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Judo et ménage à trois
avec Antony Cordier, Johan Linéreau, Salomé Stévenin, Florence Thomassin, Jean-Philippe Ecoffey, Pierre Perrier, Claire Nebout
BAC Vidéo 2006 /  22.99  € - 150.58 ffr.
Durée film 98 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 2005, France

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 2.35 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby Digital 5.1)

Bonus :
Beau comme un camion (42 mn)
Scènes coupées
Photos de tournage

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Chronique sociale, film de mœurs, Douches froides tricote ensemble les itinéraires d’anti-héros touchants, pris dans les rets de la lutte des classes, des conflits de générations, et d’un air du temps aux senteurs insolentes…

Car on est bien loin des badinages bourgeois et pudiques à la Jules et Jim. Ici, dans le gymnase où vient secrètement s’entraîner Mickaël (Johan Linéreau), c’est à une tournante à trois que ce livre le jeune judoka avec sa petite amie, Vanessa (Salomé Stévenin), et un troisième luron, Clément (Pierre Perrier)… Les trois adolescents pratiquent un jeu qui n’a rien - heureusement ! - de l’innocence d’un Lagon bleu ni d’un apprentissage à petits pas : la scène du ménage à trois, ogivale dans le récit, révèle des jeunes gens bien au fait des expériences sexuelles rendues possibles par leur trio, dans des élans plus pornographiques qu’amoureux… De quoi choquer d’ailleurs les âmes les plus sensibles, ou désemparer du moins, à l’instar de l’assistante sociale dans le film, ébaubie devant la confession décomplexée de Vanessa…

Retour à l’histoire : derrière les affres de cette impossible triplette, c’est l’itinéraire de Mickaël que nous suivons de près. Jeune prolo vivant dans sa cité, la mère (Florence Thomassin) qui fait des ménages, le père (Jean-Philippe Ecoffey), chômeur pochtron ex-taximan qui va en bicyclette égrener le triste chapelet des sigles qui donnent la honte – ASSEDIC, ANPE, RMI… -, Mickaël a trouvé dans le judo son exutoire. Son graal ? Obtenir le poids parfait lui permettant de participer aux championnats, quitte à se balader dans la cité de juillet vêtu comme s’il était sur la banquise, quitte à vomir pour éliminer les derniers grammes en trop… Mais la relation avec Vanessa, belle plante que l’adolescence a révélée à elle-même, parasitée qui plus est par Clément, le beau gosse de bonne famille, n’aide pas à garder la tête froide…

C’est un film touchant que livre ici Antony Cordier, réalisateur venu du documentaire. Rien d’original en fait mais tout se joue dans les ambiances, celles de cette banlieue microcosmique, où la grande histoire des malaises sociaux – le chômage, les fossés socio-culturels, l’adolescence – englobe celle plus particulière et intime de personnalités télescopées. Et tout passe donc par les acteurs, les trois adolescents d’abord, les seconds rôles ensuite. Jean-Philippe Ecoffey, sans être «bankable», est, et c’est bien mieux, une valeur sûre, un acteur pour de vrai. Florence Thomassin est ensuite de ces actrices très françaises qui savent incarner, entre composition et soi-même, ces femmes fragiles, beautés érodées avec leurs quelques failles… Bref, une valse sociale qui frise l’ennui sans jamais l’installer, parce que l’on suit avec plaisir ces individus au goût de sucre-sel…

Et puis, outre les photos de tournage et les scènes coupées (d’ailleurs très pédagogiquement présentées par le réalisateur), les bonus offrent une petite perle documentaire. Beau comme un camion est un court métrage d’une quarantaine de minutes, réalisé apparemment par Antony Cordier durant ses études à la Fémis après une khâgne. On y devinera quelques ficelles expliquant Douches froides, le pourquoi de ce regard à la fois tendre et revenu sur la classe ouvrière, d’où vient le réalisateur. Comme De Père en fils de Philippe Ayme, Antony Cordier filme et raconte avec pudeur et justesse sa famille, ici ouvrière et non rurale. Déraciné car parisien et étudiant, le réalisateur se ré-enracine joliment à travers l’œil de la caméra, le sien, et une voix off qui réchauffe, jeune, à la fois simple et sure d’elle. Un solitaire pas si esseulé, qui maintient ici le lien malgré les distances qui se sont déroulées, et revendique ses appartenances, sociales, régionales, familiales ; un saisissant jeu de miroirs, joué avec sa mère, son frère, toute la smala… On adore pour le souffle universel donné par cette humble épopée familiale. Ah ! Si seulement c’était réellement cela, la télé-réalité !... Un grand merci donc, à MM. Cordier ou Ayme, et à Bac Vidéo pour un bonus franchement passionnant.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 13/03/2006 )
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