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Créatures célestes
avec Peter Jackson, Kate Winslet, Melanie Lynskey
Opening 2006 /  16.90  € - 110.7 ffr.
Durée film 95 mn.
Classification : - 12 ans

Version : DVD 9 Zone 2
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format vidéo : 2.35
Format audio : VOST (Stéréo, Dolby Digital 5.1 et DTS 5.1) et VF (Stéréo)
Sous-titres : Français

Bonus :
Film annonce (VF)
Filmographies de Peter Jackson et Kate Winslet

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Sur des images légèrement défraîchies, une voix off au ton désuet vante les mérites d’une petite ville tranquille, ses jardins fleuris, ses loisirs ensoleillés, ses monuments, ses écoles prestigieuses… Brusquement, des hurlements éclatent, les images d’archives s’arrêtent et deux jeunes filles affolées courent en se frayant un chemin entre les arbres. Lorsqu’elles parviennent à la route, on s’aperçoit qu’elles ont le visage couvert de sang…

Ce pourrait être le début d’une œuvre de David Lynch, avec ses bourgades faussement idylliques cachant des horreurs malsaines, mais nous sommes à Christchurch en Nouvelle-Zélande dans les années 1950, et le réalisateur s’appelle Peter Jackson. Inspiré d’un fait divers réel, son film explore les sentiments complexes liant Pauline Yvonne Parker et Juliet Marion Hulme et ce qu’ils ont finalement provoqué, avec de nombreux détails issus du journal de Pauline. Cette jeune fille brune plutôt renfermée et maussade voit débarquer dans son école Juliet, une Anglaise blonde brillante et arrogante. Très vite, elles se lient d’amitié pour s’évader de l’ambiance austère de leur classe, puis se mettent à lire et écrire ensemble, à inventer des histoires chevaleresques et à écouter sans fin le ténor Mario Lanza. A la recherche d’un absolu artistique, ces passionnées imaginatives se coupent ainsi peu à peu de leurs familles d’abord compréhensives, puis soudain inquiètes lorsqu’elles voient cette amitié se transformer en quelque chose de plus profond et moins innocent. Dès lors, les parents et la société feront tout pour séparer les âmes sœurs, bien décidées de leur côté à rester ensemble à n’importe quel prix…

A sa sortie en 1994, Créatures célestes fut une surprise de taille : s’agissait-il bien d’un film de Peter Jackon, le réalisateur des délirants et incroyablement gore Bad Taste (1987) et Braindead (1992) ? Il fallut se rendre à l’évidence : le Néo-Zélandais n’était pas qu’un déconneur talentueux s’amusant avec des hectolitres de faux sang, mais un créateur sensible capable de traiter d’un fait divers dramatique avec une puissance rare, tout en gardant son style déjanté. Au lieu de montrer des hordes de morts-vivants en décomposition ou des explosions de cervelles, il utilise à merveille une mise en scène virevoltante et speedée pour transmettre au spectateur les états émotionnels violents des adolescentes révoltées. A la manière du Terry Gilliam de Brazil et de Las Vegas Parano, il nous fait même pénétrer dans les esprits des personnages en insérant à tout bout de champ leur visions et leurs délires au milieu de séquences réalistes. Ce qui convient particulièrement au sujet, puisque Juliet et Pauline cherchent réellement à se couper de la réalité en s’investissant de manière névrotique dans leurs créations.

Dès lors, tous les moyens sont bons : mouvements rapides et brusques, musiques lyriques, voix off, couleurs contrastées rappelant le chromo des années 50, produisent une tension permanente et un trop-plein émotionnel passant par tous les stades, à la mesure des rêves des héroïnes dans cette société figée qui refuse de les comprendre. Une vraie montagne russe à la fois sentimentale, érotique, féerique, délirante et dramatique, qui vire finalement au suspense glaçant et à l’horreur. La force de Peter Jackson est d’avoir transformé le fait divers en un réquisitoire cinglant contre les normes et la morale de l’époque, tout en s’interdisant de justifier l’acte des jeunes filles, qui ont décidé que leur amour « outrepasse les règles humaines ». Les scènes finales, où tous les éléments (rythme, montage, ralentis, imprévus) concourent à créer la tension, sont sans doute les plus éprouvantes de sa filmographie…

Ce réalisateur de talent sait également bien choisir ses acteurs, puisque Créatures célestes a littéralement révélé au monde Kate Winslet (19 ans à ce moment-là), que l’on est en droit de trouver infiniment plus convaincante que dans Titanic, et Melanie Lynskey (17 ans), hélas pratiquement absente de nos écrans par la suite. Par leur jeu à la fois intense, théâtral et en même temps nuancé, elles font réellement vivre ces deux adolescentes passionnées comme si elles les comprenaient parfaitement. Au final, cela saute vraiment aux yeux : à 33 ans, Peter Jackson était déjà un grand cinéaste, bien avant d’adapter la trilogie du Seigneur des Anneaux et de refaire King Kong. Il faudrait que les futures encyclopédies du cinéma s’en souviennent…

Si le film ne mérite que des louanges, il n’en est pas de même des bonus : à part un petit film-annonce (en Français) et les filmographies de Kate Winslet et Peter Jackson, nous n’avons rien à nous mettre sous les yeux ! Pas d’interviews, de commentaires ou de making of, alors que l’œuvre les méritait amplement ? Un tel manque a de quoi agacer sérieusement… Espérons juste qu’il sera comblé dans une future édition…


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 09/01/2006 )
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