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La tentation de l'auto-destruction avec John Huston, Albert Finney, Jacqueline Bisset, Anthony Andrews, Ignacio López Tarso, Brad Dourif, John Huston, Harry Dean Stanton Carlotta Films 2008 / 35 € - 229.25 ffr. Durée film 180 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma, Pays : 1978 et 1984, États-Unis
Titre original : Wise Blood, Under the Volcano
Version : 3 DVD 5 et DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.78 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français (Dolby Digital 1.0 Mono)
Sous-titres : Français
DVD 1
- Au-dessous du Volcan
- Préface de Patrick Brion (7 mn)
- Entretien audio (mis en image) de John Huston avec Michel Ciment à propos d'Au-dessous du Volcan (18 mn)
- Au-dessous du Volcan : livresse lucide (21 mn) par Serge Chauvin
- Bande annonce
DVD 2
- Notes sur Au-dessous du Volcan (59 mn) : documentaire où le réalisateur Gary Conklin capte le travail de John Huston sur le tournage du film
DVD 3
- Le Malin
- Préface de Patrick Brion (6 mn)
- Ciné Regards : Entretien de John Huston avec Michel Ciment à propos du Malin (11 mn)
- Hazel, le révolté (19 mn) par Christian Viviani
- Bande annonce
L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est lauteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal. Imprimer
John Huston fut un cinéaste fort singulier, du genre baroudeur, forte tête, capable du meilleur comme du pire. Né dans une famille de comédiens (son père est l'acteur Walter Huston), il entame même une carrière d'acteur à Broadway en 1925, qu'il abandonne pour s'engager dans la Cavalerie. En 1928, il écrit sa première pièce, Frankie et Johnny, et obtient avec l'aide de son père un contrat de scénariste chez Universal en 1932. Il fait pression sur le studio et réalise Le Faucon maltais. En 1943, il devient correspondant de guerre. À son retour, il adapte Le Trésor de la Sierra Madre. Il réalise ensuite Key Largo (1948), Quand la ville dort (1950), African Queen (1952), Moulin Rouge (1952), Moby Dick (1956), Les Désaxés (1961). Il retrouve le succès avec L'Homme qui être roi (1975), Au-dessous du volcan(1984), L'Honneur des Prizzi (1985) et Les Gens de Dublin (1987), son dernier film.
Au-dessous du volcan (1947) de Malcolm Lowry est un roman réputé inadaptable. Porter pareille uvre au cinéma est donc un véritable dilemme car on risque de perdre en route toute la substance romanesque. Il est donc fortement conseillé de lire ce chef-duvre avant de voir le film (1984). John Huston nest néanmoins pas alors le cinéaste le plus improbable pour le projet ; il a déjà adapté bon nombre de romans dont Le Faucon maltais (Dashiell Hammet), La Charge victorieuse (Stephen Crane), L'Homme qui voulu être roi (Kipling), La Nuit de l'iguane (Tennessee Williams), Reflet dans un il d'or (Carson McCullers), Le Malin (Flannery O'Connor), Moby Dick (Herman Melville) et même La bible (1966) ! Réalisateur sérieux, Huston veut réellement aboutir à une uvre riche ne dénaturant pas le roman original, et il s'en sort avec sobriété et dignité, sans que l'on puisse parler pour autant de chef-d'oeuvre. Le pari était impossible à réaliser parfaitement.
Considéré comme le chefduvre de Lowry, mais aussi comme lun des grands ouvrages littéraires du XXe siècle, Au-dessous du Volcan décrit une série de relations complexes et destructrices, dans le cadre dune vaste évocation du Mexique. Nous sommes en 1938, à la veille de la Fête des morts. Geoffrey Firmin, l'ancien consul britannique, ivre-mort, comme chaque soir, boit pour oublier le départ, depuis un an, de sa femme, Yvonne. Apparaît alors une femme : Yvonne est revenue !...
L'intérêt de l'intrigue réside dans cet homme qui sombre lentement, las de lui-même et du monde, las de l'amour. Geoffrey Firmin est trop lucide et ne le supporte plus, accablé par la vérité et ce poids trop lourd à porter. Le film pâtit sans doute d'un déficit d'informations ; il procède par soustraction et refuse le flash-back. Si le consul est hanté par le souvenir des prisonniers de guerre qu'il a laissé massacrer, il l'évoque seulement à voix haute devant un barman indiffèrent. On ne sait pas grand chose non plus d'Yvonne, ni de sa carrière d'actrice. Le passé n'existe ici que dans la mesure où il hante les personnages qui l'évoquent de tant à autres. Le problème, c'est que, au cinéma, ce l'on ne voit pas n'existe pas vraiment... La mise en scène de Huston est sobre et intelligente mais sans doute trop prudente, paralysée par l'ampleur du roman. Elle manque en même temps d'une certaine originalité, de tragique, d'une démesure qui aurait donné au film une autre dimension. Un film qui, cepedant, reste très honorable t riche de nombreuses qualités.
Si l'on a quelques réserves sur Jacqueline Bisset, Albert Finney est en revanche remarquable. Il n'est pas si simple de jouer un homme ivre d'un bout à l'autre. On peut être en désaccord avec le cinéaste sur la soi-disant non auto-destruction du personnage (Huston pense qu'il va simplement jusqu'au bout de son combat) mais de fait, ce combat, et la manière dont il se comporte relèvent exemplairement de l'auto-destruction. Il représente une sorte d'dipe (c'est d'ailleurs le nom de son chat...), se crevant les yeux pour ne pas voir sa faute. Le second DVD est consacré à un reportage sur le film Au-dessous du volcan et sur le cinéaste avec une évocation de Gabriel Figueroa, chef opérateur sur Dieu est mort John Ford, La Nuit de l'iguane encore Los Olvidados de Buñuel.
Le troisième DVD renferme une autre adaptation d'un roman de la sudiste et fervente catholique Flannery O'Connor, Le Malin. Le film raconte les dérèglements d'un homme devenu prêcheur ambulant. Hazel Motes, résolu à suivre les traces de son grand-père, évangéliste qui parcourait les États du sud, fonde une secte nouvelle : l'Eglise sans Christ. Après avoir rencontré Asa Hawks, un aveugle qui essaie de convertir ses contemporains à ses convictions, il est hanté par le comportement de l'étrange bonhomme. Son fanatisme le pousse au crime et à l'auto-mutilation. La police le retrouvera agonisant dans un fossé, les souliers pleins de pierre et de verre pilé, et le torse ceint de fils de fer barbelé...
Un autre personnage plein de ressentiment au point de retourner sa violence contre lui-même ; le film ne dénonce pas particulièrement l'église ou le côté évangélique propre aux États-Unis. La critique est évidemment présente mais Le Malin décrit avant tout une région des États-Unis et ses murs fort étranges. Le film vaut aussi pour l'interprétation remarquable de Brad Dourif (qui jouait dans Vol au-dessus d'un nid de coucou de Milos Forman) et pour le climat inquiétant de ces "fous de Dieu" prêchant avant tout pour eux-mêmes. À noter que John Huston lui-même joue le rôle du père d'Hazel. Le DVD est complété par lémission "Ciné Regards" du 21 octobre 1979, un entretien entre John Huston et Michel Ciment, critique au sein de la revue "Positif".
Avec ces films, on voit bien ce qui a tenté le cinéaste dans ces deux portraits, cette façon de retourner contre soi-même une trop grande violence, cette façon d'être miné et rongé intérieurement par une trop grande vérité, au point que celle-ci aveugle et devienne insoutenable. Telle est la figure d'dipe, encore une fois, figure qui fascine le cinéaste. De plus, dans les deux cas, le personnage tente d'échapper à ses responsabilités et exercer sa violence d'abord contre son entourage. Ce qui débouche ensuite soit dans l'alcoolisme, soit dans des discours enflammés destinés à tout oublier, bref, à une auto-destruction programmée.
Au final, deux films dun cinéaste singulier, qui méritent amplement le détour.
Yannick Rolandeau ( Mis en ligne le 17/10/2008 ) Imprimer
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