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Glauque is beautiful
avec Patrice Chéreau, Romain Duris, Charlotte Gainsbourg, Jean-Hugues Anglade
Arte Vidéo 2010 /  19,99  € - 130.93 ffr.
Durée film 96 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, 2009
Sortie DVD : 21 avril 2010

Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Aucun

Bonus :
- Making of (60 min.)

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Daniel (Romain Duris) est un homme en proie à ses idéaux, une raideur morale agitée de cauchemars. Nerveux, plutôt solitaire, mais charismatique et aimé, il est cette bouée en pleine mer, repère pour les autres, mais seul et soumis aux bourrasques. Daniel est anxieux, à fleur de peau... Il visite son père dans sa maison de retraite, prend son ami Michel sous son épaule, volontiers paternaliste, entre coaching et condescendance, et rêve pour sa petite amie, Sonia (Charlotte Gainsbourg) d'un amour pur, si pur qu'il le dépasserait lui-même, qu'il n'y trouve pas forcément une place pour eux deux...

Il scrute les gens (scène d'ouverture : il est subjugué par une femme tout juste giflée, sans raison, par un clodo quelconque), veut occuper l'espace. Daniel est une pile, un coeur de vie en fusion, à l'énergie violente et déprimée.

Quand surgit l'Autre (Jean-Hugues Anglade), le fou, l'anonyme qui hante d'un coup le quotidien, occupe aussi l'espace. Croisé à la sortie du métro - une clope, un salut -, il survient près du chantier dont Daniel s'occupe, s'y installe, s'y montre nu et y avoue son amour. Daniel est l'homme de sa vie. Un fou, le persécuteur évoqué par le titre du film...

Et un film glauque, dans ses ambiances comme le ton, ce vert pâle, malade et aquatique qu'affectionne Chéreau, qui teinte tous ses films de sa mélancolie. Le vert glauque des corps nus, ventousés mais toujours incommunicables : les scènes d'amour signent une vision tragique de l'existence, les corps n'y sont pas tangents mais asymptotiques, infinitésimalement proches et infiniment séparés.

On s'y perd un peu. On aimerait y suivre d'autres personnages que ce Daniel énervé (qui rappelle d'ailleurs un autre rôle de Duris, Tom dans De battre mon coeur s'est arrêté). En fait, on aimerait connaître mieux l'inconnu mystérieux, qui pourrait être le jeune Henri de L'Homme blessé (avec Anglade encore et Chéreau, toujours), 26 ans après. On aimerait que Sonia ait plus de chair. Elle est ici réduite au rôle de pivot entre deux hommes, faire-valoir de notre anti-héros sévèrement désabusé.

Le film, donc, dérange autant qu'il fascine, et apporte sa contribution à un puzzle, une oeuvre, l'art et la manière, l'oeil d'un cinéaste : du Chéreau tout craché.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 23/04/2010 )
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