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Films  ->  Grands classiques  
Humilité et simplicité
avec Roberto Rossellini, Gianfranco Bellini, Aldo Fabrizi, Pino Locchi
Carlotta Films 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée DVD 82 mn.
Durée film 75 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Italie, 1950
Sortie DVD : 30 Octobre 2008
Titre original : Francesco, giullare di Dio

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : Italien, Français mono
Sous-titres : Français


Bonus :
- La présentation du film par Roberto Rosselini.
- L'analyse d'Alain Bergala
- Le prologue rajouté pour l'exploitation du film à Venise et aux États-Unis

Inclus, un livret de 8 pages, Une économie du geste, étude analytique du film.

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Écrit par Federico Fellini et Roberto Rosselini, ainsi que le père Antonio Lisandrini et le père Félix Morlión, Les 11 fioretti de François d'Assise est un film fort surprenant.

On le sait, Roberto Rosselini est le cinéaste du Néoréalisme. Il voyait dans le cinéma un moyen de comprendre le monde et ses films révèlent ce souci de vérité. Sa carrière de réalisateur débute après la Seconde Guerre mondiale. Rome ville ouverte (1945) et Paisà (1946) le font accéder à la notoriété et lui donnent le statut de cinéaste néoréaliste. Avec Allemagne, année zéro (1948), il se dégage de cette tendance cinématographique et s'attache plus à l'aspect psychologique des personnages. Une deuxième période s'ouvre alors, celle de la réflexion sur l'homme moderne et sur sa solitude : voir Europe 51 (1952) ou Voyage en Italie (1953), tournés avec sa femme, l'actrice Ingrid Bergman. Les films postérieurs aux années 50 ne rencontreront pas toujours le succès (Viva Italia, Socrata, Pascal). Son oeuvre s'achève par un film testament, Le Messie (1976).

A y regarder de plus près, Les 11 fioretti de François d'Assise n'est pas un film si étrange que cela dans la filmographie du cinéaste. C'est en quelque sorte même un film emblématique de la mise en scène de Roberto Rosselini : dépouillement radical, simplicité extrême de la narration, décors réels, etc. On peut être troublé par cet art qui veut aller à l'essentiel par la simplicité, comme touché par la grâce. Il évite, on ne sait comment, toute austérité ou toute sècheresse de ton et instille à son film une légèreté qui le rend véritablement agréable à voir.

En 1210, le pape Innocent III valide et reconnaît l’ordre franciscain qui prône une pauvreté matérielle absolue. Revenant de Rome, François et ses disciples se retirent dans une petite chapelle bâtie de leurs mains : la Portiuncula de Sainte-Marie des Anges, près de la ville d’Assise. Vivant de l’aumône, ils y façonnent les principes de leur enseignement, avec une béatitude et une humilité quotidiennes… Trouvant un paysan et son âne dans leur cabane de Rivotorto, ils renoncent à les déloger. Leur nouvel abri, Sainte Marie des Anges, est minuscule. Frère Ginepro rentre un jour presque nu : il a donné son habit à un pauvre. François lui interdit désormais un tel geste. François prie parmi les oiseaux...

L'Italie est un pays fortement imprégné par le catholicisme et à l'époque de la sortie du film, l'Eglise y a encore beaucoup de pouvoir. Cependant, Roberto Rossellini tente d'extirper toute idéologie de son film en ne gardant que l'humilité de François d'Assise et de ses fidèles. Le film commence sous une pluie grise et battante et les hommes avancent, cherchant un refuge. On ne peut mieux commencer dans la peinture d'une condition si pauvre qu'elle serre le coeur : la pluie, pas d'abri et des vêtements légers.

Tous les actes par la suite (donner son habit, refus de réaction, compassion envers le pauvre et le malade...) indiquent plus qu'une sagesse béate. Car qu’est-ce que l’humilité en définitive ? Pourquoi est-ce si dur d’y parvenir ? Il s'agit non pas d’ignorer toute violence mais de brider cette violence et toute passion en l'homme. C'est pourquoi, à l'instar de François d'Assise, que relaie le cinéaste, il est important d'ancrer des préceptes et des rituels dans la culture humaine ; au XIIIe siècle, d'autant plus. La marche et la parole étaient à dimension humaine. Il y a quelque chose qui force l'admiration dans une telle volonté d'apaisement, à voir ces hommes qui ne cèdent pas, comme la majorité des autres, à leurs pulsions.

Il n'y a pas ici de longs discours ou de longs textes pour apprendre l'humilité : il faut la faire advenir ici et maintenant. Voir la scène, étonnante justement par sa simplicité, où François d'Assise prie parmi les oiseaux. Jean, un simple d'esprit, veut suivre les frères. Il répète les paroles et les gestes de François et s'émerveille de tout. A la fin du film, les fidèles tournent sur eux-mêmes et se laissent tomber par terre pour indiquer une route à prendre et ainsi poursuivre le message de paix et d'humilité. A l'instar de Pier Paolo Pasolini, Robert Bresson et Carl Dreyer, Roberto Rosselini est l'un des rares à avoir inscrit le message christique ou évangélique sans idéologie au cinéma.

Trois suppléments agrémentent cette luxueuse édition bénéficiant d'un master restauré haute définition : la présentation du film par Roberto Rossellini lui-même et deux analyses d'Alain Bergala.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 31/10/2008 )
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