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Le Fils des limbes célestes avec Wang Chao, Jie Zhu, Yi Yue Sen Arte Vidéo 2004 / 26 € - 170.3 ffr. Durée film 84 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma : 2001, Chine
Titre original : Anyang de yinger/The orphan of Anyang
Version : Zone 2/PAL
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.33 :1
Format audio : Chinois dolby surround 2.0
Sous-titres : Français
Bonus :
Un documentaire de Stéphanie Haski, Rencontres autour de L’orphelin d’Anyang
Des entretiens avec le réalisateur, les acteurs et le producteur
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Yu Dagang, petit bonhomme triste récemment licencié de son usine sans indemnités, comme des milliers dautres ouvriers, se retrouve sans ressources. Cette précarité le pousse à soccuper du nouveau-né dune prostituée, Feng Yanli, pour 200 yuans par mois. Des relations se nouent alors entre les membres de cette famille recomposée jusquau jour où le père, un chef de gang se sachant condamné par une leucémie, souhaite récupérer son fils.
Lhistoire de cet enfant abandonné et recueilli se situe à Anyang, dans la province du Henan, bien que le tournage eut en fait lieu non loin, à Kaifeng. Cette ville présente lavantage de conjuguer des éléments anciens et modernes, avec des centres industriels vétustes, où les prolétaires, valorisés sous lère maoïste, doivent désormais vivre de petits travaux et du système D. Le thème des ravages dus à la lente agonie des complexes industriels face aux délocalisations dans le centre du Pays est aussi lobjet du documentaire de Wang Bing, A lOuest des rails (2003), tourné au nord-est, à Shenyang.
Lorphelin dAnyang annonce la perte des valeurs dune société tournée désormais vers un capitalisme libéral dont les seuls espoirs se reportent sur lenfant unique conséquence dune politique de natalité drastique. Le réalisateur filme le désarroi et le fatalisme de ces laissés-pour-compte du miracle économique chinois avec sobriété et contemplation. Il observe dun regard sans pathos leur lutte quotidienne, ainsi que leur solitude qui transparaît dès les premiers plans lorsque Dagang erre dans les allées désertées de son ancienne usine. Tel un fantôme, il déambule dans des espaces désertiques où les seules traces de présence humaine sont perceptibles à travers des bruits de véhicules ou de machines. Ces scènes reprennent le motif de la peinture traditionnelle chinoise, métaphore de la condition humaine, où la présence de lhomme apparaît insignifiante devant limmensité de la nature. Ce désarroi sexprime dès le long plan dintroduction, repris une nouvelle fois un peu plus tard, filmant en contre-plongée une ampoule allumée se détachant du plafond de couleur bleu, seul soleil factice que Dagang peut contempler dans un ciel azuré. Les personnages centraux se retrouvent ainsi fréquemment seuls et lorsquils se rencontrent, peu de paroles sont échangées. Grâce à ce silence et à cette économie de mots, le réalisateur se livre à une observation distanciée en évitant également les gros plans ou les plans rapprochés, et en mettant les bruits du quotidien au même niveau sonore que les dialogues.
La volonté de réalisme proche du documentaire sinspire du vécu du cinéaste qui a travaillé quelques temps dans lusine automobile où était employé son père, à Nanjing. Laspect naturalisme est aussi appuyé par la volonté de distribuer les rôles, hormis celui de la prostituée, à des acteurs non professionnels, et par le découpage même du film qui contrebalance tous les artifices de la mise en scène. Lorphelin dAnyang est ainsi composé de douze parties dinégales longueurs ponctuées par un noir à lécran de quelques secondes. Cette chronique de vies ordinaires dans la Chine contemporaine présente cette similitude avec luvre de Jean-Luc Godard, Vivre sa vie (1962), qui narrait dans un même nombre de scènes, faisant référence à la Passion christique en douze tableaux symbolisant les stations du chemin de croix, la vie dune prostituée voulant, elle aussi, saffranchir de son proxénète.
Le film, Grand prix du meilleur film étranger à Belfort et sélectionné à Cannes pour la quinzaine des réalisateurs en 2001, révèle une maîtrise impressionnante pour un premier long métrage. Cela est en partie due à la lente maturation du projet car Wang Chao a dabord écrit le roman, quil a conçu comme un scénario, en attendant les moyens financiers pour le réaliser. Le cinéma de Wang Chao est une vraie découverte et appartient à la veine des films dauteurs chinois qui trouvent désormais leurs places parmi une production cinématographique plus académique. Lorphelin dAnyang offre une écriture originale et un vocabulaire novateur dans sa science du hors champ et de lellipse notamment dans la scène de laffrontement entre Dagang et le chef de gang, Si-de. Le supplément, quant à lui, présente une série dinterviews des deux acteurs principaux et de Wang Chao, ainsi que de son producteur, racontant comment le film a pu voir le jour malgré nombres de déboires rencontrés.
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 10/08/2004 ) Imprimer | |
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