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Le Regard de la méduse avec Kiyoshi Kurosawa, Joe Odagiri, Asano Tadanobu, Tatsuya Fuji Arte Vidéo 2004 / 26 € - 170.3 ffr. Durée film 92 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma : 2003, Japon
Titre original : Akarui mirai
Version : DV9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33
Format audio : Japonais, Dolby digital 2.0
Sous-titres : Français
Bonus :
Entretien avec Kiyoshi Kurosawa
Bandes-annonces de Kaïro et Jellyfish
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Deux jeunes désuvrés, Mamoru et Yuji, travaillent dans la même usine de blanchisserie, tandis que le premier se passionne pour sa méduse rouge venimeuse, le second partage ses loisirs entre la musique et les salles de jeux. Mamoru finit par confier lanimal aux soins de son ami avant dassassiner sans mobiles apparents son supérieur hiérarchique et sa femme. Yuji, qui se complet dans un univers virtuel fait de jeux vidéos, de mangas et de rêves prémonitoires, perd alors son seul soutien.
Kiyoshi Kurosawa abandonne le surnaturel, quil avait notamment abordé dans Séance (2000) et Kaïro (2001), mais, malgré le réalisme des situations, des passerelles perdurent entre le monde des morts et celui des vivants. Ainsi, le fantastique simmisce dans le quotidien lorsque le spectre de Mamoru intervient sur le cours des événements et des réminiscences poignent en la présence fantomatique dune fillette mutique aux longs cheveux. Ce travail sur la frontière floue entre illusion et réalité, comme le cinéaste le précise dans un entretien inclus dans le bonus, est un thème qui parcourt son uvre. Cependant, dans Jellyfish, il jette un regard sans concessions et moins parabolique en mettant en scène la désagrégation de la cellule familiale ainsi que la crise existentielle des jeunes japonais en perte de repères depuis la crise des années 1990. En effet, Mamoru et Yuji, à linstar dun nombre grandissant de jeunes, ne veulent pas sinsérer dans le monde annihilant du travail qui cultive brimades et esprit grégaire. Ils préfèrent vivre au jour le jour en cumulant des arubaito (petits boulots), traînant dans le dédale des rues dun Tokyo déshumanisé et désertique se situant loin de lagitation du quartier daffaire de Shinjuku. Cette autre image de la mégalopole, où les buildings illuminés sont regardés de loin, colle parfaitement à la définition d« immense vide » donné par le cinéaste Yoshishige Yoshida.
Ce vide générateur de désespoir traduit létat psychologique des protagonistes et favorise un phénomène qui sévit de plus en plus sur larchipel car des crimes similaires à celui de Mamoru, commis par des adolescents repliés sur eux-mêmes frappés du syndrome dhikikomori, se multiplient. Yuji, en permanence sur la corde raide, est finalement recueilli par le père de Mamoru, interprété par Tatsuya Fuji célèbre pour son rôle dans LEmpire des sens de Nagisa Oshima. Le jeune garçon finit par retrouver un espoir de retour à la réalité grâce à la main tendue par ce vieil homme dont la tragédie a fait prendre conscience de la délitescence de ses liens familiaux. Dans cet univers cruel, la phosphorescence de la méduse le conduit également dans cette voie. La symbolique de cette lumière onirique y joue un double rôle car elle génère tout dabord une fascination morbide, tel le regard de la gorgone Méduse pétrifiait ceux qui le fixaient, et représente lâme de Mamoru, qui en irradiant continue à montrer le chemin à son ami par delà la mort. Le cinéaste dédouble également les regards, il privilégie la subjectivité par des cadrages décentrés et des contre-plongées ainsi que par des images brutes à gros grains, comme filmées par une caméra de vidéosurveillance, tandis que celles en haute définition numérique observent les choses de loin avec un regard glacé et objectif. Il existait déjà les prémices dun tel dispositif dans son uvre Kaïro avec la présence dimages vidéos.
Ce film, présenté dans la sélection officielle au festival de Cannes en 2003, reste donc très différent de ses précédentes productions mais il est toutefois moins convaincant. Le cinéaste paraît être moins à laise avec le réalisme froid et descriptif, loin du burlesque de License to live (1998). Kurosawa prend même des raccourcis un peu pesants et simplistes en se servant de leffet désuet du split screen pour insister sur lisolement des personnages. Jellyfish, qui devait à lorigine reprendre la traduction littérale en anglais du titre ironique japonais Bright future, est donc une uvre mineure qui se traîne un peu comme les personnages nonchalants de lhistoire. Cependant, certains côtés demeurent intéressants car ils donnent un éclairage sociologique sur la déliquescence de la société japonaise et sinscrivent dans le propos global du cinéaste qui décline de diverses manières toujours les mêmes problématiques en parlant de la crise de la famille et des institutions, du manque de communication entre générations et de la solitude.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 05/07/2004 ) Imprimer | |
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