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Films  ->  Grands classiques  
Comme un tract
avec Andrezj Wajda , Jerzy  Radziwilowicz, Krystyna Janda, Marian  Opania, Lech Walesa
Films sans frontières 2009 /  11.49   € - 75.26 ffr.
Durée film 141 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, Pays : 1981, Pologne
Titre original : Czlowiek Z Zelaza

Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3 (couleurs)
Format audio : Polonais, Français
Sous-titres : Français

Bonus : Sans

Palme d'or au Festival de Cannes 1981 et nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger 1982

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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L'Homme de fer constitue la suite de L'Homme de marbre, réalisé en 1977 par Andrezj Wajda, premier film racontant l'histoire d'une jeune et efficace réalisatrice pour la télévision, qui part à la recherche, pour les besoins d'une enquête, d'un stakhanoviste des années cinquante. L'Homme de fer est très différent car il part d'un fait réel : l'ouverture des archives nationales, détenues par l'Institut de la mémoire nationale, permit de découvrir qu'entre 1970 et 1976, un ouvrier des chantiers navals de Gdańsk - l'Agent Bolek - avait été payé 2 000 zlotys par mois pour dénoncer ses camarades syndicalistes.

Andrzej Wajda, réalisateur et scénariste polonais né en 1926, interroge ici son propre pays. Il a étudié le cinéma, à l'université de Lodz d'où il sort diplômé en 1952. Génération, son premier long métrage, puis Ils aimaient la vie firent sensation à Cannes (Prix spécial du Jury et Palme d'Argent). Son troisième long métrage, Cendres et Diamant, vaut une consécration internationale. Jusqu'à Noces (1973), le cinéma de Wajda oscille entre absurdité et dérision, et s'attache à démythifier la Pologne. Ses films remettent en cause l'héroïsme édicté par le réalisme socialiste. Un tournant intervient en 1975 avec La Terre de la grande promesse. Andrzej Wajda s'intéresse alors à l'individu et à sa solitude intrinsèque. À partir du début des années 80, Wajda commence à travailler à l'étranger, la situation politique de la Pologne le privant de sa nécessaire indépendance artistique. Il tourne d'abord Danton France avec Gérard Depardieu (1982), puis Un amour en Allemagne avec Hanna Schygulla. En 1987, son adaptation des Possédés, d'après Dostoïevski est un échec. Il renoue avec un certain succès grâce à Pan Tadeusz (2000). Le cinéaste signe ensuite La Vengeance (2002) puis, en 2007, Katyn drame personnel sur le massacre de Katyn perpétré durant la Seconde Guerre mondiale, qu'il dédie à la mémoire de ses parents.

L'Homme de fer s'inscrit dans la tradition d'un cinéma entre fiction et documentaire. Au point d'ailleurs qu'y sont mélangées bandes d'actualité et images fictives. Andrzej Wajda insère aussi des extraits de son précédent film, L'Homme de marbre. Le cinéaste défend, contre le pouvoir communiste en place, les thèses de Solidarność, fédération de syndicats polonais dirigée à l'origine par Lech Walesa.

En août 1980, au moment où éclate la grève des chantiers navals de Gdansk, Winkel, un journaliste de radio-télévision, est chargé par les autorités de faire une enquête et un portrait d'un des leaders du mouvement, Maciek Tomczyk, afin de le compromettre. Ce dernier n'est autre que le fils de Birkut, le héros de L'Homme de marbre. Étudiant engagé lors des manifestations de 1968, Maciek sera le témoin impuissant du meurtre de son père pendant les grèves ouvrières de 1970. Abandonnant ses études, il part travailler sur les chantiers navals et défie le pouvoir en militant pour la création de syndicats libres. Au fur et à mesure de son investigation, Winkel va se rapprocher de la cause des grévistes et assister finalement à la naissance du syndicat Solidarité. Rappelons ici qu'en juillet 1980, près de cent soixante-dix-sept grèves éclatent dans toute la Pologne suite à l'augmentation massive des prix, décidée par Gierek. Le 13 août, Anna Walentynowicz, une syndicaliste, est licenciée du chantier naval Lénine de Gdansk. À l'intérieur du chantier naval, trois ouvriers d'une vingtaine d'années sortent des vestiaires avec des banderoles qui appellent à la grève. Un peu plus tard, Lech Walesa, un électricien de trente-six ans, franchit le mur d'enceinte et s'introduit dans ce chantier dont il avait été licencié quelques années auparavant...

L'Homme de fer, tourné dans l'urgence, accuse une certaine faiblesse scénaristique. Les deux camps sont bien délimités d'emblée : les bons et les méchants. Il est dommage qu'Andrzej Wajda abandonne les nuances pour épouser une telle thèse, surtout que l'on sait maintenant, selon d'autres documents, qu'il y aurait eu l'existence de négociations entre Solidarność la police secrète. Le film ressemble à La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck notamment par la prise de conscience de Winkel et sa résistance face au pouvoir totalitaire.

Cependant, l'enjeu est d'emblée tracé. Non seulement, on n'apprend pas grand chose mais Andrzej Wajda se limite à faire interroger des témoins par Winkiel témoins qui, dès lors, racontent leur vie par flash back interposés. La narration tourne vite court et il n'y a plus qu'à attendre le dénouement final (la victoire de Solidarność). La mise en scène est assez relâchée, des images parfois floues, jouant de caméras à l'épaule et lorgnant étrangement vers un certain sentimentalisme (l’histoire d’amour entre Maciek et la journaliste de télévision, leurs retrouvailles sur le quai de la gare sur une musique légère...).

Sans doute Andrzej Wajda a-t-il voulu faire acte de témoignage face à un tel pouvoir. Ce qui fonde la valeur du film. Mais aux niveaux artistique et esthétique, L'Homme de fer reste un film assez faible, assez long et, aujourd'hui, quelque peu dépassé dans sa mise à l'index d'un régime totalitaire.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 06/02/2009 )
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