sur Molière qui dura deux ans. Il en résulta une longue fresque de plus de quatre heures.
Le film est divisé en deux «époques». La première s’attarde très longuement sur l’enfance de Molière et Ariane Mnouchkine s’en explique dans le long entretien qu’elle a accordé à François Duplat (et qui constitue le bonus) : elle pense en effet que l’œuvre du dramaturge a commencé dans les jeux de son enfance. Cette période insiste sur l’influence qu’ont exercé le théâtre de foire et la comédie italienne sur Molière. Elle se termine sur les débuts de l’Illustre-Théâtre, lorsque la troupe part sillonner les routes de France. La deuxième partie reconstitue dans le plateau du Larzac les années d’errance : on y voit alors la troupe monter quelques tréteaux pour former une scène devant des villageois rencontrés au hasard. Mnouchkine met l’accent sur les scènes de rue, sur l’aspect farcesque des représentations (qui semblent d’ailleurs avoir lassé Molière). C’est visiblement ce qui a rebuté une partie des spectateurs, alors que ces scènes sont véritablement fascinantes (notamment le long passage sur le carnaval). Mnouchkine a pris le parti – fort intéressant – d’une prononciation restituée pour toutes les scènes de théâtre. Enfin, la rencontre déterminante avec le prince de Conti permet à la troupe d’être présentée au roi, condition de la carrière parisienne. Les années de succès parisien sont tempérées par les attaques de nombreuses personnes visées par le comique féroce de Molière : médecins, dévots et autres marquis. On y voit bien que c’est grâce à l’appui de Louis XIV que Molière a pu tenir sous le feu croisé de ces attaques.
Le film est moins centré que l’on ne pourrait s’y attendre sur la figure de Molière, au point que certains critiques malveillants ont pu dire qu’il était absent du film ! Mais c’est l’un des objectifs revendiqués d’Ariane Mnouchkine qui désirait faire un film sur Molière et son siècle, et sur les rapports qu’entretiennent le théâtre et l’Etat.
Le bonus (particulièrement intéressant) est donc constitué d’un long entretien avec Ariane Mnouchkine, entrecoupé d’extraits d’émissions de télévision datant de l’époque de la sortie du film. Cette partie est précieuse car elle donne une idée de la polémique déclenchée il y a 25 ans par le film. Elle rappelle l’épisode tumultueux du festival de Cannes, où les critiques se déchirèrent, ainsi que l’hésitation de la profession (le film ne sortit que dans six salles).
Ce qui intéresse Mnouchkine dans Molière, c’est l’homme de théâtre, loin derrière l’écrivain. C’est un aspect qui a semble-t-il choqué, tout comme l’insistance sur le théâtre de rue dans la formation de l’acteur : Roger Ikor s’en offusque, soulignant que c’est parce que Molière a fait de bonnes études qu’il a pu devenir le grand homme de théâtre que l’on sait.
La vivacité des réactions s’explique par le sujet choisi : Molière est une figure nationale intouchable dont chacun s’est forgé une idée précise (alors que les archives dont nous disposons sur le personnage sont bien maigres…). Ce DVD vraiment réussi nous donne donc une occasion de voir et de revoir un film qui a fait date dans l’interprétation de la figure et du théâtre de Molière.
Cécile Obligi
( Mis en ligne le 17/01/2005 )
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