L'actualité du livre Mercredi 24 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Drame  
Pluie noire
avec Shohei Imamura, Yoshiko Tanaka, Kazuo Kitamura, Etsuko Ichibara
Films sans frontières 2005 /  19.97  € - 130.8 ffr.
Durée film 120 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1989, Japon
Titre original : Kuroi Ame

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85 (noir et blanc)
Format audio : Japonais (Dolby 2.0)
Sous-titres : Français, Anglais

Imprimer


Six août 1945, la première bombe atomique dévaste Hiroshima d’un éclair fulgurant. Une pluie radioactive s’abat sur la zone, les épaisses gouttes noires tombent sur les visages interdits des survivants encore ignorants de leur sort. Quelles images pour représenter l’histoire, lorsqu’elle nous mène si loin dans l’horreur ? Shohei Imamura, dans un noir et blanc épuré, choisit de poser son regard sur le destin de Yasuko. La jeune fille a reçu la pluie à bord d’un ferry qui la conduisait vers le village de son oncle. Cinq ans plus tard, ses projets de mariage sont mis à mal par les rumeurs concernant la santé des survivants présents au moment de l’explosion.

A travers les regards de Yasuko, de son oncle et sa tante, Imamura livre donc un témoignage qui prend toute sa force dans la mise en scène de destins singuliers au cœur d’une histoire collective. La traversée de Hiroshima ravagée juste après l’explosion de la bombe, très proche d’un style documentaire, est d’autant plus saisissante que cet aspect objectif est doublé du regard subjectif des personnages : nous découvrons l’horreur inédite et terrifiante avec eux. On comprend d’où vient ce réalisme subjectif si poignant : le film est une adaptation du roman éponyme de Masuji Ibuse, lui-même inspiré par le vrai journal intime d’un survivant-victime d’Hiroshima.

Car s’ils échappent ce jour-là à la mort et aux blessures apparentes, les survivants sont aussi des victimes. L’explosion atomique a blessé les corps de l’intérieur, sans que rien n’y paraisse dans un premier temps. Pluie noire met en scène non seulement la bombe et son horreur immédiate, mais aussi les conséquences invisibles, les blessures cachées au fond des corps, des esprits, et leurs répercutions sociales, la discrimination latente et discrète des victimes. Des hommes soudain surpris par la nausée au jeune soldat répétant sans cesse l’attaque d’un tank, les survivants de la guerre cristallisent toutes les peurs et les rejets, puisque leur mal est mystérieux, enfoui dans les êtres sans qu’on puisse ni le comprendre ni le définir.

Représenter cette douleur cachée, infiltrée dans les moindres interstices des âmes est le véritable enjeu du film. A travers les flashbacks, le cinéaste rend le souvenir de la guerre très présent, non pas comme un cauchemar, mais comme des images qui les accompagnent à jamais, comme une expérience fondatrice de l’identité des personnages. Les échecs successifs des tentatives de mariages de Yasuko, les pleurs qu’ils provoquent parfois, ne sont que le support visible du désarroi de la jeune fille. La mise en scène très sobre laisse affleurer cette tristesse définitive, la douloureuse mélancolie d’une simple espérance vouée à la déception. Mise à part la discrimination sociale, ces êtres sont différents des autres, déchirés en eux-mêmes : ils ont vu l’enfer de cette ville anéantie, les corps figés dans leur dernier mouvement, les lamentations des blessés. Après cette expérience, et conscients de porter le mal en eux comme une épée de Damoclès, leur existence ne peut plus avoir le même sens. Contre les conventions sociales, Yasuko choisit finalement sa place auprès d’un jeune homme lui-même marqué par la peur et l’absurde de la guerre.

Malgré les destins irréversibles des personnages, Imamura ne tombe jamais dans le pathos, et l’humour ponctue régulièrement un récit qui dépasse la dimension purement historique. Réalisé en 1988, Pluie noire fait encore résonner une inquiétude contemporaine : que nous réservent à l’avenir les choix d’aujourd’hui ?




Florence Keller
( Mis en ligne le 10/10/2005 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • De l’eau tiède sous un pont rouge
       de Shohei Imamura
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd