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Thérèse
avec Alain Cavalier, Catherine Mouchet, Aurore Prieto, Sylvie Habault
Arte Vidéo 2005 / 25 € - 163.75 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics |
Prix spécial du jury au Festival de Cannes en 1986 et six César en 1987 dont celui du meilleur film et celui du meilleur jeune espoir féminin pour Catherine Mouchet
Sortie cinéma, Pays : 1986, France
Version : 2 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85 (couleur)
Format audio : Français (Stéréo)
DVD 1 :
Le film : Thérèse (90 mn)
DVD 2 :
Bonus :
Alain Cavalier, sept chapitres, cinq jours, 2 pièces-cuisine, film de Jean-Pierre Limosin dans la collection Cinéma de notre temps (55 mn)
Georges de la Tour par Alain Cavalier (26 mn)
Lettre d'Alain Cavalier (13 mn)
Vingt ans après par Alain Cavalier, inédit (4 mn)
Livret de 56 pages, avec scénario et découpage plan à plan du film
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Les saints connaissent une porte entre le monde et lamour. Sils la franchissent en silence cest que cette porte et leur silence ne font quun. (LÉloignement du monde, Christian Bobin).
Pauline : (douce) Nous ne tempêchons pas dentrer dans la maison de notre époux, nous pensons seulement que tu peux frapper encore.
Thérèse : Jai frappé, Pauline, jai frappé.
Pauline : Bien, frappe encore, ma petite Thérèse. Cest la souffrance qui ouvre la porte.
Thérèse : Cest pas lamour ?
Thérèse est devant la grille du parloir du Carmel. De lautre côté, sa sur Pauline, Carmélite, vient de lui annoncer que lévêque remet entre les mains de la Mère supérieure la décision quant à son entrée au Carmel. « Mais cest la merveille ! » a dit Thérèse dans une sorte dexaltation.
Fin du XIXe siècle, Thérèse rejoint au Carmel de Lisieux deux de ses surs ; la quatrième les rejoindra après la mort du père. Cest une enfant Thérèse, en pleine formation, avec son regard doux, sa joie de vivre et lidéal de sa foi. « Je voudrais prier, sauver beaucoup de gens, pour lui, avec lui. »
La vie est dure au Carmel. Thérèse est de santé fragile. Et puis le doute est là, malgré le grand don damour.
Thérèse : Oh, non, je veux devenir une grande sainte en cachette. Personne nen saura rien, sauf lui
Je naurai aucun mérite ma Mère.
La Prieure : Ne dites pas ma Mère à tout bout de champ
Je refuse de vous considérer comme une enfant. Vous avec une nature forte. Je ne craindrais jamais de vous humilier
(
)
Lucie : On est tombés sur la tête ! On en pince pour un type quest mort il y a deux mille ans. On est même pas sûres quil a existé.
Thérèse : Mais si, mais si.
Lucie : Ça cest de limagination.
Lucie, Thérèse laidera à séchapper du Carmel, juste avant de mourir.
Un filet de sang coule des lèvres de Thérèse. Plus tard, le médecin dit : « Cest la tuberculose. », « Vous vous trompez. » répond La Prieure dans un affrontement. « Cest hideux, la souffrance. », « Pas chez nous. »
Douleur du corps, douleur de lesprit. Mais toujours, la douceur dun visage. Lespérance. Thérèse lutte.
Thérèse : Je ne vois que du néant
Cest lui qui le désire. Il veut me faire croire que le ciel
que le ciel nexiste pas
On mavait dit : « il est encore plus beau quand il se cache
»
Avant de mourir, Thérèse range son cahier. Elle y écrivait sa « petite vie ». On le publiera après sa mort.
« Il y a trois choses qui mintéressent à filmer : le visage, les mains, un objet qui est manipulé et qui exprime lesprit de la personne. » Dans le film de Jean-Pierre Limosin de la collection Cinéma, de notre temps, Alain Cavalier parle de son cinéma, de son regard, du lieu où il travaille - un studio, « pour réduire les choses » -, de sa manière décrire debout, de lémotion forte donnée par des photographies. Exemple de photos dexécution en noir et blanc : « ça nest pas macabre, ce sont des émotions fortes dont on a besoin de se débarrasser en les filmant, pas en les reproduisant mais en trouvant quelque chose qui traite de lintérieur de lémotion quon a eu en voyant ça. »
Alain Cavalier commente aussi la vie du fond dans des peintures ou des photographies. Le travail du peintre qui encourage. Décor constitué dun mur gris uniforme dont les nuances changent selon la lumière, éléments de mobilier qui situent laction. Fondu au noir, pour dissoudre la réalité et la redécouvrir. Gros plans ou plans serrés qui fragmentent. Voilà le lieu de Thérèse, celui du retrait, du dépouillement de la mise en scène, pour donner à voir la vie des mains, le mouvement des corps, lémotion des visages.
Allant avec la vie de Thérèse - de son entrée au Carmel à son agonie -, la vie du Carmel est là aussi, avec les règles de silences à respecter, la récréation où lon peut parler doucement, la prière au réfectoire, les problèmes dargent, Noël et les surs un peu saoules davoir bu trop de champagne, les voiles baissés à larrivée dun homme portant une lourde caisse, une sur qui sendort pendant la prière
Thérèse, la présence nue de ces gestes-là, de leur émotion simple.
Soulignons la belle édition DVD, supervisée par Alain Cavalier : film ; découpage plan à plan du film ; Alain Cavalier, sept chapitres, cinq jours, 2 pièces-cuisine, un film de Jean-Pierre Limosin de la collection Cinéma, de notre temps où le cinéaste accepte de commenter lintimité de son travail artistique et des émotions ; Georges de la Tour, film de Cavalier sur le peintre ; Lettre dAlain Cavalier, court métrage ; Vingt ans après, en quatre minutes, Cavalier se souvient de sa rencontre avec Catherine Mouchet qui est Thérèse, montre une photo delle en noir et blanc, glisse à coté une reproduction de La Fiancée juive de Rembrandt, parle du lieu du film : dans « linterstice » dit-il.
Benoît Pupier
( Mis en ligne le 26/09/2005 )
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