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Manque d'envergure
avec Abel Ferrara, Christopher Walken, Asia Argento, Willem Dafoe
One plus One 2006 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, pays de réalisation : 1998, Etats-Unis

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Anglais (Dolby Digital 2.0)
Sous-titres : Français

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Deux amis, espions industriels (Christopher Walken et Willem Dafoe), veulent mettre fin à leur carrière en organisant un dernier coup d'éclat. Pour ce faire, ils engagent Sandii (Asia Argento), une envoûtante jeune femme qui chante dans un night-club et tapine à l’occasion. Sa mission : séduire un savant japonais, généticien de renom, et le persuader de passer chez leur client. Sandii, leur pièce maîtresse, créera leur perte à tous les deux.

Ferrara, cinéaste urbain et sombre, spécialiste d’un New York décadent et pervers, adapte le maître de la SF William Gibson, auteur du cultissime Neuromancier à l’origine du mouvement cyberpunk, mouvement mis sur orbite par la trilogie Matrix. Le cinéaste en tire un film sobre et froid, un portrait noir et austère de notre futur technologique industriel. Point ici de décors futuristes impressionnants, ni d’effets spéciaux numériques. On assiste en fait à la relation triangulaire entre deux amis englués dans leurs magouilles de fric et une femme vénéneuse pas aussi naïve qu’on aurait pu le penser au départ. Christopher Walken est absolument magistral et Asia Argento est plutôt crédible en manipulatrice romantique. Le film se réduit majoritairement à des affrontements verbaux entre les trois protagonistes, réunis dans les décors d’un hôtel japonais. Il n’y a quasiment aucune scène avec d’autres personnages, ni quasiment aucun extérieur, hormis des survols de villes japonaises ou arabes et des séquences vidéo diffusées sur des écrans espions. La sensation de surplace et de confinement est encore renforcée par la dernière demi-heure qui n’est qu’une compilation des séquences développées dans la première partie du film, ressassées par Willem Dafoe en pleine introspection obsessionnelle et morbide.

Là où les frères Wachowski traduisaient le cyberespace par des sommets d’action et de technicité, Ferrara s’acoquine avec le genre en délaissant tous les gadgets high-tech et fabrique un futur un peu vieillot, à la limite du rétro, en nous enfermant dans cet hôtel avec les deux acteurs. Deux lions en cage qui tournent en rond, attendant impuissants que leur stratégie porte ses fruits, et qui ne peuvent qu’extrapoler, théoriser et disserter sans fin sur ce qui va se passer, sans pour autant agir véritablement sur la situation. Dans ce huis clos étouffant et claustrophobe, la réalité est de fait virtuelle, puisque les agissements concrets sont ici rapportés, racontés mais jamais montrés. Pas besoin de matrice numérique ou de cyber effets, Ferrara métaphorise l’univers de Gibson en dématérialisant la vraie vie et en ne filmant que deux êtres qui en parlent. La dernière demi-heure et le remontage des séquences déjà vues avant est l’apogée de cet exercice formel un peu rude et frustrant mais ô combien raccord avec la vision pessimiste et viciée de Gibson.

On a donc l’impression d’assister à un film d’ambiance, à l’atmosphère plutôt bien construite, mais dont l’histoire n’est pas aboutie. Une constante chez ce metteur en scène singulier. Forte tête imprévisible, à la filmographie parsemée de chefs-d’œuvre et de navets, on a l’impression que Ferrara navigue constamment entre deux eaux. A la tête d’un univers fort et unique, qui collait bien à la philosophie nihiliste de la fin des années 80, il a souvent du mal à convaincre dans la forme. Ses deux œuvres maîtresses, Bad Lieutenant et King of New York, datent du début des années 90 et ont du mal à trouver une œuvre à leur hauteur dans les huit films suivants. Si Nos Funérailles ou The Addiction parviennent à convaincre, le reste de sa filmographie est plus en demi-teinte. Ferrara est cependant le seul à avoir su représenter aussi profondément l’urbanité contemporaine dans ses facettes obscures et décadentes, tout en y magnifiant la rédemption des êtres torturés. Un sombre double de Scorsese, en plus violent et en plus noir...


Matthieu Charter
( Mis en ligne le 05/07/2006 )
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