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Histoire d'un samouraï errant
avec Masaki Kobayashi, Tatsuya Nakadai, Rentarô  Mikuni, Shima Iwashita
Carlotta Films 2012 /  14,99  € - 98.18 ffr.
Durée film 127 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Japon, 1962
Sortie DVD : 9 Mai 2012
Titre original : Seppuku

Version : 1 DVD-9, zone 2
Format vidéo : PAL, Format 2,40
Format image : N&B, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Japonais 2.0 mono
Sous-titres : Français


Bonus :
- «De l’art de bien mourir» : introduction historique sur la féodalité et la culture japonaise au cœur de l’ère Tokugawa
- Entretien avec Christophe Gans
- Bande annonce d’époque

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Sur un scénario de Shinobu Hashimoto (auteur de Rashomon ou Les Sept samouraïs), d'après l’œuvre de Yasuhiko Takiguchi, Hara Kiri met en scène le Japon du XVIIe siècle, à l'ère Tokugawa, 250 ans avant l'ère Meiji. Le pays n'est plus en guerre et il est dirigé avec fermeté. Hanshirô Tsugumo (Tatsuya Nakadai), un rônin (samouraï errant) sans travail, parmi tant d'autres, décide de frapper à la porte du puissant clan des Ii. Reçu par Kageyu Saitô (Rentarô Mikuni), l'intendant du clan, il lui demande la permission d'accomplir le suicide par harakiri dans la résidence. Tentant de l'en dissuader, Saitô commence alors à lui raconter l'histoire de Motome Chijiwa (Akira Ishihama), un ancien rônin qui souhaitait accomplir, lui aussi, le même rituel.

Sur une musique du compositeur contemporain Toru Takemitsu et mis en lumière par l'excellent directeur de la photographie Yoshio Miyajima, le film atteint une esthétique rigoureuse et fait figure de chef d’œuvre dans la filmographie de Masaki Kobayashi (1916-1996). La carrière de ce dernier commence avec Musuko no seishun (1952) et se termine en 1985 avec La Table vide. Entre temps, il réalise des œuvres importantes comme Le fleuve noir (1957), Je t'achèterai (1956), La Condition de l'homme : La prière du soldat (1961) et La Condition de l'homme : Le chemin de l'éternité (1959), Karami-ai (1964), Rébellion (1967), Jeunesse du Japon (1968), Le Procès de Tokyo (1983) ou Kwaidan (1964).

Hara Kiri (1962) intervient à peu près au milieu de la filmographie du cinéaste. Nous sommes ici plongés dans l'univers rituel du Japon des samouraïs. Cet univers si spécifique est difficilement appréhendable selon le point de vue occidental. Les scènes de Seppuku font grincer des dents tant le suicide par la lame d'une façon si ritualisée n'est pas agréable à envisager et fait froid dans le dos. Mais à y regarder de plus près, ce n'est ni plus ni moins horrible que le suicide d'un coup de pistolet dans le crâne. Ce qui dérange ici est l'aspect réglé et cérémonieux par lequel tout le monde assiste à la chose avec circonspection. Le samouraï s'ouvre le ventre (il ne suffit pas de se planter le couteau) et attend qu'on lui tranche la tête à cette seule condition. En Occident, nous avions les duels mais ici l'individu en passe par un rituel qu'il faut scrupuleusement respecter.

Masaki Kobayashi évoque toute cette tradition avec un luxe dans les cadrages et la lumière (si le film est tourné en 35 mm, il est au format Scope en 2:35) qui donne une ampleur calme et soignée à toute l'intrigue. Celle-ci, par les flash-backs, permet de saisir tout l’univers soigneusement exposé dans les dialogues, les postures de soumission et bien sûr, ce qui apparaît au centre de tout, l’honneur.

Le film est connu pour sa célèbre scène de hara-kiri conduite avec un sabre de bambou, et celle du duel final. Masaki Kobayashi, derrière toute cette construction formelle, n’oublie pas de critiquer l’aspect féodal de cette société, évitant fort heureusement toutes les figures romantiques avec les bons et les méchants. Le film est, sans jeu de mot, froid comme une lame. De plus, il n’accentue pas les combats pour en faire du spectacle, même si l'on peut lui reprocher l’aspect sanglant, trop présent par instant (outre un côté un peu trop bavard). Son intérêt est de démasquer ce qui se cache derrière l’apparence officielle des choses.

Le film s'ouvre sur un livre, le compte rendu du clan Li de cette journée mémorable. A cela, le cinéaste oppose une autre histoire, celle de la révolte du ronin, qui sera oubliée, niée même. L’histoire officielle effacera donc cette autre histoire en disant que les deux hommes se sont faits seppuku mais sans tenir compte de tout ce qui conduit à un tel acte (le ridicule de la vengeance, de l’honneur, de la jalousie). L’histoire personnelle sera proprement oblitérée. L'armure pleine de sang est remise à sa place, trônant symboliquement dans toute sa puissance iconique... mais oublieuse de l’histoire humaine, par définition complexe et ambigüe, qui s’est déroulée.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 11/05/2012 )
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