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Mother Nature
avec Lars Von Trier, Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe
M6 Video 2009 /  19,99  € - 130.93 ffr.
Durée film 110 mn.
Classification : - 16 ans

Sortie Cinéma, Pays : Danemark, 2009
Sortie DVD : 4 Novembre 2009

Version : 2 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 2,35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français Dolby Digital 2.0 et 5.1
Sous-titres : Français


DVD 1
- Le Film
- Commentaire audio du réalisateur
- Bandes annonces

DVD 2 : Bonus
- Confidences de Charlotte Gainsbourg
- Antichrist au Festival de Cannes 2009
- Commentaires audio de Lars Von Trier
- Interview de Willem Dafoe
- Confessions de Lars Von Trier
- L’identité visuelle du film
- L’identité musicale et sonore du film
- La création des décors
- La Femme, instrument du diable
- La pré-production
- Les trois mendiants
- Les effets spéciaux

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Dans son appartement cossu, d'un confort tout urbain, un couple fait l'amour, entre la douche et le divan, contre une machine à laver le blanc. Images au ralenti, photo en Noir & Blanc sur musique classique, plan porno, coït graphique... Leur enfant occupe l'autre moitié de la scène, descend de son lit, ouvre la porte de protection de sa chambre, grimpe sur une chaise pour voir de plus près la neige tomber de l'autre côté d'une fenêtre ouverte. Trébuche, tombe, et meurt pendant l'orgasme de ses parents... Prologue.

Deux chapitres suivent, «Grief» et «Chaos», le deuil et la peine. Le couple survit après l'accident. Elle (Charlotte Gainsbourg), pleure, exulte sa fragilité et sa douleur. Plus tard, elle hystérisera, si l'on peut dire, révélant la part animale, sauvage, la sorcière qui est en elle (c'est le sujet de sa thèse), dans une retraite au nom paradoxal, Eden... Lui (Willem Dafoe), il se contient, pleure sur l'instant puis reprend son rôle. Thérapeute, il entend soigner sa femme, l'accompagner dans son processus de deuil, calmer ses phobies. Mais, pris à son propre piège, il deviendra l'objet de celle qu'il entendait objectifier par son expertise : la science ne peut rien sur la douleur d'une mère qui, en retour, voit s'éveiller en elle toute la puissance d'une magie noire et tellurique. «La nature est l'Eglise de Satan», explique-t-elle à son époux, alors qu'une pluie de glands assomme leur chalet de montagne...

Le film, conte gore si l'on veut, se fonde sur ces oppositions formant une composition : nature et civilisation, magie et science, pulsion et raison, homme et femme, vie et mort. Des plans sur cette nature et ses mystères (une biche traînant un faon qu'elle n'a pas fini d'expulser, un renard doué de parole, des courants d'air suspects, des fougères qui bruissent) agrémentent le huis-clos conjugal. Des scènes de sexe, violentes et douloureuses, tressées à des scènes sanglantes, complètent ce tableau baroque. Eden est un enfer ; c'est d'ailleurs sur un plan à la Jérôme Bosch que se clôt le film...

Un film auquel il faut rendre justice contre le tsunami des outrances dont – c'est le jeu, c'est la règle – Cannes a accueilli en mai dernier les flots. Parce que les journalistes ont peu d'espace (2 minutes, une colonne, un paragraphe) et que l'époque encourage les offusquements faciles : Gore ? Pornographique ? Misogyne ? Ces jugements à l'emporte-pièce, arguties de simplets, sont de bien méchants arbres cachant une splendide forêt. Une forêt dense et enchanteresse, qui, comme tout les sous-bois, inquiète et peut terrifier, mais en laquelle se lovent des secrets et des mythes, des mystères et des révélations.

Lars Von Trier offre ainsi avec Antichrist une oeuvre complexe, sublime et généreuse, un film difficile certes, mais fascinant et magistralement réalisé. Ses acteurs sont au diapason. Charlotte Gainsbourg (Eva Green était pressentie au départ ; ne gagne-t-on pas au change ?) n'a pas volé son prix (voir son interview dans le DVD de bonus ; elle y est chavirante).


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 06/11/2009 )
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