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Ichikawa x 3 avec Kon Ichikawa Carlotta Films 2009 / 39,99 € - 261.93 ffr. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : Japon, 1955-1963
Sortie DVD : Août 2009
Version : 3 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL, Formats 1.33 et 2.35
Format image : Couleurs et N&B
Format audio : Japonais stéréo
Sous-titres : Français
DVD 1
- Film : La Harpe de Birmanie
- Préface de Diane Arnaud (12 min)
- L'Histoire d'un soldat (23 min), par Claire-Akiko Brisset, Maître de conférences à l'université Paris VII
- Bande annonce
DVD 2
- Film : Kokoro
- Préface de Diane Arnaud (13 min)
DVD3 :
- Film : Seul sur l'Océan Pacifique
- Préface de Diane Arnaud (12 min)
- Bande annonce
Lauteur du compte rendu : Benoît Pupier, travaille actuellement sur un documentaire de création, Marcel Poulet, un peintre docre en son pays. Il participe au collectif
Cineades
NB : Les préfaces proposées sont des études analytiques, universitaires du cinéma dIchikawa. Elles dévoilent les films, il est donc conseillé de les regarder après la vision des films ! Imprimer
La Harpe de Birmanie (1956)
La Harpe de Birmanie est une fable pacifiste tirée d'un roman de Michio Takeyama, format 4/3 en noir et blanc, tournée quelques années seulement après le retrait des troupes américaines du Japon, et inspirée de la vie dun moine soldat japonais, capturé en 1945 en Birmanie. Le film dessine les aventures dune compagnie de larmée japonaise en Birmanie. Juillet 1945, les Alliés ont renversé la tendance, la fin est proche pour larmée japonaise. Le Japon avait fait de la Birmanie un objectif intermédiaire avant la conquête de la Chine et de lInde. Dans cette petite troupe qui parcourt le territoire birman, il y a Mizushima, soldat musicien, qui joue de la harpe de Birmanie. Il y a Inouye, chef de troupe diplômé en musique, qui enseigne à ses hommes le chant choral. La musique sera un bel élément dramatique permanent du récit.
Déguisé en Birman, Mizushima quitte lhabit militaire et saventure dans la forêt, la musique devient code : en fonction des rencontres ou de possibles dangers, il a pour consigne de jouer tel ou tel morceau pour avertir ses compagnons. Cette séparation temporaire annonce la suite, lopposition entre le corps militaire de la troupe et lindividualisation de la trajectoire du héros Mizushima. Envoyé en mission auprès de lennemi britannique, il sera laissé pour mort. Recueilli par un bonze, il vole les habits du religieux et traverse le pays pour rejoindre sa compagnie, prisonnière des Britanniques dans un camp.
Est-ce bien Mizushima, ce moine mutique qui sapproche du camp ? Est-ce bien lui ce personnage caché à lintérieur dun bouddha géant ? Deux chemins existentiels dialoguent : léchappée spirituelle bouddhiste de Mizushima, confronté aux charniers, au renoncement et au deuil solitaire, et lattente de la petite troupe de soldats japonais enfermés dans un camps britannique avant leur expulsion vers le Japon pour participer à la reconstruction collective.
Ichikawa reste un optimiste, la musique est une humanité toujours possible même en temps de guerre. Il faut voir cette belle rencontre entre les deux armées, de nuit ; la troupe japonaise entame la version japonaise du Home sweet home, les Alliés reconnaissent la mélodie et, sur le point de charger, ils ne chargent pas, cohésion fraternelle d'hommes dépassés par une guerre quils nont pas voulue. Larrestation se passe sans violence. Il y a ces chants derrière les barbelés adressés à la population locale. Cette harpe de Birmanie est lobjet magique du conte, lobjet transitionnel de la psychanalyse, matérialisant lespace du jeu entre psyché et réalité. Elle témoigne de lévolution intérieure du personnage, de la quête spirituelle de Mizushima.
Kokoro (1955)
Kokoro est un drame psychologique, resserré autour de quatre personnages, entre conflits, non dits et triangles affectifs, d'après le roman de Soseki Natsume. Nobuchi est marié avec sa femme depuis treize ans. Professeur, il vit retiré du monde. Il visite seul la tombe de son ami Kaji et refuse que sa femme Shizu laccompagne. Au cur de cette crise conjugale apparaît un jeune étudiant qui sera comme le déclencheur dun dévoilement du passé de Nobuchi. Le sujet du repas est philosophique, Nobuchi, sa femme et létudiant dissertent de la mort.
Plongées, contre-plongées, plans atmosphériques matérialisent les troubles affectifs dans un noir et blanc, format 4/3. La mise en scène dIchikawa travaille à une mise à distance de la psychologie des personnages, à une sobriété de jeu des acteurs (dans sa préface, Diane Arnaud fait allusion aux modèles bressonniens). Ce huis-clos souvre aux questionnements de lexistentialisme.
Une lettre de confidences écrite par Nobuchi au jeune étudiant sera le moteur dun retour en arrière du récit autour du triangle amoureux que formait Nobuchi, Kaji, et celle qui nétait alors que la fille de la femme qui hébergeait les deux étudiants et amis. Ichikawa joue avec subtilité de correspondances entre la grande et la petite histoire. Le contexte historique est celui de la fin de lère Meiji ; 1912, lempereur vient de mourir. Lincertitude du pays est larrière-fond de la crise existentielle de Nobuchi. La maladie du père du jeune étudiant est simultanée de la confession de Nobuchi. Le suicide dun général fait écho aux doutes du personnage. Comme un voile mélancolique et funeste.
Seul sur locéan Pacifique (1963)
Cest un film daventure mineur, faussement épique, teinté de comédie. Inspiré dune histoire vraie, la première traversée solitaire du Pacifique par un Japonais parti dOsaka en 1962, le film met en scène la quête personnelle du jeune héros, Kenichi Horie, d'une vingtaine dannées. Cest une expédition hors la loi, le Japon interdisant les départs du territoire. Le film est construit par un montage alterné entre le récit des péripéties du voyage, et des retours en arrière sur la préparation du voyage et ses motivations. Il sagit pour le héros autant datteindre San Francisco que de fuir le Japon, son système de contrôles, son oppression, quillustrent les altercations et conflits du héros avec son père. Le jeune refuse de reprendre laffaire familiale. Ce voyage est une fuite, une introspection.
Le choix du format Cinémascope matérialise la forme du récit daventure, la lutte de lhomme et de la nature (immensité de locéan, tempêtes, typhons, dangers, voie deau, solitude
) entre des plans très larges, et des plans plus rapprochés qui montrent la fragilité du héros coincé dans lhabitacle du petit voilier. Le héros sexprime parfois à haute voix sur son aventure. Le film exprime une forme dironie face à laventure : une absence de vent empêche lépopée de commencer, un requin provoque quelques frayeurs, et une rencontre avec les passagers caricaturaux dun paquebot
Benoît Pupier ( Mis en ligne le 18/09/2009 ) Imprimer | |
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