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Films -> Drame |
Claire Dolan avec Lodge Kerrigan, Cartlidge Katrin, Meaney Colm, D'Onofrio Vincent MK2 - Découvertes 2002 / Durée DVD 95 mn. | Format image : 1:77:1. Ecran 16/9e compatible 4/3
Format son : DD 5.0 (VO), 2.0 (VF)
Bonus :
* Présentation de Thierry Jousse, des Cahiers du Cinéma
* bandes-annonces de la collection MK2 Imprimer
La trentaine, Claire Dolan (Katrin Cartlidge) vit seule à New York. Son quotidien : les chambres dhôtels aussi froides que luxueuses où la reçoivent des hommes daffaire de passage, le temps dun 5 à 7 ou dune soirée de toute façon solitaire. Claire Dolan est call-girl, une activité à laquelle la contraint Roland Cain (Colm Meaney), figure ambiguë de bienfaiteur de la famille et de maquereau à qui elle doit rembourser une mystérieuse dette. Deux événements vont venir enrayer ce fonctionnement pervers : la mère de Claire est emportée par un cancer, et la jeune femme croise la route dElton (Vincent D'Onofrio), un séduisant chauffeur de yellow cab.
Deuxième film du réalisateur américain Lodge Kerrigan (après le dérangeant Clean, Shaven en 1994), Claire Dolan passa à peu près inaperçu lors de sa sélection à Cannes en 1998 puis de sa sortie en France. Cette édition DVD, malheureusement très chiche en compléments (MK2 nous avait habitué à mieux), donne une nouvelle chance à cette oeuvre en tous points singulière.
Le générique fait ici office de manifeste esthétique : lalignement des façades de New York, avec leur perfection glacée, leur beauté figée, leurs jeux de miroirs, renvoie à la froideur qui régit le comportement des personnages. Froideur vitale pour Claire, qui noffre à ses clients quun support désincarné pour assouvir leurs fantasmes de pouvoir ; naïveté presque puérile chez Elton, amoureux « transi » et maladroit ; rage froide pour Cain, qui rend son emprise sur la jeune femme dautant plus effrayante. Il faut le voir, après avoir retrouvé Claire qui cherchait à senfuir, passer sa colère sur le chat en le balançant très calmement par la fenêtre, ou jeter au visage dElton « sa » vérité sur sa protégée (« Quand je lai connue, elle avait douze ans et jai tout de suite su que cétait une pute. Elle est née pute, elle mourra pute. »), pour prendre la mesure de la violence qui se dissimule derrière son visage poupin et ses costumes croisés.
Au diapason de cette caractérisation psychologique, la caméra de Kerrigan et la photographie au cordeau de son chef-opérateur installent sur toute la durée du film une distance bressonnienne entre le spectateur et lhistoire doù naît, paradoxalement, une émotion poignante que lon doit aussi à linterprétation magistrale de Katrin Cartlidge. Disparue en septembre 2002, elle incarne ici son plus beau rôle depuis linfirmière mutique de Breaking the Waves et, dans un registre interprétatif radicalement opposé, compose une Claire Dolan aussi bouleversante que la Sue dAnna Thompson (Sue perdue dans Manhattan, Amos Kollek, 1997).
Pierre Brévignon ( Mis en ligne le 11/10/2002 ) Imprimer | |
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