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L'Ombre d'un arbre sur un oasis avec Lee Chang-dong, Sol Kyung-Gu, Moon So-Ri Arte Vidéo 2004 / 25 € - 163.75 ffr. Durée DVD 170 mn. Durée film 132 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma : 2002, Corée du sud
Titre original : Oasis
Version : DVD9/Zone 2
Format vidéo : 2.0
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français (Dolby 5.1), Coréen (Dolby 5.1)
Sous-titres : Français
Bonus :
Le travail de l’acteur Sol Kyung-Gu (VOST, 8 mn 06)
Le travail de l’actrice Moon So-Ri (VOST, 8 mn 24)
Les enjeux du film par Lee Chang-Dong (VOST 14 mn 22)
Bande-annonce (1 mn 52)
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Les premières images du film, tournées caméra à lépaule façon documentaire, sattachent aux pas hésitants dun jeune homme au comportement quelque peu décalé et puéril, Hong Jong-du. Venant de purger une peine pour avoir tué un homme dans un accident de voiture, il erre sur les trottoirs de Séoul au milieu des passants et des bruits de la rue avant dêtre récupéré par sa famille peu encline à le faire. Lors dune visite au foyer de lhomme dont il a été jugé responsable de la mort, il rencontre sa fille gravement paralysée, Gong-ju, signifiant ironiquement « princesse » en coréen, vivant dans un misérable appartement, quasiment abandonnée par son frère censé soccuper delle. Entre ces deux marginaux, ne répondant pas aux critères normatifs imposés par la société, limprobable se produit alors car ils tombent amoureux malgré la désapprobation de leur entourage.
Jusqu'à lintrusion dans sa vie de Hong Jong-du, une tapisserie clouée au mur représentant un paysage exotique où une danseuse indienne, un jeune joueur de flûte et un éléphant évoluent dans une palmeraie, constituait lunique moyen dévasion pour Gong-ju. Cette tenture murale, aux motifs simplistes avec linscription Oasis, en lettres latines, écrite au bas, joue un rôle de référent puisque dès le générique du début un long plan la fixe et quelle intervient dans les scènes clés du film en servant de catalyseur aux rêves de la jeune fille. Dans cet univers hostile, la fuite ne peut être en effet que virtuelle.
Le cinéaste réussit le délicat exercice de faire coexister le monde réel et un monde chimérique en alternant des scènes crues dénuées de complaisance avec des instants oniriques contrastant avec la rusticité de lappartement. Lomniprésence du blanc chez Jong-du, symbolisant la pureté des deux personnages face aux bassesses et aux mesquineries des gens autour deux, est la couleur de la colombe voletant à travers la pièce et celle des papillons créés par une parcellisation de rais de lumière obtenus grâce à leur réflexion sur un miroir brisé. Les scènes où elle imagine quelle est débarrassée de son handicap sont, par contre, un peu moins abouties à linstar de celle où les personnages représentés sur la tapisserie prennent vie pour venir danser parmi eux.
En filigrane de cette histoire damour atypique, Lee Chang-Dong se livre à une sévère critique sociale en dénonçant notamment les pertes des valeurs familiales et les problèmes de prise en charge des handicapés en Corée du sud. Les deux personnages principaux, interprétés par Sol Kyung-gu et Moon So-ri, également acteurs dans Peppermint candy (1999) du même réalisateur, affrontent en toute innocence cette communauté bourrée de préjugés obsédée par le profit. La personnalité de Hong Jong-du se révèle à la fois complexe et simple car cet éternel adolescent, qui a des difficultés à réfréner ses envies et ses pulsions, oscille en permanence entre violence et fragilité sans comprendre les codes de la société dans laquelle il vit. Sa rencontre avec Jong-du va lui permettre dêtre plus responsable en cherchant la Rédemption et lintégration tandis que lintérêt quil porte à la jeune fille va quant à lui donner lopportunité à Jong-du de découvrir sa féminité et le goût de vivre en surmontant les barrières de son handicap.
Le cinéaste a voulu éviter tout conventionnalisme dans sa manière de filmer cette histoire damour entre ces oubliés de la vie comme il lexplique dans son interview compris dans le bonus du DVD qui offre également un making-of du film et des entretiens avec les deux acteurs principaux. Et même sil les affleure, il ne tombe pas complètement dans les clichés inhérents à certains films asiatiques, telles que les scènes incontournables de karaoké dans des bars aux lumières tamisées ou les traditionnelles ballades de nuit en scooter, car il filme avec une certaine distance poétique qui nexclut pas cependant une empathie réelle avec les personnages.
Ce troisième film, après Poisson vert (1997) et Peppermint candy, de ce cinéaste, qui est aussi ministre de la culture de son pays, prouve la vitalité du cinéma coréen qui a su résister au quotas de production de films voulu par le pouvoir en 1999 en offrant un large éventail par le choix des sujets et par leurs traitements. Les films de Lee Chang-Dong restent cependant plus proches de la chronique sociale dérangeante, comme ceux de Hong Sang-soo, que les productions académiques et esthétisantes tournées par un réalisateur institutionnalisé tel quIm Kwon-taek.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 23/05/2004 ) Imprimer | |
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