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Films -> Drame |
Viol et vérité avec Thomas Lilti, Jonathan Zaccaï, Guillaume Depardieu, Lionel Abelanski France Télévisions Distribution 2003 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée DVD 120 mn. Durée film 81 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : France, 2007
Sortie DVD : 9 juillet 2008
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Aucun
Bonus :
- 2 courts métrages : Roue libre (11 min.) et Après lenfance (21 min.)
- La bande-annonce
L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire dun troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourdhui à lécriture de carnets et de romans. Il na pas publié entre autres Fou dHélène, LImprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence Imprimer
Sapparentant davantage à un téléfilm que la chaîne France 2, productrice du projet, aurait pu diffuser un vendredi soir, Les Yeux bandés ne laisse pas un grand souvenir cinématographique. On pense à la qualité du cinéma français dont le petit budget ne permet pas de grandes ambitions, mais aussi aux émissions de société portant sur les crimes crapuleux et le désespoir des victimes.
Si le point de départ de lhistoire nintéresse pas le réalisateur, les conséquences du drame, elles, vont loccuper pleinement puisquil sagira de montrer ce quun meurtre opère sur les victimes directes et indirectes qui dun coup se voient confrontées à leurs expériences personnelles et à la dure réalité.
Un viol, un meurtre, un suspect arrêté et une famille éclatée se recomposant le temps dune mise en examen, voilà en gros le sujet de ce film où fait divers, drame social et tension psychologique sont les thèmes principaux : Théo est un routier taciturne dont on apprend que son passé na pas été toujours rose. Il vit avec Louise qui attend un enfant de lui. La vie semblait déjà morose pour lui lorsquil apprend que son frère Martin (Guillaume Depardieu) est incarcéré pour avoir violé et tué une jeune fille qui nest autre que celle dun ancien voisin lorsquils habitaient le nord de la France. Dépité, il se rend sur les lieux pour tenter détablir la vérité sur le meurtre. Il rencontre ainsi sa mère adoptive, le père de la victime et son frère qui clame son innocence. Mais peu à peu les preuves saccumulent contre Martin. Parallèlement, il se souvient des jeunes années où apprentis délinquants, lui et son frère jouaient à se faire peur en commettant de petits délits. On comprend mieux comment les deux hommes en sont arrivés là. Lun sen est plus ou moins bien sorti quand lautre continue à violer la loi. Théo, déboussolé, paumé, décide duser de la violence pour le libérer ne parvenant pas à assumer la culpabilité de son frère.
Le cinéma de Thomas Lilti, sans être percutant, a le mérite de traiter son sujet. Ici, le fossé qui sépare la conscience de chacun de la réalité des faits. Martin est coupable mais lamour que Théo lui porte semble plus fort. Il refuse dadmettre la vérité qui pourtant devient évidente au fur et à mesure que le temps passe. Délaissant sa femme enceinte pour se rendre sur les lieux du crime, les rapports de Théo avec le père de la victime, son fils ainsi que sa mère deviennent conflictuels. Comment accepter que son frère soit un tueur et un violeur ? Et comment Martin accepte-t-il que Théo vienne le soutenir ? On apprend que la question a taraudé le réalisateur qui connaissait quelquun ayant fréquenté le maniaque sexuel Guy George sans rien connaître de ses crimes ; il a mis un certain temps avant daccepter sa culpabilité.
Le film suit donc la traversée solitaire de Théo, perdu dans cette ville glaciale du nord qui décidément offre un décor parfait pour ce type de fait divers sordide. Ce film mineur na pas les qualités esthétiques que l'on trouve chez un Bruno Dumont ou un Rodolphe Marconi, auxquels on pense de temps en temps lors de certains plans, notamment ces visages en souffrance et ces paysages déserts, mais il diffuse une belle idée, notamment à la fin, quand Théo comprend finalement que la seule manière dagir est dempêcher un nouveau crime.
Le film est porté par un acteur tout à fait intéressant, Jonathan Zaccaï ; il permet doublier les faiblesses du scénario et de certaines scènes (Notamment la façon dont est traitée son histoire damour avec Louise), en jouant tous les registres de lhomme fragilisé avec subtilité et persuasion. On suit avec intérêt les différentes étapes par lesquelles il passe. Jusquà ce quil accomplisse lacte puissant, provoquant, et par là-même, sa propre rédemption. Pas un grand film donc, mais un récit travaillé.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 11/07/2008 ) Imprimer
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