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Pour Giselle
avec Pierre Boutron, Michel Galabru, Julie Delarme, Thomas Jouannet
France Télévisions Distribution 2005 /  20.99  € - 137.48 ffr.
Durée film 92 mn.
Classification : Tous publics

Diffusion télévision : 2004, France
Sortie DVD : janvier 2005

Version : DVD9 / Zone 2
Format vidéo : 1.66
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format audio : français (stéréo)

Bonus :
Biographie sélective de Vercors
Partie DVD-Rom : lien Internet

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1941, l’armée d’occupation allemande réquisitionne la maison où vivent un homme âgé (Michel Galabru) et sa petite fille Jeanne (Julie Delarme), pour loger un officier de la Wehrmacht (Thomas Jouannet). Werner von Ebrennac, musicien esthète et cultivé, essaie d’établir le contact mais se heurte au mutisme de ses hôtes contraints d’accepter sa présence. Soir après soir, lorsqu’il les rejoint au salon, l’officier soliloque en exprimant son dégoût de la guerre, et en affirmant son amour de la culture française. Malgré sa satisfaction de ne pas être logé chez des collaborateurs, et leur dignité face à l’occupant, il s’impose comme défi de rompre leur silence. Idéaliste, il souhaite les convaincre du bien fondé de cette guerre qui, le croit-il, une fois achevée unira leurs deux cultures.

Diffusé sur France 2 en octobre 2004, et réalisé par Pierre Boutron, qui avait auparavant signé L’Affaire Dominici également pour la télévision, ce téléfilm adapte deux nouvelles de Vercors (nom de combattant de Jean Bruller). Ces courtes histoires s’attachent à décrire les deux types de résistances adoptés par certains français face à l’ennemi durant la Seconde Guerre Mondiale. Ce Jour-là conte l’arrestation d’un couple de résistants vue au travers les yeux de leur petit garçon, tandis que Le Silence de la mer dépeint l’opposition passive, et mutique, face à l’occupation allemande. Le Silence de la mer, présent dans le premier ouvrage publié clandestinement en 1942 par les Editions de Minuit créées par l’auteur Pierre de Lescure, a promptement symbolisé, pour beaucoup de lecteurs, l’image de la résistance en France.

Le téléfilm, prix du meilleur téléfilm unitaire, de la meilleure interprétation féminine et de la meilleure musique au festival de la fiction de St Tropez 2004, restitue bien cette période de l’occupation allemande en France. Le réalisateur met habillement en scène l’opposition de deux membres d’une même famille usant de l’unique arme dont ils disposent, le silence, et ce, malgré le fait qu’ils n’éprouvent aucune animosité particulière envers l’officier allemand. Leurs relations tacites vont se transformer au fil des mois en estime réciproque, et même en sentiment amoureux pour la jeune fille. Cette adaptation bien rythmée, grâce au rajout de nombreux dialogues par rapport à la nouvelle, se regarde sans déplaisir. Les interprétations de Galabru (d’une sobriété qui lui va bien), de Julie Delarme (dynamique et volontaire), ainsi que des seconds rôles, sonnent souvent juste. En revanche, les Allemands sont, à l’instar de la plupart des oeuvres de fiction relatant cette période, caricaturaux et dépeints sans beaucoup de subtilités.

Cette fiction se révèle assez proche de la nouvelle, restituant fidèlement les monologues de Werner von Ebrennac, et c’est aussi cela qui pose problème. Le téléfilm n’intègre pas le fait que Le Silence de la mer ait été écrit avant la révélation de l’existence des camps de concentration et de la barbarie nazie. A travers cette œuvre, Vercors voulait lancer un appel à l’humanisme allemand à se révolter contre la dictature hitlérienne, mais la découverte, après guerre, de l’ignominie a poussé l’écrivain à durcir ses positions. Jean-Pierre Melville a également adapté ce récit anti-cinématographique, sans échange de dialogues, en utilisant la voix off de l’oncle qui se remémore ces événements que l’image réitère de façon plus radicale et stylisée que dans le téléfilm. Cependant, le cinéaste, dès 1947, a compris que l’officier allemand ne pouvait plus se contenter de se révolter contre la volonté de l’anéantissement de la culture française et la soumission de l’Europe, et montre que son changement d’attitude s’opère après un voyage à Paris où il apprend l’existence de toute l’horreur nazie. Le téléfilm colle donc trop au texte sans tenir compte des révélations historiques, et demeure aussi trop manichéen. Il établit un contraste facile en distinguant les méthodes brutales et inhumaines de la Gestapo à celles de la Wehrmacht, or on connaît désormais l’implication de l’armée allemande dans de nombreux crimes et exactions. Il oppose aussi sans trop de finesse la noblesse, la culture et la compassion de l’officier allemand à la rusticité de ses compagnons d’armes. Les questions touchant à la seconde guerre mondiale, et à la résistance, restent délicates à traiter, et il est dommage que ce téléfilm, au demeurant de qualité, aborde tant de points complexes et douloureux d’une manière aussi superficielle.


Corinne Garnier
( Mis en ligne le 31/01/2005 )
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