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Beautés des gens de peu
avec Dusan Hanak, Václav Lohniský, Lucyna Winnicka, Josef Abrhám
Malavida 2012 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 95 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Slovaquie, 1965
Sortie DVD : Avril 2012

Version : 1 DVD-9, Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : N&B
Format audio : Slovaque mono
Sous-titres : Français

Bonus : Aucun

Voir aussi, du même réalisateur :

- Images du vieux monde (20 €)
- Rêves en rose (20 €)
- J'aime, tu aimes (20 €)

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On peut enfin voir en France quatre des films du cinéaste slovaque Dusan Hanak, films qui ne sont même pas disponibles dans son pays d'origine. On peut rendre grâce à l'éditeur Malavida de défendre le cinéma tchèque et slovaque, plus généralement celui d'Europe Centrale, et d'exhumer ainsi d'incomparables trésors de l’histoire du cinéma.

Né en 1938 à Bratislava, Dusan Hanak est fort peu connu. Il fit ses études à la FAMU (Prague), et réalisa un documentaire puis des courts métrages comme Les Artistes (1965), L'Appel dans le silence (1965), Variations autour du calme (1967) et Lili Marlen (1970). Dusan Hanak se caractérise davantage par sa réserve intellectuelle et sa discrétion plutôt que par la sensualité ou l'impulsivité des films de Havetta et Jakubisko, autres cinéastes slovaques.

Le premier long métrage réédité est 322 (1969) : Lauko (Václav Lohniský), un cuisinier, doit renoncer à ses fourneaux. Parce qu'il est atteint d'un cancer, il se voit en effet interdit de travail. Ne sachant plus comment passer ses journées, il commence à faire des choses qu'il n'aurait jamais osé faire auparavant. 322 est le code pour le cancer dans les dossiers médicaux. Le cinéaste évoque le traumatisme de son personnage principal qui souffre des douleurs de la culpabilité au temps de la collectivisation forcée dans les années 1950. Le thème central est celui de la nouvelle génération qui incarne le concept de «vie authentique», fort éloigné des dogmes en vigueur à l’époque. Ce n'est pas un hasard si la réalisation de cet idéal passe dans le film par un adolescent qui ignore toutes les règles ; il est celui capable d'enseigner au personnage principal le sens d'une «pomme» et d'un «arbre», ce que signifient les choses simples de la vie.

Dusan Hanak se caractérise dès ce premier film par cet attachement à des personnages simples et à l'écart de la vie quotidienne et sa dure banalité, mais aussi par une pudeur et une intimité toute délicate dans la façon de décrire ces personnages. 322 est un film court à la narration fragmentée et non traditionnelle, ce qui le rend parfois déconcertant. Un coup d’essai en demi-teinte, mais à la vision poétique.

Images du vieux monde (1972) présente des portraits en noir et blanc, composés d'images animées et de photographies, de vieux paysans ou de fermiers (Verona Ralíková, Adam Kura, Jozef Orságh, Anton Micek, entre autres) d'un village des Tatras. Comme pour le précédent film, Dusan Hanak eut des problèmes avec la censure, sans doute parce qu'il ne proposait pas un film "progressiste" (le titre en dit long sur la vision du cinéaste) et montrait des personnalités émouvantes, vivant seules, recluses dans leur cabane en bois, le plus souvent dans la misère. Elles sont malades et vieilles mais ce qui transparaît est la grande humilité avec laquelle le cinéaste traite ces hommes et ces femmes à qui il rend un discret hommage, face à la solitude, face à la mort, à la maladie, qu'ils commentent parfois avec humour, parfois avec désolation. La valeur de la vie réside pour eux tout bêtement dans la santé et la paix, la tranquillité et le calme.

Le documentaire les laisse s'exprimer, ce qui est une manière de leur donner une voix audible, sans que le cinéaste intervienne directement, à quelques exceptions près. Il les filme simplement, sans idéalisme et sans complaisance, il les suit dans leurs pérégrinations, leurs petits gestes quotidiens, leurs paroles, leurs incertitudes, leurs conditions de travail. Dusan Hanak exprime dans ce film, répétons-le, une humilité sidérante face à ses déshérités, en faisant des plans sur leurs rides, leurs mains et leurs pieds malades et usés ; quelques plans aussi sur des marionnettes que certains d'entre eux ont dû fabriquer. Dusan Hanak n'oublie pas la nature dans laquelle ses gens vivent.

Un film à marquer d'une pierre blanche, sur la petite vie de fermiers démunis dans la Slovaquie de l'époque. On se souviendra longtemps de ce fermier qui ne peut rentrer chez lui qu'à genoux car il est trop usé par le travail et les labeurs... Il est évident que les plans sur la ville et la conquête de l'espace possèdent une dimension ironique face à la vie de ces gens de peu...

Rêves en rose (1977) est l'un des films les plus connus du cinéaste. Jakub (Juraj Nvota), facteur rêveur et magicien en herbes, jongle entre les colis et les services rendus aux villageois. Lors d'une tournée, son regard croise celui de la belle gitane Jolanka (Iva Bittová). Ils vont rêver d'un premier et grand amour, malgré la pression sociale imposée par leurs communautés respectives, qui leur défendent de se fréquenter. Rêves en rose, au titre volontairement ironique et ambiguë, est le premier film de l'histoire du cinéma tchécoslovaque à s'être intéressé à la communauté Rom. Discriminée depuis des décennies dans cette partie de l'Europe, cette minorité est un tabou pour la société communiste de l'époque et l'on comprend facilement pourquoi : la société Rom est nomade, difficilement intégrable, rétive à s'inscrire dans un monde techniciste et industriel. Une fois de plus, Dusan Hanak, en filmant simplement, sans afféterie, se préoccupe d'une minorité en reprenant le personnage de rêveur, avec ce ton de comédie douce-amère qui caractérise le cinéma d'Europe Centrale.

J'aime, tu aimes (1989) raconte l'histoire de Pista (Milan Jelic), vieux garçon alcoolique, qui travaille dans les services postaux de la gare avec son compagnon d'infortune, Vinco (Roman Klosowski). Une fois de plus, Dusan Hanak décrit des personnages maladroits et gentiment asociaux, voire ingrats, obsédés par les femmes et le vin, dans un univers bucolique. Si le film manque un peu de rythme, on suit les tribulations des deux hommes avec plaisir jusqu’au drame final... qui trouve cependant une issue «heureuse» ! Avec une mise en scène simple et évidente, le film s’attache plus à la description des petits faits qu’à une trame narrative évidente.

Mis à part les courts-métrages (dont certains sont intégrés dans les DVD), il reste à découvrir dans la filmographie du cinéaste : Tichá radost (1986), Súkromné zivoty (1991) et Papierove hlavy (1995). Espérons que nous aurons l'occasion d'avoir une filmographie bientôt complète de ce cinéaste attachant.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 08/06/2012 )
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