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avec Nagisa  Oshima, Miyuki Kuwano, Hiroshi  Akutagawa, Shinko  Ujiie, Akiko  Koyama
Carlotta Films 2008 /  19.99   € - 130.93 ffr.
Durée film 114 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, Pays : 1960, Japon
Titre original : Nihon no yuri to kiri

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (noir & blanc et couleurs)
Format audio : Japonais (Dolby Digital 2.0 mono)
Sous-titres : Français

Bonus :
- Mises au point (11 mn)

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen(Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Dans Nuit et brouillard au Japon, un trait est plus ou moins tiré sur la jeunesse. On est avec des adultes et des politiciens. C'est le dernier film que Nagisa Oshima réalise pour la Shôchiku puisque cette dernière, scandalisée par les propos du film, retira ce dernier de l'affiche. En effet, Nuit et brouillard au Japon n'est pas un film simple à appréhender.

Nous sommes à l'automne 1960. C'est la rentrée universitaire. La signature d'un traité de sécurité entre le Japon et les États-Unis vient d'être adopté malgré les manifestations étudiantes de juin. Reiko Harada, jeune étudiant protestataire, se marie à un journaliste plus âgé qu'elle, Nozawa, qui représente un bord politique moins critique envers le pouvoir en place. Chaque invité revient sur son passé politique mouvementé. Ota, recherché par la police, fait intrusion et raconte la rencontre de Reiko et Nozawa lors de la manifestation du 15 juin 1960 où une étudiante fut tuée par la police...

Le film est plus didactique que les précédentes œuvres du cinéaste ; il montre les pièges claniques dans lesquels les jeunes politiciens doivent éviter de tomber. Des pièges qu'ils n'évitent en fait nullement ! Cependant, le problème est un peu ailleurs. Dans sa forme même. Que l'on parle de politique n'est évidemment pas un problème mais avec un peu de recul, le film de Nagisa Oshima paraît fort outré. Son style cassant, ses plans séquences longs et saccadés, ses panoramiques et mouvements de caméra heurtés et maladroits, son bruitage insistant et criard, ses lumières crues et saturées, ses personnages regardant la caméra dans des éclairages blafards rendent le film pénible à regarder très rapidement. On imagine très bien que la société de production, la Shôchiku, dut voir rouge devant un tel traitement cinématographique. Bien sûr, on peut dire que cela fait moderne mais on excuse ainsi plus qu'on ne justifie. On peut ajouter aussi que le film est très bavard et l'on se perd très vite à comprendre qui fait quoi ou qui est qui.

Nagisa Oshima explique qu'il tenta de travailler la tension par le concept "un plan-une prise" afin de donner du nerf tant aux acteurs qu'aux techniciens. Une telle façon de travailler "brutalise" la technique et joue trop sur le côté artificiel ; il semble plutôt qu'une telle tension a plutôt peur de ne pas réussir ce que d'autres réalisateurs, en prenant tout leur temps, parviennent facilement à accomplir. Cette méthode se veut sans doute avant-gardiste (mais est-ce un gage de qualité ?) mais elle réussit plus à agacer le spectateur qu'à lui faire comprendre ce qui se passe sur l'écran. Et comme le propos est politique et imbibé de théories révolutionnaires, le tout n'est pas dit avec la distance critique qu'on attendrait.

Nagisa Oshima n'aimait pas Ozu mais on comprenait fort bien le cinéma d'Ozu, ses personnages émouvants, ce qu'ils vivaient ou non. Il y avait en eux une grande humanité et une grande chaleur. Là, avec un style si voyant et assourdissant soit-il assumé, le cinéaste rend son propos plus confus et plus touffu en plus de l'asséner avec trop de brutalités et de caricatures pour qu'on puisse l'assimiler, ou le comprendre. Évidemment, c'est un grand classique... Mais, à vrai dire, presque cinquante ans après sa réalisation, on ne sait trop quoi penser d'un tel film qui accumule de trop nombreuses faiblesses au lieu d'explorer la propagande et la volonté de puissance des mouvements claniques en politique.

Où se situe en réalité Nagisa Oshima dans ce film ? On dit souvent qu'il ne se montre ni réactionnaire, ni communiste, ni révolutionnaire, mais anarchiste. Peut-être en réalité comprend-il que la lutte politique aboutit trop rapidement à ces luttes claniques qui font perdre de vue l'idéal qui les inspirait. Nagisa Oshima serait même assez pessimiste tant ici les diverses personnalités passent leur temps à s'insulter, à tramer des complots, etc. Malgré son style assez pénible à suivre (sans doute le cinéaste le tournerait-il autrement aujourd'hui), le film se montre assez critique envers les luttes révolutionnaires.

En bonus, dans le petit reportage intitulé Mises au point, le réalisateur Nagisa Oshima revient sur sa conception de la mise en scène à travers ce film.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 03/07/2008 )
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