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Une Mystique de l’amour et de l’optimisme
avec Krzysztof Kieslowski, Irène Jacob, Philippe Volter
MK2 2006 /  25.99  € - 170.23 ffr.
Durée film 94 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 1991, France/Pologne

Version : 2 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.66 (couleurs)
Format audio : Français, Polonais (Dolby Digital 5.0)
Sous-titres : Français, Anglais

Bonus :
DVD 1 :
Bandes annonces de la Collection Kieslowski (20 mn)

DVD 2 :
Kieslowski – Dialogue de Ruben Korenfeld (53 mn)
Rencontre avec Irène Jacob (17 mn)
1966-1988 Kieslowski, cinéaste polonais de Luc Lagier (30 mn)
Courts métrages inédits de Kieslowski : L’Usine (17 mn), L’Hôpital (20 mn), La Gare (12 mn)
Court métrage de Kazimierz Karabasz : Les Musiciens du dimanche (10 mn)

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La Double vie de Véronique apparaît à un moment charnière de la courte carrière de Krzysztof Kieslowski. Il vient de clore son Décalogue, et s’est attiré les louanges de la presse internationale. En France, Tu ne tueras point, sorti indépendamment du décalogue, a fait découvrir Kieslowski au public français, et son succès, relatif, mais qui va bien au-delà du succès d’estime, va lui offrir la possibilité d’une coproduction franco-polonaise. D’autant que le mur de Berlin vient de s’effondrer…

Etrangement, pourtant, le réalisateur va délaisser les aspects sociaux qui ont articulé jusque là sa carrière. Des événements qui auraient formé les trames de ses films ne serait-ce que trois ans plus tôt (les manifestations de Solidarnosc à Varsovie, ou les attentats de la gare Saint Lazare à Paris), il ne reste plus qu’une toile de fond que ses personnages traversent sans s’y intéresser. Son intérêt va glisser vers les rapports invisibles qui relient les êtres, et ces pulsions qui peuvent nous rendre si vivants. Cet optimisme surprenant sera finalement peut-être sa manière à lui de tourner la page de l’ère communiste.

La Double vie de Véronique tient en peu de choses. Deux femmes identiques, nées l’une en Pologne, l’autre en France, vingt ans plus tôt, vivent des vies pour ainsi dire similaires. Toutes deux sont gauchères, partagent les mêmes tics, le même sens musical extraordinaire et une voix magnifique. Elles partagent aussi la même défaillance cardiaque. Lorsque Weronica meurt en plein concert, ayant atteint une note qui fait céder son cœur malade, Véronique a l’étrange sensation d’être seule désormais. Mais elle a appris de sa « sœur d’esprit ». Elle arrête immédiatement de prendre des cours de chant, et va faire examiner son cœur. Cette mort offre à Véronique une chance de vivre, et une chance de découvrir l’amour. Et l’amour va la trouver, l’amour va même la chercher et l’attirer presque irrémédiablement vers Alexandre Fabbri (Philippe Volter), un marionnettiste dont les histoires ressemblent étrangement à ce qu’ont vécu et vivent les deux Véroniques…

A partir d’une telle histoire, neuf réalisateurs sur dix vous offriront deux heures d’ennui. Mais Kieslowski réussit à lier chaque non événement pour le placer dans une optique presque surnaturelle, quasiment mystique, sans pourtant jamais imposer une vision, déiste, agnostique ou athée, au spectateur. Sa caméra, aux cadres superbement étudiés, oscille continuellement entre pudeur et impudeur, et se détache rarement d’une Irène Jacob, qui n’aura jamais été aussi belle et aussi lumineuse. Autant à l’aise dans la partie polonaise que dans la partie française, elle irradie dans ce film, respirant successivement la joie de vivre et le mal-être, la perdition et l’amour. Dans cet ordre.

Quand sa caméra s’échappe pour un instant du visage d’Irène Jacob, c’est pour se pencher sur l’art manuel, l’artisanat et la grâce du marionnettiste. Fasciné par les mouvements parfaitement maîtrisés de l’artiste, il transforme l’art en poésie, et la métamorphose de la marionnette compte parmi les plus beaux moments du film, sans dialogue, quasiment sans bruit, mais habillée de la superbe musique de Zbigniew Preisner. Avec une musique ayant un si grand pouvoir évocateur, le réalisateur doit pouvoir l’illustrer par des images largement aussi fortes, sous peine de voir son film phagocyté. Mais lorsque l’on est confronté au talent d’un Kieslowski, il n’y a pas de crainte à avoir. La mort de Weronika, au-delà du lyrisme de son aria, est une leçon de cinéma. Avec ses alertes, ses signes avant-coureur, cette voix qui faiblit, cette caméra qui se décadre sensiblement, cette main qui sert son pupitre, et ce cadre qui tremble, comme s’il n’osait pas fixer la mort qui vient. Et ce travelling qui survole le public en s’éloignant de la scène comme, peut-être, l’âme de la morte qui s’échappe de ce corps pour retrouver sa jumelle…

Pour compléter une copie à la restauration digne d’éloges, cette édition collector offre dans un second DVD des bonus qui combleront les admirateurs de Kieslowski. Avec des courts métrages évidemment rarissimes, un documentaire exceptionnel qui nous fait découvrir le travail du réalisateur en situation sur les plateaux de tournage de La Double vie de Véronique, un portrait qui retrace sa carrière, doublée d’une analyse remarquable, et une rencontre avec Irène Jacob, qui éclaire davantage sur la préparation du film et les exigences de Kieslowski vis-à-vis de sa comédienne principale.

Voila une édition en tous points parfaite pour une œuvre d’exception.


Daniel Beziz
( Mis en ligne le 27/02/2006 )
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