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Films  ->  Fantastique / Science-Fiction  
Solaris
avec Andrei Tarkovski, Donatas Banionis, Natalia Bondartchouk, Iouri Iarvet, Vladislav Dvorjetski, Nikolaï Grinko, Anatoli Solonitsyne
MK2 2005 /  28.50  € - 186.68 ffr.
Durée film 160 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : URSS, 1972
Titre original : Solaris

Version : 2 DVD 9 – Toutes Zones – PAL
Format image : 1.85
Format vidéo : 16/9
Format audio : Version originale russe 5.1, version française 5.1, version anglaise 5.1
Menus : russe, français, anglais
Sous-titres : français, russe, anglais, espagnol, italien, hollandais, japonais, suédois, allemand, portugais, hébreu, arabe, chinois (Taïwan)

Bonus DVD 1 :
Galerie photos
Filmographies du réalisateur, scénariste, directeur de la photo
Biographies de Andreï Tarkovski et de Stanislaw Lem
Andreï Tarkovski raconté par sa sœur (2 min.)
Bandes annonces cachées dans les filmographies

Bonus DVD 2 :
Galerie photos
Interview de Natalia Bondartchouk, comédienne (6 min.)
Filmographies du cinéaste et des comédiens
Portrait de Donatas Banionis, comédien (11 min.)

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Pour tous ceux qui ne connaissent pas encore l’œuvre d’Andreï Tarkovski (et ils sont hélas bien trop nombreux), voici une occasion en or de se racheter, puisque les éditions MK2 sortent en même temps cinq films du grand réalisateur russe, mort en France en décembre 1986, à savoir L’Enfance d’Ivan, Andreï Roublev, Solaris, Le Miroir et Stalker. Une initiative que l’on ne peut que saluer très bas, même si l’on regrette déjà l’absence de Nostalghia et du Sacrifice, ses deux derniers opus. En espérant que le vide sera bientôt comblé, goûtons sans modération à ces chefs d’œuvres fort bien restaurés, tant au niveau des images et du son que des sous-titres, enfin sans lacunes !

Un tel enthousiasme est-il bien nécessaire dès le début d’une chronique ? Pas forcément, mais il cherche à souligner l’importance de ce cinéaste hors normes qui, en seulement sept longs métrages, a marqué l’histoire du cinéma par des œuvres poétiques, étranges et d’une grande élévation morale et spirituelle. Pour se rendre compte de son intransigeance esthétique et préparer le spectateur non averti, mieux vaut citer quelques passages de son livre Le Temps scellé, magnifique explication de sa vision du cinéma. Sur les principes en général : « Celui qui trahit une seule fois ses principes perd la pureté de sa relation avec la vie. C’est pourquoi le cinéaste qui dit faire un film de transition, comme pour accumuler des forces en vue de pouvoir enfin réaliser le film de ses rêves, trompe. Pire, il triche avec lui-même, et il ne fera jamais son film » . Et sur les dangers de la facilité et du spectaculaire : « Le plus difficile, sans doute, est de trouver et de suivre sa propre ligne (…) Il est beaucoup plus simple d’être éclectique et d’utiliser les clichés déjà innombrables de notre arsenal professionnel. C’est plus facile pour le réalisateur comme pour le spectateur. Mais grand est alors le danger de se perdre soi-même (…) Mes films correspondront-ils aux principes que j’avance ici ? (…) Il est facile de tourner magnifiquement une scène, de produire un effet, d’être applaudi… Il suffit de prendre cette direction, et on est perdu ». On pourrait multiplier ce genre de citations. La différence entre Andreï Tarkovski et la plupart des cinéastes est qu’il ne s’est pas écarté de cette ligne de conduite, même dans le cas de Solaris, sa seule œuvre véritablement de science-fiction, un genre qui d’habitude, ne se prive justement pas de spectaculaire…

Adapté du roman éponyme de Stanislaw Lem datant de 1961, le film suit le parcours de Kris Kelvin, un psychologue envoyé sur la station qui orbite autour de Solaris, une planète recouverte d’un énigmatique océan. En arrivant, il découvre que son ami physicien s’est suicidé, et que les deux savants encore vivants ont une attitude inquiétante. Lorsqu’il comprend que l’océan semble donner vie à des personnages issus de la mémoire, il se retrouve lui aussi dans une situation inextricable.

Certes, il s’agit bien de science-fiction, mais accessoirement, si l’on peut dire. Pour Tarkovski, nullement intéressé par les voyages spatiaux ou les merveilles techniques, ce genre n’est qu’un prétexte comme un autre, qui ne doit en rien masquer le problème central, c’est-à-dire l’homme confronté à ses souvenirs, avec la nostalgie et la culpabilité que cela implique. D’où une quasi-absence d’effets spéciaux et d’éléments spectaculaires, et une impression de piétinement très rare en science-fiction, avec par exemple une première partie de film, précédant l’arrivée de Kris sur Solaris, s’éternisant jusqu’à atteindre plus de 40 minutes ! Une progression insensible mais justifiée, puisqu’il s’agit avant tout d’une quête intérieure, dont les principaux enjeux sont l’éthique et l’amour. Au cours d’une scène tardive mais capitale, l’un des savants résume ainsi leur situation paradoxale : « Qui parle de conquérir l’Espace ? (…) Nous cherchons un miroir. S’épuiser à trouver un contact qui ne sera sans doute jamais établi ? Nous sommes dans la position ridicule de celui qui se précipite vers un but qui l’effraie et dont il n’a que faire. C’est de l’homme que l’homme a besoin ! ». Quant à celle qui est apparue à Kris, elle analyse mieux que les autres les événements : « Vos visiteurs vous gênent ? Pas de problème – vous les évacuez. Ils sont pourtant vous-mêmes, votre mauvaise conscience. Kris, non. Il m’aime. (…) Qu’importent les raisons pour lesquelles on aime ? Kris a été placé devant le fait accompli ».

A partir de ces éléments, on peut se rendre compte à quel point la vision de Solaris relève de l’immersion, comme pour la plupart des autres films de l’auteur. Il s’agit de s’imprégner de cette lenteur, de cette longueur, de ces dialogues souvent délicats, pour rentrer dans l’état d’esprit des personnages et comprendre leurs problèmes en profondeur. Pour les spectateurs gavés d’images rapides et brutales que nous sommes devenus, l’exercice ne s’avère pas évident. En 2002, le Solaris de Steven Soderbergh, qui rendait hommage à Tarkovski tout en développant le sujet d’une autre manière, réussissait à installer le même rythme inhabituel, mais ne durait qu’une heure et demie ! Résultat : un film évidemment plus accessible, tout à fait réussi à sa manière, mais nettement moins envoûtant que l’original…

Si l’on parvient à cette « immersion active » que demande le film, l’art de Tarkovski éclate avec évidence : des plans apparemment simples mais magnifiques, cadrés à la perfection, progressant par de lents mouvements de travelling ou de rotation qui révèlent, à la fois visuellement et mentalement, les éléments des scènes. Dans cet espace-temps très particulier, quasiment figé, les moindres gestes et paroles des personnages deviennent signifiants et esthétiques, leur beauté se trouvant magnifiée par les subtiles et étranges sonorités du compositeur Edouard Artémiev et les sublimes accords de Bach. Et la lente progression de cette quête mentale se poursuit jusqu’à un final saisissant, qui résout les problèmes en réconciliant les échelles humaine et cosmique.

Pour en savoir davantage sur la personnalité de Tarkovski, on regardera également, sur les compléments, les interventions de sa sœur Marina et de l’actrice principale, Natalia Bondartchouk. Elles décrivent un homme ne dérogeant jamais à ses principes malgré les difficultés et les moyens réduits, un directeur d’acteurs exigeant… bref, une figure radicale, ce qu’il a toujours confirmé par la suite. Si les autres bonus s’avèrent également intéressants, avec par exemple un portrait de l’acteur Donatas Banionis plutôt amusant dans son style « soviétique à l’ancienne », on aurait apprécié davantage de petits films du même genre, interviews ou autres. Mais cela ne gâche évidemment pas la qualité de cette réédition.



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A l'occasion de la sortie chez MK2 Editions des DVD d'Andrei Tarkovski, MK2 organise une rétrospective ANDREI TARKOVSKI au MK2 Parnasse à partir du 25 mai. Les films ANDREV ROUBLEV, STALKER, LE MIROIR, SOLARIS et L'ENFANCE D'IVAN seront présentés.


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 23/05/2005 )
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       de Andrei Tarkovski
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