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Trois hommes et leur destin
avec John Cassavetes, Ben Gazzara, Peter Falk, John Cassavetes
Wild Side Video 2012 /  24.98  € - 163.62 ffr.
Durée film 125 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 1970
Sortie DVD : 4 Avril 2012

Version : 3 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Format 1.85
Format image : Couleurs
Format audio : Anglais 2.0 mono
Sous-titres : Français


DVD 1 :
Film en version courte cinéma (125 mon.)

DVD 2 :
Film en version longue (136 min.)

DVD 3 : Bonus vidéo
- «Anything for John» : documentaire sur John Cassavetes (90 min.)
- Conversation entre Peter Falk et Al Ruban (29 min.)
- Bandes annonces
- Filmographies

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John Cassavetes (1929-1989) s'est imposé comme un cinéaste à part dans le monde du cinéma indépendant. Comédien tout d'abord, il débute au théâtre puis à la télévision, dans des séries télévisées (Johnny Staccato) puis au cinéma dans Face au crime de Don Siegel. En 1959, il réalise Shadows, tourné avec une troupe d'amateurs et avec ses propres moyens (après avoir fait tout de même un appel à des dons). Le film donne le ton d’un nouveau style dit «libre» : caméra à la main, gros plans sur les visages, tellement d'ailleurs que ce style documentaire passe du côté de la fiction. En rupture avec l'industrie hollywoodienne avec laquelle il a eu une expérience désagréable, son cinéma évolue vers un ton qui lui est propre. Faces, Une femme sous influence, Opening Night illustrent une mise en scène similaire.

Shadows a en tout cas engagé le réalisateur et une partie du cinéma américain dans la voie de la création indépendante. Ce nouveau naturalisme n’est pas en soi une bonne nouvelle, pensons-nous, car ces films confondent vie et cinéma en plus de se poser, par ce style «décousu», en opposition trop radicale à Hollywood. Or le classicisme n’est pas forcément un académisme. John Cassavetes a néanmoins un talent indéniable par rapport à ses suiveurs. Sa grande force est le jeu d’acteurs qu'il place au centre de son dispositif cinématographique. Avec un petit groupe d’amis, Peter Falk ou Ben Gazzara, son épouse Gena Rowlands, il affine sa manière de faire.

C’est en 1970 que John Cassavetes réunit pour la première fois à ses côtés les deux premiers acteurs ici cités. Husbands bénéficie des financements importants d'un mécène italien, Bino Cirogna, un homme d'affaires. Le film est une longue divagation, l'errance de trois amis inséparables qui tentent d’oublier le destin tragique de la vie. Il conte l’histoire de trois quadragénaires, Harry (Ben Gazzara), Archie Black (Peter Falk) et Gus Demetri (John Cassavetes), qui, après la mort d’un de leur ami, décident sur un coup de tête d’échapper à leur existence tout ordonnée. Pendant quelques jours de dérive, de drague et de beuveries, notamment à Londres, ils tentent de mener une autre existence, au jour le jour.

Ils ne sont pas des rebelles pour autant (aucun discours social ou révolutionnaire ici) et savent qu'ils ne peuvent pas échapper au cycle impitoyable de la vie. Ils ne remettent donc pas en cause leur vie pour une vie meilleure par exemple mais ils s’offrent quelques déviations dont certaines (tromper sa femme) ne sont pas reluisantes. La fin, d’ailleurs, voit deux d’entre-eux (Archie et Gus) revenir à la maison avec des cadeaux pleins les bras, histoire de se faire pardonner leurs écarts de conduite devant leurs épouses et à leurs enfants. D'où le titre du film. Simplement l'expression d'une espèce de lassitude de la vie elle-même, une inquiétude envers la vieillesse et ses premières manifestations, envers la mort qui a frappé un des leurs. Le constat est amer car il n’y a pas de solution, en définitive.

Ces trois hommes, buveurs et fumeurs impénitents, sont filmés au plus près, dans leur saoulerie et leurs nombreuses crises de rire, leurs pitreries et autres divagations langagières. La scène où ils vomissent dans les toilettes après la longue séquence de beuverie est assez mémorable par l'effet de réalisme instauré (John Cassavetes ne nous épargne pas non plus les pets de ses personnages !). Rien de vulgaire cependant. Sur ce point, l’interprétation est remarquable et l’on est étonné d’un tel allant dans ce style en apparence improvisé mais sans doute pas tant que cela. Au cinéma, tout doit être calculé (ne serait-ce que la mise au point et le cadrage, sans parler de la lumière). Or, à quelques exceptions près, Husbands est fort bien cadré, sans flou important dans la durée. Ce cinéma est très «pensé» en amont pour rendre ce «naturel» qui donc n’a plus grand-chose à avoir avec le naturel lui-même.

Husbands constitue ainsi une expérience singulière, «délirante» et «folle», une "méditation décalée et amicale" sur la vie et la mort et surtout sur le sentiment que l’on peut en retirer en général.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 30/03/2012 )
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