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Le Dindon de la farce avec Sébastien Jaudeau, Sava Lolov, Rachida Brakni, Niels Arestrup, Anne Alvaro Océans Films TF1 Vidéo 2008 / 19,99 € - 130.93 ffr. Durée DVD 110 mn. Durée film 89 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : France, 2007
Sortie DVD : Août 2008
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.85
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0 et 5.1
Sous-titres : Anglais
Bonus :
- Deux courts métrages de Sébastien Jaudeau : Paprika (13min.) et La Légendaire épopée de Neptune sur le Mont Virtuel (8min.)
- La bande annonce.
L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire dun troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourdhui à lécriture de carnets et de romans. Il na pas publié entre autres Fou dHélène, LImprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence. Imprimer
La Part animale est une première uvre dun jeune réalisateur qui sest attelé à adapter le roman éponyme dYves Bichet. Et dès les premiers plans montrant une Ardèche puissante mais délaissée, on sent quune tension à la fois physique et morale va peser sur chacun des protagonistes du film.
Curieuse histoire que celle dÉtienne (Sava Lolov), jeune mari et père de famille, qui trouve un emploi dans un élevage de dindons «Douglas», géré par le troublant Henri (Niels Arestrup), et dont la principale activité consiste à masturber les volailles mâles afin de fertiliser un maximum de femelles et, de ce fait, augmenter la production. Cette technique tout à fait précise nous est montrée avec habileté, puisquelle est filmée de telle manière quun certain mystère plane encore sur léjaculation des bestioles. Nempêche que le doigté du jeune homme est de mise pour que les volatiles, excités, parviennent à expulser leur semence. Ce quon ne ferait pas pour plus de rentabilité !
Cest ce que dénonce bien évidemment le film qui joue sur deux plans antinomiques rendus indissociables dans le monde capitaliste : la nature et la technique, lhumain et la rentabilité, ou comment le libéralisme modifie, exploite, bref bouleverse la nature pour le profit. Et cest justement dans le fait de mêler le naturel et le technique que la crise des personnages opère. Étienne pratique la chose avec beaucoup de soin, mais son activité et ce surplus de productivité vont bouleverser son comportement ainsi que celui de son entourage.
Le patron ne pense quà faire évoluer son élevage de manière hyper-technique (après la conservation du sperme, il veut créer des poulets sans plume, puis il part sur lidée de les castrer.), et les bêtes, une fois incapables de procréer, sont abattues sans délai. Mais parallèlement, Étienne, à la fois timoré et impressionné par la prestance dHenri, fait les frais de son drôle de métier en bouleversant chez lui, mais aussi chez sa femme, le rituel sexuel. En effet, lidée de masturber à plein temps ces dindons perturbe quelque peu le jeune couple, réduit pour loccasion à sanimaliser de plus en plus, sadonnant davantage à des parades sexuelles plutôt quà une union charnelle (voir les scènes où Claire, incarnée par Rachida Brakni, fait un streap tease tout en imitant une pintade ou encore celle où Étienne se prend carrément pour un dindon!).
Les rapports entre les couples se désagrègent en même temps que leur sexualité se renforce, voire sanimalise. À linstar des animaux, ces êtres un peu déboussolés se désirent mais se méprisent, se trompent et se sacrifient. Pour rendre compte de ce malaise, Étienne sisole de temps en temps, histoire de communier avec Dame Nature. Là, ce sont des hallucinations qui semparent du peu de sérénité qui lui restait. Images cauchemardesques dun sanglier touchant les profondeurs dun lac, ou encore de ces têtes de dindon, filmées de manière brutale afin de tenter de comprendre limprévisibilité de ces bêtes ingrates.
Si le film est assez bien construit et répand le malaise quil cherche à distiller tout le long avec cette galerie de personnages à la fois ordinaires et troubles, il déçoit sur le plan intellectuel. En effet, à trop tenter de mettre en lumière linconscient psychique des protagonistes aux prises avec leurs pulsions et leurs répulsions (Claire étant, depuis le début, dégoûtée par lactivité de son mari), le film devient trop théorique et perd en simplicité. Cest dommage car le cadre est bien choisi et le thème, plutôt surprenant.
Cest un premier film ; en cela, il est assez maîtrisé et rend compte de certains choix plutôt bien amenés.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 12/09/2008 ) Imprimer | |
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