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Films  ->  Policiers / Thrillers  
Du réalisme au grandiloquent
avec Alfred Lot, Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Jonathan Zaccaï, Gilles Lellouche
BAC Vidéo 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée DVD 172 mn.
Durée film 112 mn.
Classification : - 12 ans

Sortie Cinéma, Pays : France, 2007
Sortie DVD : 10 juin 2008

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 2.0 et 5.1
Sous-titres : Aucun


Bonus :
- Making Of (52 min.)
- Le Sourire de Mélanie (7 min.)
- Galerie photos
- Bande-annonce
- Liens Internet

L'auteur du compte rendu : Essayiste, romancier, Jean-Laurent Glémin est titulaire d’un troisième cycle en littérature française. Ayant travaillé notamment sur les sulfureux Maurice Sachs et Henry de Montherlant, il se consacre aujourd’hui à l’écriture de carnets et de romans. Il n’a pas publié entre autres Fou d’Hélène, L’Imprésent, Fleur rouge, Chair Obscure, Continuer le silence

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Une sombre histoire que celle que nous présente dans ce film noir Alfred Lot en adaptant pour le cinéma le roman La Chambre des morts de Franck Thilliez.

Deux chômeurs renversent un homme sur une place déserte alors qu’ils roulaient bien trop vite. Paniqués, ils décident de cacher le corps, surtout qu’ils retrouvent à ses côtés un sac rempli de billets. Mais quelqu’un les a vus, le tueur lui-même, qui séquestre une fillette que la police finira par retrouver sans vie. L’homme renversé venait apporter la rançon pour libérer sa fille. Fait peu commun, c’est le maniaque recherché qui est le témoin de l’enlèvement de sa propre rançon par deux anonymes.

L’idée était originale et présageait quelques rebondissements. Malheureusement, le réalisateur n’exploite pas ce bon point de départ et se perd dans une enquête peu crédible et convenue. Ces deux enquêtes (La mort du père et celle de la petite fille), que conduisent Lucie (Mélanie Laurent) et Moreno (Eric Caravaca), vont bien évidemment se rejoindre, conduisant les uns (les gentils) et les autres (les méchants), dans des situations macabres, terrifiantes et violentes.

Hormis la trame policière avec son cortège d’enquêtes minutieuses, de recherches sur Internet, de réunions de travail, de recoupements d’indices, de regroupements de preuves, le réalisateur braque l'objectif sur la lumineuse et secrète Mélanie Laurent, «profileuse» célibataire et solitaire de 25 ans, aux déductions rapides mais aiguisées, et qui porte un lourd secret en elle. Bien sûr, son associé tombe amoureux d’elle (Qui ne tomberait pas amoureux d’une femme-flic célibataire et séduisante ?) et tous deux mènent l’enquête tambour battant ; ils se rendent compte que le tueur est en fait un anatomiste, fan de Fragonard, qui tue pour mieux conserver les corps. Après les animaux empaillés, le tueur s’offre donc des humains embaumés dans le but de «dépasser le simple stade la conservation, suspendre la dégradation afin de sublimer les corps jusque dans leurs entrailles» (Nous citons ici les propos de l’inspecteur).

En fait, dans ce genre de film, l’intérêt est de trouver quelque chose d’inédit, une horreur parfaite, inimaginable, pour choquer plus violemment le spectateur. Le genre du thriller doit répondre à ces conventions : Un tueur, des flics, des victimes, une scène de crime, des endroits obscurs, un mystère, du suspens, un déroulement haletant et surtout un scénario compliqué qui montre à quel point l’assassin est dérangé et l’inspecteur, intelligent. Ses motivations doivent dépasser le simple stade de la pulsion meurtrière. Ici, le tueur vole des singes au zoo, les dissèque, et lorsque l’opération échoue, les balance à la poubelle, déçu de son ouvrage.

Pendant ce temps, les deux chômeurs ne s’entendent plus du tout. L’un veut se livrer à la police quand l’autre, sans état d’âme, semble manipuler son ami pour garder l’argent et ne pas risquer une dénonciation hasardeuse. Si la tension du film est bien amenée, la première heure captive (Les scènes où Mélanie Laurent enquête dans le zoo ou encore celles où les policiers débattent au poste sont réalistes et justes) et interpelle le spectateur, la seconde le plonge dans l’abracadabrantesque, le grandiloquent, le voyeurisme, la violence gratuite et le happy end conventionnel. C’est d’autant plus dommage que le film montre un certain savoir faire et peut rivaliser avec les univers de Scènes de Crimes de Schondorfer et de Cette femme-là de Guillaume Nicloux. Au lieu de cela, il penche vers les Mathieu Kassovitz et Eric Barbier! Là où Lot échoue, c’est qu’il révèle au spectateur, jusqu’ici au même point que les personnages du film, la nature du tueur, ses motivations, le lieu où il séquestre la seconde fillette, ce qui bouleverse quelque peu la dramaturgie du film et le suspens de l’intrigue, les policiers ayant à chaque scène un métro de retard. Il aurait été plus judicieux, vu la forme que revêt le film, d’évoluer avec les personnages.

C’est aussi un film tout à l’honneur de Mélanie Laurent qui venait juste de recevoir son César pour Je vais bien, ne t’en fais pas. Même si l’idée de la filmer nue dans la douche n’a qu’un intérêt visuel (Même si la scène révèle sa vie sexuelle solitaire), l’actrice est crédible. Elle joue à merveille cette inspectrice perdue, secrète, déterminée, sans jamais en faire trop, restant sur la même corde sensible, même à la fin, où en quelques mots bien sonnés, elle se livre à son collègue. Engoncée dans des habits qui dissimulent son corps, sa beauté s’en trouve plus mystérieuse, captivante et reste néanmoins accessible.

Reste un thriller qui promettait plus qu’il ne révèle, comme c’est souvent le cas dans le cinéma policier français de ces dernières années, peinant quelque peu, refusant une esthétique qui se ficherait des carcans cinématographiques devant rendre un film populaire. Du coup, on enquête avec eux, mais on se détache devant tant de scènes tape à l’œil. La fin du film est d’une niaiserie qu’il faut signaler puisqu’elle annule toute la complexité du personnage principal.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 20/06/2008 )
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