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Les amants de nuit
avec Nicholas Ray, Farley Granger, Howard da Silva, Cathy O’Donnell
Editions Montparnasse 2004 /  22.40  € - 146.72 ffr.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : Etats-Unis, 1948
Titre original : They live by night

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 1.33 compatible 4/3
Format audio : Mono restauré et re-mastering digital 5.1 Anglais
Sous-titres : Français

DVD Collector
Bonus :
Un livret prestige sur Nicholas Ray (16 pages)
"I'm a Stranger Here Myself" : portrait de Nicholas Ray (45')
"L'amour la nuit" : entretien avec Bernard Eisenschitz (25')
"C'était un homme étrange", souvenirs de Farley Granger (11'

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Après des études d’architecture avec Frank Lloyd Wright puis un passage à la radio et à la télévision, Nicholas Ray devient acteur au théâtre. Il y rencontre le metteur en scène Elia Kazan avec qui il collabore avant de réaliser lui-même son premier film Les amants de la nuit. Sa filmographie compte des œuvres comme Johnny Guitar (1954), western considéré par beaucoup comme son chef-d’œuvre ou le mythique Fureur de vivre (1955) qui réunit le couple légendaire James Dean / Natalie Wood.

Les premières images des Amants de la nuit nous montrent un jeune couple, Keechie et Bowie, s’embrassant tendrement avant d’être surpris par la caméra. Pendant cette scène sensuelle défile ce texte en voix off : « Ce garçon et cette fille sont étrangers au monde où nous vivons. Voici leur histoire…»
Ce pré-générique – concept inédit à l’époque – s’achève tandis que les premières scènes du film se concentrent sur le périple de trois évadés de prison en cavale, Bowie (Farley Granger), T. Dub et Chickamaw (Howard da Silva) qui vont trouver refuge chez le frère de celui-ci et de sa fille Keechie (Cathy O’Donnell).
Les « trois mousquetaires », comme ils aiment se rebaptiser, laissent au fil du temps éclater leurs divergences. Pour T. Dub et Chickamaw, les plus âgés, le banditisme est un art de vivre. Quant à Bowie, à 23 ans, il souhaite sortir de ce milieu ; mais sous la pression de ses deux acolytes qui l’ont aidé à s’évader, il réalise ce qu’il veut considérer comme son dernier braquage. Ce forfait doit lui permettre de se payer un avocat afin d’être rejugé et vivre enfin libre. Mais tout ne se déroule pas comme prévu et à l’issue du braquage, Bowie se retrouve coupable d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Il décide alors de s’enfuir avec Keechie…

C’est sur les bases de cette intrigue que Ray va prendre de la hauteur et transporter le spectateur au cœur de l’Amérique des exclus et dépeindre le milieu clos du banditisme à travers des personnages qui, du premier aux seconds rôles, se révèlent aussi complexes qu’attachants. Dans cet univers exclusivement masculin violent, les dames n’ont d’autre choix que celui de s’imposer. Ainsi, Mattie et Keechie sont-elles des femmes de tête bien déterminées à s’extraire d’un milieu oppressant qui les condamnerait à l’immobilisme. Quant au trio de choc, aussi hétéroclite soit-il, il s’unit autour de l’idée simple qu’amasser de l’argent est la seule façon de sortir du statut de citoyen de seconde zone qui leur colle à la peau. Chickamaw parle de sa volonté de « faire comme les autres » et part s’acheter une voiture et un costume neufs ; Bowie évoque le souhait de s’offrir un avocat pour repartir dans la vie, délesté d’un casier judiciaire encombrant. Mais sortir de la marginalité est-il encore possible ? La société est-elle prête à leur offrir une seconde chance ? Et si tel était le cas, seraient-ils prêts à la saisir ? Le cinéaste a son propre avis sur la question et semble nous dire qu’il est des barrières qui s’érigent bien au-delà des barreaux de prison.

On soulignera l’interprétation sans faille des acteurs face à des personnages difficiles, au regard qui masque mal des pulsions violentes dans ce milieu interlope où la tension est sans cesse palpable. Outre la force d’évocation des personnages, le film nous touche par sa beauté plastique. L’action se déroulant essentiellement la nuit, cela donne lieu à de multiples variations de jeux d’ombre et de lumière qui donnent un relief aux personnages et à la nature environnante et confère à l’image son côté charnel, presque tridimensionnel.

Quant aux bonus, ils raviront les cinéphiles et les autres puisque les Editions Montparnasse nous proposent un très beau coffret illustré de photos du film où l’on trouvera de nombreuses interviews dont celle de Truffaut qui nous dit son goût immodéré pour Johnny Guitar. Tandis que son producteur John Houseman nous livre une clef essentielle pour lire les œuvres de Nicholas Ray en les replaçant dans leur contexte historique – la Grande Dépression – où s’origine le lyrisme exalté et la noirceur du propos du cinéaste. Notons également des interviews de Bernard Eisenschitz, spécialiste de Ray, qui apporte quelques éclairages sur le film et en souligne le caractère novateur ainsi que des entretiens avec Natalie Wood et Farley Granger, évoquant sa rencontre avec Ray.

En outre, un document rare nous permet d’appréhender les méthodes de travail du cinéaste en nous introduisant dans les coulisses du tournage de son dernier long-métrage We can’t go home again qui s’étendit de 1971 à 1973. Dans un livret-photos, son assistant Tom Farrell revient sur la genèse du film et ses conditions de tournage. L’œuvre et le charisme de Ray lui ont inspiré ces mots : « Nicholas Ray était un personnage complexe. Je ne suis pas sûr de l’avoir jamais compris. (…) Au fond, je crois bien que c’est par le biais de la fiction que je parviendrai un jour, à rendre compte de l’expérience que ce fut de connaître Nick Ray ». Tout est dit…


Tiphaine Rochereuil
( Mis en ligne le 31/01/2005 )
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