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Nèg Maron
avec Jean-Claude Flamand-Barny,  Admiral T,  D.Daly, Stomy Bugsy
Aventi Distribution 2005 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 2004, France
Format image : 16/9. 1.85
Format audio : Dolby digital 5.1

Bonus :
Documentaire Ni chenn an pyé, ni chenn an têt (Plus de chaînes aux pieds, plus de chaînes dans la tête) de Julien Bros

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La Guadeloupe comme vous ne l’avez jamais vue et comme vous ne la verrez sans doute jamais. Neg maron propose une visite pratiquement guidée des quartiers pauvres de l’île. La version off du paradis pour touristes. Ces « quartiers » ou « banlieues » pour reprendre un terme à la mode en métropole n’ont malheureusement rien à envier à ceux qui se sont embrasés en novembre dernier. Le film tend à prouver que contrairement à ce que pouvait chanter Charles Aznavour, la misère n'est pas forcément plus facile au soleil. Bon on ne peut pas nier que la Guadeloupe soit magnifique. La beauté de l'île est rendue sans fard ni, et peut-être surtout, sans lunettes de soleil. Une beauté vraie loin très loin des cartes postales. Le réalisateur antillais Jean-Claude Flamand-Barny a réussi une peinture réaliste. L'objectif de l'équipe du film antillaise : réalité et professionnalisme. Gagné !
Malgré un cadre enchanteur où les barres de banlieues sont remplacées par de petites maisonnettes plus ou moins habitables et plus ou moins proches du bidonville, au moins pour quelques temps encore, la vie des jeunes comme des moins jeunes d’ailleurs est la même que celle que l’on peut avoir quand l’on n'a pas de travail et visiblement pas d’avenir.

C'est dans ce cadre que vivent Josua (Admiral T.) et Silex (D.Daly), deux amis inséparables d'une vingtaine d'années.
De petits coups à base de cambriolages et de petits trafics, deux copains au milieu d'autres copains (Stomy Bugsy) comme deux cercles. Un seul béké (blancs des Antilles). La famille, elle, celle de Josua tout du moins, est loin d’avoir démissionné, autre terme à la mode, à l’image de sa mère, Jocelyne Beroard (eh oui la chanteuse de Kassav) qui propose un excellent travail d’actrice au service d’un vrai personnage. Le père, lui, a sombré dans l'alcool après avoir été un leader ouvrier abandonné dans sa lutte. La lutte pour s'en sortir peut-être dévastatrice.
Vrai, c’est peut être le mot le plus juste et le plus simple qui vienne à l'esprit pour qualifier Nèg Maron. L’histoire, les personnages et les lieux, tout est vrai.
Josua et Silex sont très proches et pourtant ils n'en sont pas moins très différents. Différents dans leur appréhension du présent et de l'avenir. S'opposer au système qui les entoure ou l'utiliser pour mieux s'en sortir.


Derrière l’exotique utilisation de la langue créole et de sa saveur sucrée, la dureté de l'existence et pourtant là qui s'exprime.
Face à un événement inattendu, ils réagissent de manière très différente. "Pour moi, l'élément central de l'histoire était la relation forte entre deux amis d'enfance. Ils sont à l'âge des doutes, perdus dans un système qui soit les utilise, soit les rejette. Ils se posent des questions et peinent à choisir leur voie. Dès le départ, je les ai définis comme différents, mais intimement liés. Chacun va prendre son chemin. C'est leur relation universelle qui m'a d'abord inspiré" explique Jean-Claude Flamand-Barny.
La fuite comme moyen de libération comme pour les negs marons, ces esclaves qui, en fuite se réfugiaient dans les montagnes et les forêts. Une libération par la lutte. Des chaînes aux pieds brisées. Des chaînes dans les têtes beaucoup plus difficiles à briser. Un semblant de lutte, une lutte qu'il faut assumer.

Le documentaire qui accompagne le film Ni chenn an pyé, ni chenn an têt (Plus de chaînes aux pieds, plus de chaînes dans la tête) revient sur l’impact du film six mois après sa sortie. Il complète le DVD et propose un retour sur les conditions de tournage aussi. Quelle est la perception de l'œuvre par ceux qui y ont participé ? Proche du documentaire pour beaucoup. Mais aussi une large réflexion d'où le titre du documentaire de Julien Bros, sur une libération physique qui tarde à devenir une libération intellectuelle et mentale, des barrières dans les têtes difficiles à faire sauter.

Proche du documentaire, c'est vrai par certains aspects et un réalisme de tous les instants, Nèg Maron est pourtant une ode à la liberté puissante et fine. Fragile et forte.



Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 09/01/2006 )
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