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Ecouter du cinéma
avec Thierry Jousse, Laurent Lucas, Margot Abascal, Noël Akcoté,  Lio, Michaël Lonsdale
OF2B Editions 2006 /  20.99  € - 137.48 ffr.
Durée film 82 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 2005, France

Version : DVD9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby digital 5.1)
Sous-titres : Anglais

Bonus :
Le Jour de Noël, le premier court métrage de Thierry Jousse (30 mn)
Filmer la musique, entretien avec Thierry Jousse et Noël Akchoté (18 mn)
Conversation entre Lio et Margot Abascal (5 mn)
Laurent Lucas interviewé par Thierry Jousse (8 mn)
Bande annonce des Invisibles

Voir... et entendre, aussi!
Les Invisibles. B.O.F., 30 janvier 2006, 18 €.

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N’est-il pas superflu, aujourd’hui, plus de 70 ans après l’apparition du cinéma sonore, de rappeler que le cinéma est un agencement d’images mais également de sons ? A voir la production cinématographique actuelle et si l’on excepte les films à gros budgets hollywoodiens (où seule la dimension spectaculaire des sons est traitée) et le travail de quelques maîtres du cinéma qui utilisent pleinement les possibilités esthétiques de la matière sonore, il semble que non. Délaissé, boudé, voire méprisé par un grand nombre de réalisateurs, le son semble devoir à jamais rester le faire-valoir des images. En France, plus qu’ailleurs. Dès lors, Les Invisibles, film français conçu suivant le principe que le pouvoir narratif des sons égale celui des images, ne pouvait qu’exciter notre curiosité.

Premier long métrage de Thierry Jousse, Les Invisibles est avant tout un film qui s’écoute. Voix, musiques électronique et électro-acoustique, absence ou présence de sons d’ambiance, composent un univers sonore riche et inventif. Mais ces voix, cette musique ne sont pas que de simples éléments sonores. Ils sont également les composantes essentielles de la narration. Bruno (Laurent Lucas), compositeur de musique électronique, ne vit que par et pour la musique qu’il crée. Coupé du monde social, son univers mental s’organise autour de sons, de rythmes. Une voix (et donc un être) pourtant le trouble. Celle d’une femme, Lisa, qu’il a entendue sur un réseau téléphonique dédié aux rencontres libertines. Après avoir obtenu un premier rendez-vous, Bruno retrouve Lisa dans une chambre d’hôtel. Dans le noir, les deux êtres se découvrent. Rencontre tactile et auditive où l’impossibilité de voir aiguise les fantasmes. Mais Bruno ne se satisfait pas de ces rencontres et veut voir le visage et le corps d’où émane cette voix envoûtante. Lisa ne se manifeste plus et Bruno, au bord de la folie, tente de la retrouver…

Ces rencontres dans l’obscurité sont sans doute la plus belle idée du film. L’obturation de l’image – seuls quelques objets ou fragments de corps accrochent une lumière raréfiée et émergent du noir – impose aux spectateurs l’écoute. Chuchotements des voix, frottements des tissus puis des peaux, gémissements de plaisir, sont les indices sonores qui parviennent au spectateur et dont il s’empare pour recomposer l’image absente. Instants incertains et flottants qu’une remarquable composition sonore de Noël Akchoté – le principal créateur de la bande originale du film – nimbe d’une pointe de tension érotique.

Les séquences de création et d’improvisation musicales constituent l’autre réussite du film. Laurent Lucas, penché sur un synthétiseur, tournant des boutons, des molettes ou le regard rivé sur l’écran d’un ordinateur, reproduit avec précision la gestuelle du musicien et restitue parfaitement l’état d’absorption psychique dans lequel se trouve un compositeur lorsqu’il crée. Pourtant, malgré ces moments, sa prestation ne convainc pas. Il ne parvient pas à nous faire ressentir l’obsession pour les sons qui anime son personnage, pas plus que l’inquiétante étrangeté que peut susciter une telle obsession. Mais c’est sans doute plus à l’auteur du film qu’au comédien que l’on doit cet échec. Car si Les Invisibles finalement déçoit, cela tient en partie à une direction d’acteurs défaillante (avec notamment l’interprétation de Lio, catastrophique, dans le rôle d’une productrice musicale) et également à un récit et des personnages qui manquent d’épaisseur. Gageons toutefois que tous les amoureux du son au cinéma trouveront dans Les Invisibles de quoi satisfaire leurs oreilles.

En compléments du film, on trouvera trois interviews et un court métrage. Thierry Jousse et Noël Akchoté, dans Filmer la musique, retracent l’élaboration de la bande son et expliquent le rôle attribué aux sons dans la narration des Invisibles. Une courte conversation entre Lio et Margot Abascal porte sur les deux personnages féminins qu’elles incarnent. L’interview par Thierry Jousse de Laurent Lucas revient sur le travail d’interprétation de ce dernier. Enfin, on pourra regarder avec intérêt Le Jour de Noël, premier court métrage très réussi de Thierry Jousse.

Enfin, pour prolonger le plaisir de l'écoute, sachez que la bande originale du film est également disponible, avec les compositions de Noël Akchoté, Andrew Sharpley, David Grubbs, Jim O'Rourke, Gastr del Sol, Katerine, Red, etc...


Stéphane Gauchon
( Mis en ligne le 17/01/2006 )
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