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Une belle amitié
avec Elaine May, John Cassavetes, Peter Falk
Carlotta Films 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 106 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 1976
Sortie DVD : Mars 2008

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.85 respecté
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais
Sous-titres : Fraçais


Bonus :
- 21h-5h : Nuit close (20 min/). Avec Mickey & Nicky, Vincent Amiel, rédacteur de Positif, met en valeur l’aspect hybride et insolent du cinéma américain indépendant des années 70 : «Une modernité de continuité qui ne fait pas table rase des éléments traditionnels»
- Bande annonce 2007

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L’affiche est alléchante : Cassavetes et Falk réunis dans un film peu connu du cinéma américain qui sort dans sa version inédite en DVD. En effet, à sa sortie en 1976, La Paramount avait refusé la fin qu’avait imaginée Elaine May, la réalisatrice, en lui imposant son fameux Final Cut. 30 ans après, le spectateur peut approuver le choix final bien évidemment plus intéressant puisqu’il s’accorde parfaitement à l’intrigue initiale.

L’histoire est à la fois simple et particulière. Nicky (John Cassavetes), apprenant qu’il est l’objet d’un contrat, se terre depuis quelques jours dans une chambre d’hôtel. Désespéré et affolé, il appelle son ami Mikey afin qu’il lui vienne en aide. Très compréhensif, Mikey (Peter Falk) réussit à le raisonner et décide de l’emmener le plus loin possible afin d'échapper aux commanditaires. Mais très vite, on apprend que c’est bien Mikey qui a engagé un tueur pour supprimer son «ami». En fonction de leurs déambulations dans la ville, il le renseigne comme il peut sur leurs va-et-vient, mais Nicky, imprévisible et totalement à la déroute, change d’avis en permanence, et sème sans le savoir le tueur professionnel. S’ensuit un curieux double jeu de Mikey qui devient du coup la victime improbable du comportement pour le moins affolant de Nicky.

Si l’on apprend assez vite que Mikey veut se débarrasser de son ami (Il l’emmène tout d’abord dans un café, endroit parfait pour se faire repérer), ses motivations, elles, sont plus troubles. Les deux hommes se connaissent depuis plus de trente ans et Nicky, même s’il se doute de quelque chose au début de leur virée nocturne, semble lui faire confiance. Ce n’est qu’au bout d’une heure que l’on comprend, à force de dialogues sur leur rapport passé, ce qui conduit Mikey à vouloir éliminer Nicky.

Ce qu’il y a d’intéressant dans ce polar urbain et sentimental, c’est qu’il jongle de manière assez judicieuse avec le décor du film noir (dérive nocturne, bandits à bout de souffle, ville, lumière et pénombre des rues, alcool et sexe, etc.) et le drame psychologique. Il fait intervenir une histoire d’amitié difficile et secrète, où les intentions (mal connues) des deux protagonistes sont confrontées les unes aux autres. On ne sait qui défendre : le paranoïaque égotiste ou le commanditaire sensible ? Dans ces cas-là, la machine ne s’arrête que rarement et les deux hommes, ensemble durant tout le film, vont provoquer leur propre chute, d’une violence ahurissante lorsque l’on juge le litige initial.

Les rôles sont ainsi inversés. Le méchant devient la victime et le gentil ami, le bourreau. Une simple brouille, comme en connaissent la plupart des amis, finit en exécution sommaire ! Sur ce registre, Falk, tout en subtilité, réussit un tour de force assez impressionnant tout autant que Cassavetes, imprévisible en doux dépressif sujet à quelques crises de folie impressionnantes !

Dans le bonus, on classe ce film dans la série des œuvres hybrides et insolentes du cinéma indépendant américain. Pourquoi pas. Mais l’intérêt du film est de réfléchir à cette amitié ruinée, à ce rapport humain erroné, et à la façon qu’a Falk de se débarrasser d’un ami qu’il considère comme un traître, du moins un ami déloyal. Se greffe là-dessus l’atmosphère sombre et poisseuse des films noirs avec ces prostituées mal traitées, ces cimetières nocturnes, ces passants louches, ces tueurs au visage gonflé, sans la moindre lueur dans les yeux, ces scènes théâtrales où les protagonistes expriment leur désarroi à ces deux paumés qui traînent leur vague à l’âme dans les rues désertes de la ville. Le tout conditionné par une réalisation très propre, qui tente au mieux de filmer ces deux hommes, constamment à l’écran, et de prévenir petit à petit leur séparation par des jeux de contraste au niveau des couleurs et des plans. Voir la belle scène où Nicky fricote avec une prostituée alors qu’il fait sombre dans la pièce pendant que Mikey attend bêtement en arrière plan dans la cuisine allumée. Le premier est exposé mais on ne fait que l’apercevoir alors que le second est au fond de la pièce, seul à attendre, et l’on ne voit que lui. Enfin la scène finale qui choque parce qu’elle dépasse l’entendement. Si Falk va jusqu’au bout de son entreprise ignoble, il sait qu’il va s’effondrer par la suite. D’où la stupeur effroyable apparente sur son visage.

Peu de déceptions dans ce film qui doit beaucoup à ses acteurs et dont l’âme est bien ancrée dans le cinéma d’auteur américain des années 70.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 07/03/2008 )
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