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La Passion du Christ
avec Mel Gibson, Jim Caviezel, Monica Bellucci, Maia Morgenstern
TF1 Vidéo 2004 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 127 mn.
Classification : - 12 ans

Sortie Cinéma : USA, 2003
Titre original : The Passion

Version : DVD 9 / Zone 2
Format image : Format 2.35 - 16/9 compatible 4/3
Format audio : Latin, Hébreu, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Anglais, Français

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C’est devenu un marronnier journalistique que de mentionner les ravages du politiquement correct. Mais comment qualifier autrement l’ahurissante campagne d’hystérie qui a précédé et accompagné la sortie de La Passion de Mel Gibson, aux États-Unis en février 2004, et en France quelques mois plus tard ? Avant même d’avoir pu visionner le film, certains se sont livrés à un étonnant processus de simplification : Mel Gibson, comédien connu pour ses films violents (L’Arme fatale, Pay back…) et ses positions conservatrices (très croyant, père de famille nombreuse, défenseur des valeurs traditionnelles), a décidé de faire un film sur les dernières heures de la vie du Christ, depuis son arrestation jusqu’à sa mise en croix. Gibson n’est pas un intellectuel et par conséquent, il est déjà mal barré. D’ailleurs, Mel Gibson est quasiment d’extrême droite, de toute façon (vu les positions qu’il a). S’il est d’extrême droite, il est antisémite. Donc il est nazi. Donc il va faire un film bourré d’erreurs, antisémite et nazi. CQFD. D’ailleurs, le film sort aux États-Unis et… il remporte un succès énorme (La Passion a rapporté 60 millions pour une mise de fonds initial de la moitié). En pleine dévotion altermondialiste et pro-Michael Moore (aux démarches tellement démocratiques du « coupé pour faciliter le montage »), voilà qui fournit aux fanas du raccourci le coup fatal : l’Amérique encense le film de Gibson, sa violence, son traditionalisme, son antisémitisme. Au secours ! L’Amérique de Bush ne passera pas !

Las ! Ces discours affligeants, on a pu en prendre connaissance dans la quasi-totalité des médias français entre février et avril 2004 (dont une couverture affolée de Télérama à mourir de rire). Mais vite, voilà que La Passion de Gibson – qui en plus, a l’outrecuidance de faire du merchandising autour de son film – va sortir en France. Eh bien non, on ne le passera pas, il faut résister à cette Amérique des ténèbres qui célèbre en bloc ce climax de violence et de bestialité ! Sauf que… sauf que… si certains, un peu moins électrisés par le flot des non-évènements et des « phénomènes » (le « phénomène » des lolitas, le « phénomène » du voile, le « phénomène » de la télé réalité, le « phénomène » du succès des Choristes et du retour de l’autorité à l’ancienne et blablabla), s’étaient déplacés aux États-Unis pour faire leur travail, ils auraient pu constater que non, les choses n’étaient pas si simples. Que là-bas aussi, le film de Gibson avait posé problème, par sa mise en scène excessivement brutale et son esthétique gore. Que les critiques étaient plus que mitigées. Que l’Amérique n’applaudissait pas La Passion à l’unisson, bien au contraire. Que certains croyants (protestants, catholiques, juifs) attendaient les passants dans les rues après que ceux-ci ont vu le film, essayant d’engager le débat. Mais le scandale est tellement plus vendeur. Gibson nazi, antisémite et d’extrême droite, tellement plus accrocheur. D’ailleurs le film au fait ? Ah, mais le film, peu l’ont vu, c’est bien ça le problème, et l’on espère que cette sortie en DVD lui redonnera une seconde vie.

Si l’on garde la tête froide, on pourra effectivement, très objectivement, dire que Gibson n’est ni Pasolini, ni Scorcese, ni Zeffirelli. Que les mouvements balourds de caméra auraient sans doute gagné à moins de trépidations. Que les métaphores parfois peu fines (le Diable ressemble à Marilyn Manson !) et cette mise en scène très « virile » peuvent parfois déranger. Que les Romains de Palestine parlaient grec et non pas latin. Que l’éprouvante scène de la flagellation n’est pas mentionnée de façon aussi détaillée dans les Évangiles. Que réduire le Christ à cette bête égarée et sacrificielle sanguinolente n’est que raccourci.
Pourtant, il résulte de La Passion une force indéniable, un chamboulement évident que le spectateur peut ressentir face à la majesté des acteurs, la force de cette traversée fondatrice, l’abandon total de Gibson à son sujet. De même, les accusations d’antisémitisme tombent d’elles-mêmes à la vision du film (d’autant plus quand on sait que l’actrice Maria Morgenstern, qui interprète Marie, est une juive pratiquante dont le père est mort en camp de concentration). Oui, on peut trouver cette Passion belle et forte, elle peut toucher directement au cœur, certes avec facilité et un peu trop d’éclat, celui qui n’a pas lu tous les livres, qui n’a pas en mains toutes les clefs du magma théologique mondial pour comprendre la complexité du monde. Que le film peut remuer, par sa force primitive, celui qui est en recherche, un peu perdu dans ses attentes. Qu’il peut amener à relire la Bible, par exemple. A-t-on le droit de trouver que la Passion est un film bouleversant, dont l’amour supplante souvent la violence (au travers des nombreux flashbacks portant sur l’enseignement de Jésus) ? A-t-on le droit d’applaudir ? Sans être voué aux gémonies de la pensée unique et tiédasse ?



Caroline Bee
( Mis en ligne le 08/11/2004 )
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