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En attendant le prochain Woody...
avec Woody Allen, Hugh Jackman, Scarlett Johansson
TF1 Vidéo 2007 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée film 96 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : Etats-Unis 2006
Sortie DVD : 7 juin 2007
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.85
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
Bonus :
Aucun
L'auteur du compte rendu : Scénariste et cinéaste, Yannick Rolandeau est l'auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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Woody Allen est un auteur prolifique et son évaluation critique est entourée de brouillard. Sil est souvent «adulé» (il a ses fanatiques), il subit aussi des critiques négatives tout aussi partisanes. Il est vrai que le cinéaste new-yorkais est assez présent sur nos écrans (un film par an depuis plus de trente ans) mais on laccuse à tort de se répéter alors quil a réalisé des films fort variés quand on considère sa filmographie (voir lampleur des thèmes traités et lesthétique particulière de certaines de ses uvres). Et qui reprocherait à Chaplin de se répéter avec son personnage de vagabond quil a interprété moult fois dans ses courts et longs métrages ? Une répétition nest jamais gênante en soi tant que son contenu reste riche et intéressant. De surcroît, il semble difficile de demander à Woody Allen dêtre autre que ce quil est. On doit donc l'aimer parce qu'il est Woody Allen et rien d'autre.
Dun autre côté, la critique se méprend souvent sur le parcours récent du cinéaste new-yorkais, dénigrant par exemple des films importants (Accords et désaccords, La Vie et tout le reste, Melinda et Melinda), criant même au génie novateur pour une uvre pourtant pas si «neuve» (Match point, que lon peut voir comme une variation de Crimes et délits) alors que Woody Allen na pas réalisé que des comédies mais aussi des tragédies ou des films plus «sérieux» (Intérieurs, Une autre femme, September, Maris et femmes, Ombre et brouillard). Ou encore considérant avec une certaine complaisance des films plus mineurs comme Hollywood ending ou Le Sortilège du scorpion de jade. Et... Scoop.
Woody Allen aime contrarier sa tendance à la gravité par une comédie ou inversement sa veine humoristique par un film plus sombre. Souvent aussi, il parvient à loger dans une même uvre ces deux aspects «contradictoires» mais indissociables (voir Crimes et délits). Après le remarquable Match point, Scoop appartient donc au premier cas de figure, tout comme Meurtres mystérieux à Manhattan, Le Sortilège du scorpion de jade ou Escrocs mais pas trop. Et ici aussi, il faut l'avouer, Woody Allen ne force pas son talent et offre une comédie sympathique mais un peu fainéante. Est-ce grave ?... On lui pardonnera ce travers à l'aune de tous les excellents opus offerts au fil des ans. Et puis, comme il le dit lui-même : «Je préfère être comme le beaujolais, il y a une cuvée chaque année et les gens peuvent dire : «Cette année, c'était bon», ou «Ce millésime est un peu décevant». À quoi je peux toujours répondre : «Très bien ! Peut-être aimerez-vous davantage le cru de l'an prochain»».
Tout commence bien cependant. On retrouve l'un des ingrédients favoris du cinéaste : la magie... Sur une polka de Strauss (!), la Mort, une faux à la main, vêtue d'une cape noire, emmène sa dernière prise sur un bateau. Là, une femme confie à Joe Strombel, un journaliste réputé pour ses scoops prestigieux, qu'elle pense avoir été empoisonnée en ayant découvert que Peter Lyman (Hugh Jackman), un membre estimé de la haute société londonienne, serait en vérité le tueur au Tarot qui, depuis deux ans, s'en prend aux prostituées de la Capitale.
Excité, Joe Strombel aimerait bien refourguer un tel scoop... sauf qu'il est mort ! Enfin...
Prise comme cobaye alors qu'elle assiste au spectacle du magicien Splendini (Woody Allen) à Londres, l'Américaine Sondra Pransky (Scarlett Johansson) se voit confier, dans la boite, par le fantôme du reporter trépassé, le fameux scoop. Ne sachant que faire de cette information, l'étudiante en journalisme se confie à Splendini, magicien... dubitatif. Cependant, l'expérience se reproduit. Voilà donc Sondra Pransky et Sid Waterman (Splendini) occupés à s'introduire dans l'entourage de Lyman. Et ils y arriveront quand Sondra fera semblant de se noyer dans une piscine et que le beau gosse viendra la sauver... "Je n'arrive pas à oublier votre image en maillot de bain", lui dirait plus tard Peter Lyman. "Je suis contente que vous l'ayez aimé. Il était en solde", lui répondra Sondra.
Or, le dandy se montre très vite attiré par Sondra, laquelle n'est pas non plus indifférente à son charme. A partir de là, Woody Allen développe sa narration sans trop se fouler, faisant intervenir par exemple Joe Strombel un peu trop facilement dans la boite de magie ou à d'autres reprises pour faire avancer l'intrigue. Il est dommage que le cinéaste ne se serve pas mieux du personnage du journaliste mort.
Evidemment, Woody Allen a toujours quelques répliques hilarantes par-ci par-là : "Je suis né de confession hébraïque, mais je me suis converti au narcissisme", confie Splendini à quelques aristocrates anglais. Dans l'ensemble, il a fait mieux et si Scarlett Johansson est charmante, elle offre une prestation moins accomplie que dans Match Point. Le film est soigné, les cadres sont rigoureux, et la photographie de Remi Adefarasin est agréable. Là-dessus, Woody Allen connaît son affaire. Points non négligeables, le DVD, aussi bien au niveau de l'image que du son, est remarquable.
Nul doute que Scoop vous fera passer un bon moment, mais le cinéaste new- yorkais est capable de bien mieux. On attendra donc avec impatience le prochain Woody Allen, Cassandra's Dream, un film plus sérieux, parait-il, pendant que le cinéaste tournera un autre film en Espagne... Plus sérieux ? Alors le cru devrait être excellent.
Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 15/06/2007 )
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