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Le soleil assassiné
avec Abdelkrim Bahloul, Charles Berling, Mehdi Dehbi, Ouassini Embarek
Editions Montparnasse 2005 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 83 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 2003, France

Version : DVD 5/Zone2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français ; Stéréo/Dolby digital

Bonus :
Chapitres
Film-annonce
Espace Editions Montparnasse

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Le soleil assassiné est le cinquième long-métrage d’Abdelkrim Bahloul, il est co-produit par les frères Dardenne (Le fils, Rosetta). A l’origine, le film devait prendre la forme d’un documentaire puis, devant la complexité du projet, le réalisateur a préféré se tourner vers la fiction. Ajoutons que ce film a été présenté dans de nombreux festivals et qu’il a obtenu le prix Médiavision aux festivals de Bastia et de Sarlat.

JEAN SENAC : UN DESTIN LIE A CELUI DE L’ALGERIE

De jeunes algériens décident de monter une troupe de théâtre et de jouer une pièce de leur création. Ils s’inscrivent dans un festival au cours duquel ils rencontrent un poète de renom qui leur prodigue un accueil enthousiaste. Pourtant, leur participation à la compétition leur est refusée sous un prétexte fallacieux. Cette histoire est le chemin qui va nous conduire au cœur du sujet : les dernières années du poète pied-noir Jean Sénac avec, en points d’orgue, l’année 1965 – début de sa disgrâce – et 1973 – l’année de sa mort. Le parcours de Sénac (Charles Berling incarne avec passion cet insurgé, entre légèreté et gravité) est intimement lié aux soubresauts que connaît l’Algérie. A travers le destin du poète, c’est l’histoire politique et sociale du pays qui se dessine. Un pays en proie aux fanatismes tant nationalistes que religieux qui furent les artisans de la mort de Senac, retrouvé assassiné dans des circonstances mystérieuses en 1973.

L’ART, UN CONTRE-POUVOIR

Celui-ci instaure, au lendemain de l’indépendance et après plus d’un siècle de colonisation et une guerre sanglante dont la France ne sortit pas grandie, une véritable politique de dictature où un « Etat-armée » dirige le parti unique du FLN. Toutes velléités d’opposition, toutes revendications de liberté d’expression – du peuple, des artistes, des journalistes – sont étouffées, réduites à néant. Dans un contexte historique où la « Révolution entendait réarabiser l’Algérie dépersonnalisée par la colonisation » (1), la langue française apparaît comme la langue de l’oppresseur et son usage est considéré comme une provocation, un acte anti-gouvernemental contre la politique d’arabisation. C’est pourquoi, à l’instar de Jean Sénac, « la plupart des écrivains algériens, surtout francophones, publient à l’étranger, et particulièrement en France » (1) afin d’échapper à la censure. Ce climat d’oppression, à l’origine de la « vitalité combattive » (1) de la littérature algérienne, est en revanche parfaitement palpable dans le film.

UN POETE DONT L’OEUVRE ET LA MORT ONT REVEILLE LES CONSCIENCES

Plus qu’un portrait impressionniste de Sénac, le film nous propose une réflexion sur la fonction de l’art dans la société. Toute forme d’art peut être une arme politique redoutable lorsqu’elle contribue, au-delà de toute espérance, à former des consciences sociales et politiques, c’est-à-dire des citoyens à l’esprit libre, voulant s’affranchir d’un régime anti-démocratique, quel qu’en soit le prix. Les émeutes d’octobre 1988 sont là pour nous le rappeler et ne font que traduire les écrits prophétiques de Sénac : « L’heure est venue pour vous de m’abattre, de tuer en moi votre propre liberté, de nier la fête qui vous obsède. Soleil frappé, des années saccagées, remontera mon corps » (2) ; « Et vous verrez, jeunes gens, que ma mort est optimiste. » Un jeune admirateur de répondre : « On ne peut assassiner le soleil », son corps peut-être mais pas son esprit. Le désir de liberté reste contagieux...

(1) Histoire de l’Algérie depuis l’indépendance de Benjamin Stora aux éditions La Découverte, collection Repères.

(2) Pour découvrir le poète Jean Sénac, on peut lire ses Oeuvres poétiques parues chez Actes Sud ainsi qu’une biographie intitulée Jean Sénac l’Algérien (Le poète des deux rives) d’Emile Temime et Nicole Tuccelli aux éditions Autrement.


Tiphaine Rochereuil
( Mis en ligne le 11/04/2005 )
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