|
Films -> |
| | Rechercher un réalisateur/acteur | |
Films -> Drame |
Passion Nastassja avec Wim Wenders, Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell Arte Vidéo 2008 / 24.99 € - 163.68 ffr. Durée DVD 170 mn. Durée film 139 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : RFA/France, 1984
Sortie DVD : Mars 2008
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format cinéma respecté 1.66
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français
DVD Edition Prestige
Bonus :
- Entretien avec Wim Wenders (25 min.)
- Galerie de photos
- Bande-annonce
CD : Bande originale du film de Ry Cooder
Livret de 16 pages
L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire dun troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourdhui à lécriture de carnets et de romans. Il na pas publié entre autres Fou dHélène, LImprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence. Imprimer
Paris, Texas (1984) marque un tournant dans la filmographie de Wim Wenders (né en 1945). Il clôt à la fois une série de «road movies» basés sur lerrance (Alice dans les villes, Au fil du temps), et annonce un nouveau style chez Wenders, confirmé avec Les Ailes du désir tourné trois ans plus tard. Même sil se situe dans une continuité thématique, Paris, Texas est un hommage au cinéma américain, tournant ainsi une page avec la culture européenne du cinéaste allemand. Pour cela, il sentoure exclusivement daméricains : Sam Shepard, Harry Dean Stanton, Ry Cooder (qui signe la célèbre bande originale) sans oublier quil tourne aux États-Unis et quil écrit les dialogues en anglais.
Lidée part dun livre de Shepard (né en 1943), Motel Chronicles, que Wenders veut adapter pour le cinéma. Shepard accepte mais décide décrire ce qui sera le scénario de Paris, Texas, en y mettant beaucoup de sa propre expérience. Lhistoire est dune simplicité volontaire, permettant un élargissement dans le traitement du récit. Travis (Harry Dean Stanton) est retrouvé inconscient dans le désert texan, non loin dune ville baptisée Paris. On appelle son frère (Dean Stockwell) qui na plus de nouvelles de lui depuis quatre ans afin quil vienne le récupérer. Il décide de le ramener à Los Angeles où il élève avec sa femme (Aurore Clément) Hunter (Hunter Carson, magnifique petit acteur de 7 ans.) le propre fils de Travis. Là, lhomme brisé par une sombre histoire damour réapprend doucement à vivre et à connaître lenfant quil a abandonné depuis quatre longues années. Mais pour que la boucle soit enfin bouclée, il décide de retrouver Jane (Nastassja Kinski), la mère de son fils, afin que ce dernier puisse enfin la revoir et rester avec elle.
Comme beaucoup de grands films, cest le traitement dune histoire simple qui peut bouleverser le spectateur. Wenders, conscient de traiter un scénario très écrit, décide de prendre son temps pour dévoiler laxe et le chemin de son film. Si Travis est muet au début, il retrouve peu à peu la parole et le goût de lexistence en plongeant dans son passé. Sur ce passé, rien nest dit mais tout reste suggéré (notamment par la belle scène où Walt projette un film de famille tourné en 8 millimètres). On sait seulement quil a vécu une histoire damour tragique et quil est séparé dune femme dont il n'a pas la moindre nouvelle depuis des années. Wenders étire donc ses scènes en de longs plans-séquences au moyen de lents mouvements de caméra, qui épousent à la fois lunivers moderne des années 80 et lancien monde du continent. Des routes désertes, des quartiers résidentiels amples, des autoroutes de lumière, des espaces vierges senchaînent et se prêtent au mouvement des personnages, eux-mêmes imbriqués dans ces paysages de silence. Communion du nouveau et de lancien monde, nécessaire pour raconter une histoire atemporelle qui vise au cur des gens.
Car on peut difficilement éviter lidentification. Wenders touche au plus profond des douleurs humaines en racontant cette histoire de retrouvailles impossibles. Travis est un homme brisé, revenu de tout, et dont les marques physiques traduisent la souffrance qui sèche en lui. Jane est la femme obsessionnelle, à la beauté confondante, et Hunter, lenfant pur, né de cette passion dévastatrice. Mais de cette violence inénarrable traduite par un sentiment de calme extérieur, Wenders réalise un film dune douceur et dune beauté formelle saisissantes. Deux heures sont nécessaires pour arriver à cette scène danthologie où Travis sadresse enfin à Jane à travers ce miroir sans tain. Wenders nous fait passer du silence qui en dit long (Travis met un certain temps avant de retrouver la parole.) au monologue bavard et poignant dun homme qui va finalement retourner au silence. Il trouve cette idée géniale de la cabine dun Peep Show où seul le son des voix et le sens des mots vont provoquer chez ces personnages une série dimages qui va permettre à la fois une probable réconciliation et une rupture inévitable. Jane, la femme sans visage, va alors apparaître durant toute la scène, devenant ainsi la personnification humaine du drame vécu. Sa beauté va corroborer le récit de Travis, qui lui, décide de se sacrifier pour sa famille. Il va en quelque sorte se tuer une deuxième fois pour renaître et redonner vie et espoir à ses proches. Sacrifice et résurrection vont de pair ici.
Paris, Texas, qui a obtenu la palme dor à Cannes en 1984, est un film contemplatif sur la nostalgie amoureuse (car quel drame sinon la fin dun amour peut conduire un homme à disparaître des années et se retirer du monde ?), sur la perte des repères et le renouveau du cinéma. C'est aussi un mélodrame maîtrisé, un hommage à lâge dor du cinéma américain et un road movie touchant (il y a beaucoup de scènes légères et tendres entre le père et son fils, toujours en mouvement..). A linstar dun Bertrand Blier pour son chef duvre Trop belle pour toi (1989), Wenders, mais dans un tout autre style, réussit à réaliser un grand film sur lémotion amoureuse tout en évitant le pathos et la grandiloquence quil fallait bien évidemment bannir du traitement.
Harry Dean Stanton campe un Travis insaisissable et perdu quand la magnifique Nastassja Kinski, inoubliable dans son pull en cachemire rose fuchsia, nous rappelle violemment les spectres douloureux de nos chères amantes disparues...
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 28/03/2008 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Land of plenty (Terre d’abondance) de Wim Wenders Don’t Come Knocking de Wim Wenders
Ailleurs sur le web : Lien vers la page de ARTE Boutique | |
|
|
|
|