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Carmin profond
avec Arturo Ripstein, Daniel Giménez Cacho, Regina Orozco
MK2 2005 /  25  € - 163.75 ffr.
Durée film 110 mn.
Classification : - 16 ans

Sortie Cinéma : 1997
Titre original : Profundo carmesí

Version : DVD 9 / Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1 : 85
Format audio : Français 2.0 mono ; Espagnol 2.0 mono. Dolby Surround.
Sous-titres : Français

DVD Bonus :
Note d'intention d'Arturi Ripstein (5')
Bandes-annonces de la collection Panorama (12')

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Ce serait, pour dire vite, l’histoire d’amour fou d’une grosse et d’un chauve, couple kitsch, leur plongée dans l’obscure de crimes à répétitions…

Donc, Mexique, 1949. Coral Fabre, infirmière bien en chair, élève seule ses deux enfants. Un jour, la voilà en possession d’une lettre d’un nommé Nicola Estrella, sosie de Charles Boyer, acteur français, symbole de la séduction française pour les américains. Boyer eut pour partenaires Greta Garbo, Marlène Dietrich, Danielle Darrieux. Coral donc s’est énamourachée de cet acteur, de son image. Coral répond à la lettre, fixe un rendez-vous, subit un premier affront de galanterie du fameux Nicola qui s’enfuit, Coral se désespère, mange un peu trop, débarque chez Nicola pour la vie avec enfants et bagages, supporte la révolte de Nicola, se débarrasse des enfants pour gagner l’amour, tombe dans les bras de Nicola (est-ce l’inverse ?). Un couple s’est formé, à la vie…, à la mort – des autres !

Classique matière humaine du fait divers, la chevauchée, la fuite des amants criminels nourrit l’inspiration du cinéma, devient un genre presque à elle seule. Les amants criminels, Ozon ; Badlands, Malick ; Les amants de la nuit, Nicolas Ray ; Bonnie and Clyde, Arthur Penn ; Ni d’Eve, ni d’Adam, Civeyrac… « (…) j’aime les survivants, les personnages marginaux, les situation où mes créatures sont à bout de force, j’aime les survivants qui choisissent l’amour, cette émotion sacrilège et séditieuse qui va contre toute chose avec l’atroce force de la nature contre tout obstacle, contre tout péché (…) ». C’est le programme, la note d’intention du cinéaste mexicain dont on trouvera la lecture sur ce DVD.

Coral et Nicola sont sur la route, pour de petites embrouilles : trouver une femme en quête d’un mari, écrire, débarquer (Coral se fait passer pour la sœur de Nicola qui joue l’homme à marier), gagner la sympathie, repérer les économies, parfois concocter un mariage en urgence auprès d’une bigote. Mais chez Ripstein, le plan séquence qui alourdit le temps, le choix de lieux à l’écart (un restaurant isolé, un garage, un cimetière, un bout de désert…), le physique des personnages, la surcharge de la mise en scène, installent le malaise, le malsain. Car les deux amants tuent, comme ça, c’est plus fort qu’eux ; ils se nourrissent du crime, de la torture et s’aiment d’autant plus. Coral et Nicola, monstre à deux corps, fusionnel. Chez Ripstein, le burlesque se délite, l’amour fou est malade, sauvage. Que faire de cette oppression-là ? C’est un conte, « une autopsie », une vision. Cora et Nicola, « le crime les définit (…) ». La loi n’est pas absente du film, elle arrive, barbare.

Carmin profond est un drame surréaliste, une fable oppressée, un amour fou désespéré aux échos bunueliens, une cruauté amusée, une farce sauvage.


Benoît Pupier
( Mis en ligne le 21/03/2005 )
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