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Le vrai courage humain
avec Jan Kadar , Jozef Kroner, Ida Kaminska, Frantisek Zvarik , Hana Slikova
Malavida 2008 / 24 € - 157.2 ffr.
Durée film 125 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie cinéma, Pays : 1965, Tchécoslovaquie
Titre original : Obchod na korze
Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (noir et blanc)
Format audio : Tchèque (Dolby Digital 2.0 mono)
Sous-titres : Français
Bonus :
- Analyse de Romain Le Vern (12 mn)
Livret avec les textes critique de Jean-Louis Manceau et une préface de Jean-Loup Passek Le cinéma tchèque et Slovaque (ed. du Centre Pompidou)
Oscar du Meilleur film étranger 1966 et mention du jury pour l'interprétation de Ida Kaminska et Jozef Kroner au Festival de Cannes 1965
L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est lauteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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Le cinéma tchèque recèle des petits trésors fort peu connus et l'on est heureux que Malavida puisse éditer de tels films indisponibles depuis longtemps. Pour preuve, Le Miroir aux alouettes obtint l'Oscar du Meilleur film étranger en 1965 en plus d'être couvert de prix dans le monde entier. L'année suivante d'ailleurs, ce fut un autre film tchèque qui obtint l'oscar, Trains étroitement surveillés de Jiri Menzel, que Malavida édite aussi. Cette force et cette vitalité du cinéma de tchèque de l'époque ne sont pas usurpées.
Certes, les deux réalisateurs sont des quasi inconnus de nos jours. Jan Kadar (1919-1979), d'origine hongroise, travailla comme assistant documentariste avant d'inaugurer une fructueuse collaboration avec le réalisateur tchèque Elmar Klos. Ce dernier (1910-1993) devient scénariste et joua comme acteur à ses débuts. À partir de 1935, il réalisa plusieurs courts métrages.
Après des débuts modestes, les deux cinéastes attirent l'attention avec La Mort s'appelle Engelchen (1963), dramatique récit d'un épisode de la résistance antinazie, et surtout avec L'Accusé (1964), critique des abus de la période stalinienne à Prague. Ils sont consacrés par Le Miroir aux alouettes, la grande actrice Ida Kaminska. À la suite de ce succès, Kadar et Klos se voient offrir par les Américains le financement d'une adaptation de La Guerre des salamandres de Krel Capek mais les événements de 1968 empêchent la réalisation du projet. Ils adaptent un roman du hongrois Lajos Zilahy, Quelque chose dérive sous l'eau (1969). Parti aux États-Unis, Kadar réalise Angel Levine (1970) et Lies my father told me (1975). De son côté, Elmar Klos se consacre à l'enseignement du scénario et à divers travaux personnels.
Le Miroir aux alouettes est donc le film le plus connu des deux cinéastes. Nous sommes ici en 1942, pendant loccupation allemande, dans un petit village de Slovaquie. Le film met en scène le personnage d'un menuisier, Tono Brtko (Jozef Kroner), qui est obligé, presque contre son gré, de s'approprier la boutique d'une vieille dame juive, Mme Lautmann (Ida Kaminska). Celle-ci est sourde et n'a aucune idée de l'ordre nouveau qui frappe les Juifs. Le menuisier la traite avec respect et se lie même d'amitié avec elle. Quand l'ordre est donné d'évacuer les Juifs, Brtko décide de sauver la vieille dame.
On pourrait rapprocher ce film de La Vie des autres Florian Henckel von Donnersmarck, avec ce thème : sauver quelqu'un en grand danger au mépris des problèmes que cela pourrait coûter. Ici, il s'agit d'une vieille juive, remarquablement interprétée par Ida Kaminska, totalement désarmée par les événements. Au début, poussé par sa femme et son beau-frère rallié à l'occupant nazi, Tono Brtko est tenté de s'emparer de l'argent de la vieille dame, argent que celle-ci cache on ne sait où. Face à la montée de l'antisémitisme puis aux déportations, le menuisier décide de ne pas la donner aux nazis et même de tout faire pour que ces derniers ne s'aperçoivent pas qu'elle existe et qu'elle a un magasin sur la place centrale. À un moment, Tono Brtko décide d'ouvrir le magasin de Madame Rozalie Lautmann alors que c'est jour de Shabbat...
Le Miroir aux alouettes est remarquablement filmé, jouant dun style simple et limpide, sans dramatiser outre mesure les situations. S'il n'est pas tout à fait représentatif du cinéma tchèque ou slovaque dans son ensemble, il vise à l'essentiel, en retraçant la vie ordinaire de ces gens plongés dans les atrocités de l'Histoire. C'est ce qui fait sa force, notamment en montrant toutes les lâchetés qui transforment les personnes en d'inquiétantes - et banales - figures. C'est le cas de la femme du menuisier qui, à plusieurs reprises, pousse Tono Brtko à trouver l'argent de la vieille dame. À un moment, écoeuré, notre homme en viendra à battre sa femme.
Il est vrai que les deux comédiens, Ida Kaminska et Jozef Kroner, sont étonnants de naturel dans ce film. La scène de beuverie entre Tono, sa femme et son beau-frère est un grand moment où se mêlent fausse camaraderie et lâcheté, le tout dans une promiscuité familiale assez écurante. Le film fait un discret honneur à ses hommes pleins de bon sens, qui ne baissaient pas les bras face à l'adversité, face à la lâcheté de la foule, des gens ordinaires, prêts à toutes les compromissions pour améliorer leur vie quotidienne en temps de guerre ou aussi pour se mettre du côté de la force ou du pouvoir.
Le Miroir aux alouettes n'a sans doute pas totalement l'ironie et le côté doux-amer qui caractérisent le cinéma tchèque et slovaque mais il n'en demeure pas moins un film d'une grande humanité et d'une grande simplicité, filmé admirablement.
Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 12/12/2008 )
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de Florian Henckel von Donnersmarck | |
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