L'actualité du livre Jeudi 18 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Grands classiques  
Une tragédie populaire
avec Jacques Demy, Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo
Arte Vidéo 2013 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée film 91 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : Allemagne, France, 1964
Sortie BD : Novembre 2013

Version : 1 BD-50, zone B
Format vidéo : PAL, Format 2.35, 1080p. AVC
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français, DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Anglais


Bonus :
- Livret inédit
- Bonus vidéo
- Documentaire sur la restauration
- Documentaire sur la musique
- Archives INA sur Michel Legrand
- Entretien avec Michel Legrand
- Bandes annonces d’époque et récente

Imprimer


Novembre 1957 à Cherbourg. Guy (l'acteur italien Nino Castelnuovo), qui est mécanicien dans un garage, est amoureux de Geneviève (Catherine Deneuve dans son premier grand rôle), la fille de la propriétaire du magasin de parapluies. Mais Guy, qui n'a pas encore fait son service militaire, reçoit la feuille de route qui doit le mener jusqu'en Algérie. Durant leur dernière soirée, les deux amoureux décident de se faire «un souvenir plus beau que tout» : Geneviève en tombe enceinte.

Sans beaucoup de nouvelles de Guy mais surtout poussée par sa mère, elle-même criblée de dettes, Geneviève accepte finalement de se marier à Roland Cassard, un diamantaire déjà croisé dans Lola, le premier long-métrage de Jacques Demy. De retour à Cherbourg après un peu plus d'une année d'absence, blessé, Guy subit de plein fouet les coups du destin et manque de sombrer. Malgré ses souffrances, il tentera finalement de prendre la direction du bonheur avec Madeleine, une jeune femme prête à lui redonner goût à vie.

Malheur, fatalité implacable, trahisons, hasard : les ingrédients d'une tragédie classiques en trois actes, clairement annoncés et datés, sont là. Si la première partie du film est le récit d'une histoire d'amour populaire sincère et touchante, contrariée par les soubresauts du siècle, la seconde partie, sous-titrée «L'absence», se révèle plus lourde et plus dure. Guy subit dans sa chair et sans y pouvoir rien des décisions politiques qui le dépassent. Car bien sûr, Les Parapluies de Cherbourg, film poignant sur la guerre d'Algérie, personnage central mais invisible, dénonce le gâchis humain causé par les conflits armés. Rappelons que le film sort en 1963 et que les blessures de la guerre d'Algérie peinent alors à cicatriser. A travers la violence des coups reçus par Guy Foucher, Geneviève Emery et leur fille Françoise, Demy accuse indirectement ceux dont les décisions détruisent sans scrupule le bonheur des gens simples.

Les Parapluies de Cherbourg est aussi un film social. Guy, figure populaire que la vie n'aura pas épargné, est un ouvrier élevé modestement par sa tante, mais il est un mécanicien sérieux, un garçon attentionné pour cette tante, un homme qui veut se cultiver et va écouter Carmen au théâtre avec sa fiancée et fait des plans pour l'avenir... Il sera dépouillé de tout par la guerre, par Roland Cassard, l'homme à la Mercedes, avec l'aide de la propre mère de Geneviève, une commerçante égoïste et toujours en train de se plaindre, plus intéressée par sa mise en plis et sa situation sociale (pas question que sa fille travaille aux postes ou à la mairie !) que par la beauté des sentiments et la souffrance portés par sa fille, qui elle-même finit par accepter d'être raisonnable. C'est Madeleine, une infirmière, que Guy épousera.

Le sujet est traité à la Demy bien sûr. La chanson est omniprésente puisque l'intégralité des dialogues est chantée, ce qui a fait de ce film une innovation totale en son temps. Plus précisément, les dialogues sont écrits pour être chantés sur les musiques de Michel Legrand, qui sont elles écrites pour porter les mots de Demy au rythme des mouvements des acteurs et de caméra (dont le mémorable travelling dans l'impasse, où Geneviève et Guy semblent flotter). Les décors ont un goût et des couleurs acidulés qu'on ressent d'autant plus dans cette version restaurée, où notamment les papiers peints de Mme Emery retrouvent leur splendeur. Tout ceci confère au film une unité esthétique remarquable, un peu artificielle et tout à fait magnifique, qui fait beaucoup de son charme et qui a certainement contribué à son succès populaire en en autorisant une vision plus légère.

Évidemment, on trouvera toujours quelqu'un pour juger ce film à l'emporte-pièces et dire qu'il s'agit d'une bluette fade et mal jouée dont les chansons sont mièvres. La même personne vous fredonnera certainement un «Passe-moi le sel» ironique pour illustrer son propos, sans voir que la force de ce film est justement de montrer que d'un drame quotidien on peut faire un chef-d’œuvre qui soit en même temps un opéra populaire, une sorte de documentaire et un film discrètement politique. Il faut savoir gré à Jacques Demy d'avoir fait là un film à des années-lumières de la branchitude et à l'opposé d'un film démonstratif ou intellectuel.

Cela explique très probablement que le film n'ait pas vieilli et qu'on puisse le regarder en 2013 avec autant d'émotion que cinquante ans plus tôt. Même si on l'a déjà vu trente ou quarante fois, il n'y a donc pas de raison de ne pas profiter de cette réédition en Blu-ray pour revoir une fois de plus ces émouvants Parapluies de Cherbourg.


Alexandre Pavin
( Mis en ligne le 06/12/2013 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • 8 femmes - Edition Blu-Ray
       de François Ozon
  • Un conte de Noël
       de Arnaud Desplechin
  • Mères et filles
       de Julie Lopes-Curval
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd